Opinion
L'Après-Veto
sino-russe sur la Syrie:
Mensonges et larmes de crocodile
Fida
Dakroub
Photo:
Sana
Mercredi 15 février
2012 Pour faire disparaître la dernière
illusion de la conjuration
impérialiste contre la Syrie, pour
rompre complètement avec le
mensonge, il fallait que les
auxiliaires habituels et poétiques
de l’Empire étasunien au
Moyen-Orient – les émirats et
sultanats mamelouks de la péninsule
Arabique – fussent enthousiastes à
la « révolution démocratique », aux
manifestations « pacifiques » et aux
réclamations de « justice » sociale
en Syrie ; il fallait aussi que le
dernier vestige de cette conjuration
– le « Conseil national syrien »,
avec le rire grotesque de ses
membres, dénués de toute modestie –
s’évanouît, comme le brouillard,
devant le vrai magister militum [1]
étasunien ; il fallait encore que la
Ligue arabe, piratée par l’émirat du
Qatar, appelât à l’intervention
militaire de l’OTAN dans les
affaires intérieures de la Syrie –
une intervention qui aurait été
justifiée évidemment par une
résolution du Conseil de sécurité de
l’ONU ; il fallait, pour en finir,
que la Chine et la Russie
opposassent leur veto au projet de
résolution condamnant le régime
syrien, et angélisant par contre les
groupes islamistes armés de la
prétendue « révolution » syrienne.
Du veto chinois et russe Il est clair d’emblée que si Moscou
et Pékin n’avaient pas opposé leur
veto au projet de résolution sur la
Syrie, les puissances impérialistes
se seraient précipitées au « secours
» de l’humanité, de la justice et de
la « démocratie », avec leurs
légions, leurs missiles Cruise et
Tomahawk, et leurs Forces spéciales.
C’était la deuxième fois que ces
deux pays, membres permanents du
Conseil de sécurité, ont empêché
l’Empire de faire passer une
résolution qui permettrait plus tard
à s’intervenir militairement en
Syrie ; le premier veto était imposé
le 4 octobre dernier. Une telle
opposition trouve sa signification
dans la détermination de Moscou et
de Pékin à freiner les ambitions de
l’Empire étasunien à établir un
nouveau « Califat » au Moyen-Orient,
dirigé par ses nouveaux alliés sur
le terrain, les Frères musulmans et
les groupes islamistes wahabites.
Avant toute chose, comment lire le
double veto sino-russe loin des
brouhahas et des larmes de crocodile
des responsables occidentaux et
arabes subordonnés ? D’ailleurs, une
lecture soignée de « l’après veto »
nous mène à tirer plusieurs
conclusions :
Premièrement, ce qui fait de la
deuxième opposition un veto «
distinct » c’est qu’elle a été
suivie, quelques jours plus tard,
d’une visite à Damas du ministre des
Affaires étrangères de la Russie, M.
Sergueï Lavrov. C’est la première
fois que M. Lavrov visite Damas
depuis le commencement du cycle de
violences, le 15 mars 2011.
Deuxièmement, M. Lavrov est arrivé à
la capitale des Omeyyades accompagné
du directeur du Service des
renseignements extérieurs de la
Fédération de Russie (SVR), M.
Mikhaïl Fradkov ; ce qui soulève
plusieurs points d’interrogation sur
la nature et les objectifs d’une
telle visite.
Troisièmement, la visite de M.
Lavrov aboutit, en effet, à
l’accomplissement de deux objectifs
: primo, accélérer les réformes
politiques et constitutionnelles
entamées par le régime syrien, dans
le but de « couper la route » aux
ingérences atlantiques en Syrie sous
prétextes « philanthropes » ;
secundo, voir de près l’avancement
des opérations militaires contre les
groupes armés, et les mesures qu’a
prises l’armée syrienne pour
reprendre control des villes et des
régions « infestées ». Cela
entraînerait, évidemment, une
collaboration certaine entre les
services de renseignements des deux
pays dans la guerre contre le
terrorisme sur le territoire syrien.
Quatrièmement, la visite de M.
Lavrov sert à expédier un message
précis à plusieurs destinataires,
confirmant que le positionnement
russe envers la Syrie et son régime
actuel se base sur des intérêts
stratégiques structurels dans la
région, et non sur des chantages ni
sur des « bargaining »
circonstanciels dans les coulisses
du Conseil de sécurité. Ce qui mène
à dire aussi que ni la pression de
l’Empire étasunien ne peut intimider
la Russie, ni les offres « généreux
» des émirats et sultanats arabes du
Golfe n’aiguisent son appétit ; et
que la Russie, en plus, n’est en
aucun point prête à laisser la Syrie
et son régime tomber aux mains des
Atlantiques et leurs alliés sur le
terrain, les islamistes wahabites.
Cinquièmement, le veto sino-russe a
été émis au moment où il était
devenu de plus en plus coûteux et
difficile pour la Russie, membre du
G8 et du G20, de faire cavalier seul
sur le dossier syrien. Ce qui
réaffirme le positionnement
stratégique de la Russie dans la
crise syrienne. Par contre, les
Occidentaux se montraient coriaces
en déclarant que si la Russie veut
garder les avantages dont elle
bénéficie sur les plans intérieur et
international, elle doit changer son
attitude « déviante » au Conseil de
sécurité ; sinon elle risquerait de
perdre sa place au directoire
mondial.
Sixièmement, Pékin et Moscou sont
déterminées à s’opposer de nouveau à
une résolution de qui ferait objet
d’une mal interprétation menant à un
scénario catastrophique « à la
libyenne ». C’est la première fois
que la Chine et la Russie opposent
ensemble leur veto au même dossier,
en moins de quatre mois. Ce qui mène
à dire que la Syrie et précisément
le régime Assad font désormais
partie intégrale des intérêts
stratégiques de la Chine et de la
Russie non seulement dans la région,
mais dans le monde aussi.
Septièmement, la visite de M.
Lavrov, accompagné du directeur du
SVR, Mikhaïl Fradkov, montre jusqu’à
quel point la sécurité et la
stabilité de la Fédération de Russie
dépend sur celles du Moyen-Orient,
surtout celles de la Syrie et de
l’Iran. Les Russes et les Chinois ne
font aucune illusion que la
conjuration atlantique, déguisée en
costume de « révolutions
printanières », une fois réussie aux
pays des Arabes, pourrait s’étendre
vers l’Est pour mettre les
républiques musulmanes de la
Fédération de Russie – surtout la
Tchétchénie –, ainsi que les
provinces du Nord-Ouest de la Chine
– Xinjiang, Gansu et Ningxia [2] –
dont la stabilité est déjà fragile,
les mettre en état d’ébullition.
Huitièmement, en opposant leur veto
pour la deuxième fois, Moscou et
Pékin déterminent les principes sur
lesquels doit s’établir n’importe
quelle future solution de la crise
syrienne. Nous résumons ces
principes en quatre points : 1) Non
à l’intervention militaire étrangère
en Syrie ; 2) Non au renversement du
président Assad ; 3) Non à la chute
des villes syriennes aux mains des
groupes armés ; 4) Oui au dialogue
constructif entre le régime et
l’opposition non armée, menant à des
réformes politiques et
constitutionnelles, sous la
direction du président Assad.
Neuvièmement, la prétendue «
opposition » syrienne, en refusant
les réformes entamées par le régime
et en rejetant les appels au
dialogue, se trouve responsable de
l’accélération des cycles de
violences en Syrie, de la
destruction de l’infrastructure et
des établissements de l’État, ainsi
que des pertes humaines. Il est
devenu clair que la présumée «
opposition pacifique » n’existe
point ; et que les confrontations
sur le terrain se déroulent
maintenant entre l’armée syrienne et
les agents de l’ordre d’un côté, et
les groupes islamistes armés, les
milices étrangers et les soldats
désertés de la soi-disant « Armée
syrienne libre », de l’autre côté.
Par conséquent, tout projet de
résolution du Conseil de sécurité
condamnant les violences en Syrie
doit prendre en considération ces
faits réels ; sinon, aucun projet ne
pourrait passer dans le futur.
Dixièmement, le veto sino-russe
démasque la propagande occidentale
et arabe subordonnée prétendant que
la violence en Syrie vient d’une
seule source, celle du régime. M.
Lavrov a confirmé aussi que la
raison pour laquelle la Russie a
accepté l’initiative de la Ligue
arabe, c’est qu’elle avait plaidé
pour une fin à la violence « peu
importe la source d’où elle vient ».
Cependant, nous remarquons que le
dernier projet de résolution au
Conseil de sécurité a incriminé le
régime syrien et angélisé les
groupes armés. Le ministre des
Affaires étrangères russe a souligné
aussi que la résolution avait dû
contenir non seulement des slogans,
mais aussi des étapes précises à
prendre pour mettre fin à la
violence venant des deux camps : «
Ces mesures ont été décrites en
détail, mais seulement d'un côté -
celui du gouvernement [syrien] » a
déclaré M. Lavrov. « Nous avons
présenté plusieurs amendements afin
d'éliminer ce déséquilibre et
décrire les mesures concrètes que
nous attendons de l'opposition et la
communauté internationale concernant
les extrémistes armés en Syrie »
[3].
Pluie hystérique en Occident
Suite au veto sino-russe, des
réactions hystériques ont rempli la
salle du Conseil de sécurité en
provenance, évidemment, des
ambassadeurs, mais surtout des
ambassadrices, des pays occidentaux,
qui ont exprimé leur « dégout » de
la position de Pékin et de Moscou.
La plus remarquable de ces réactions
était celle de l’ambassadrice de
l’Empire auprès du Conseil de
sécurité, Susan Rice, qui s’est
notamment déclarée « dégoutée » [4]
par le veto. De son côté, le
ministre français de la Défense,
Gérard Longuet, a décrit la Russie
et la Chine comme des pays qui «
méritent des coups de pied au cul »
[5] ; ce qui constitue, en effet,
une rupture avec le traditionnel
langage diplomatique, et montre en
même temps jusqu’à quel point la
vulgarité des responsables de
l’Empire est arrivée dans le domaine
de l’échange verbal sur la scène
diplomatique. De sa part, la
secrétaire d’État américaine,
Hillary Clinton, a attaqué « ceux
qui financent encore le régime et
envoient des armes qui sont
utilisées contre des Syriens sans
défense, dont des femmes et des
enfants» [6] et a qualifié le vote à
l’ONU de « parodie ». Peut-être, il
fallait rappeler à Mme Clinton que
s’il est vrai que l’opposition
sino-russe au projet de résolution
du Conseil de sécurité sur la Syrie
constituait une « parodie », il est
non moins vrai que les 48 vetos
étasuniens opposés aux projets de
résolution visant la protection du
peuple palestinien de l’atrocité
israélienne formaient les scènes et
les actes d’une « farce » réelle
[7]. À Paris, son homologue
français, Alain Juppé, a assuré que
l’Union européenne n’allait pas «
rester les bras croisés » après cet
échec diplomatique : « Nous allons
aider l’opposition syrienne à se
structurer, à s’organiser, l’Europe
va encore durcir les sanctions qui
sont imposées au régime syrien et
puis nous allons essayer de faire
monter cette pression internationale
et il y a bien un moment où le
régime sera obligé de constater
qu’il est totalement isolé et qu’il
ne peut pas continuer », a-t-il
insisté. Nous ne pouvons que
mentionner – pour en finir avec la
colère occidentale – le ministre
belge des Affaires étrangères,
Didier Reynders, qui a également
estimé que « de nouvelles mesures
restrictives » devaient être prises
à l’encontre du régime [8] .
Ainsi, tous les éléments d’une
nouvelle tragédie atlantique,
intitulée « Supplice des Syriens »,
se formèrent :
« Ô revers! Revers terrible, inouï,
épouvantable! Hélas! Hélas !
Affreuse nouvelle ! » [9]
Mensonges atlantiques et larmes de
crocodile arabes
Sans nul doute, le veto sino-russe a
démasqué les mensonges de certains
dirigeants arabes et atlantiques
effectivement engagés dans la
conjuration impérialiste contre la
Syrie ; et les a poussés, par
conséquent, à se précipiter dans
l’amphithéâtre flavien [10] de
l’Empire étasunien, non comme
gladiateurs qui se battent entre eux
dans un « munus » [11] sacré, mais
bien plutôt comme lanistes [12] qui
entraînent, dans un « ludus » [13]
profane, les « fauves » des groupes
islamistes armés ; car il ne reste
plus secret que ceux qui
soutiennent, financent et arment les
groupes armés en Syrie sont proches
de Caesar.
En plus, des cris hypocrites
s’élevaient dans l’arène, réclamant
une réforme du droit de veto à l’ONU
; nous distinguâmes parmi ces cris
ceux des dirigeants arabes, dociles
à l’Empire, hurlant « Ave Caesar,
morituri te salutant » [14] ; nous
entendîmes ceux du premier ministre
qatari, le cheikh Hamad,
s’habillant, cette fois-ci, en
Crixus [15] , estimant que le veto
sino-russe donnait « le droit de
tuer » au président Assad [16] ;
nous entendîmes le premier ministre
tunisien, déguisé en Retiarius [17],
appelant la communauté
internationale à rompre ses
relations diplomatiques avec Damas :
« C’est un droit dont on abuse. La
communauté internationale doit
réviser ce genre de mécanisme »,
s’exclama-t-il [18] ; nous
entendîmes, enfin, le ministre turc
des Affaires étrangères, Davutoglu,
portant l’uniforme de Spartakus,
hurler son indignation la plus
brillante depuis le seuil de sa
Sublime Porte : « la Russie et la
Chine n’ont pas voté en prenant en
compte les réalités, mais contre
l’Ouest (...) Nous devons maintenant
discuter de l’utilisation du droit
de veto. »
Bravo Hamad ! Bravo Davutoglu !
César vous salue !
Maintenant que nous avons fortement
applaudi, et que les gladiateurs
avaient bien joué leur « ludus »
profane, il nous reste à dire que
nous n’avions entendu aucune
inquiétude, aucune indignation,
aucune déclaration de type «
hystérique » – comme l’a bien noté
M. Lavrov [19] –, appelant à
reformer le droit de veto, lorsque
l’Empire avait émis, une
cinquantaine de fois, ses vetos aux
projets de résolutions visant à
dénoncer l’agression israélienne
contre les peuples de la région. En
effet, nous aurions été amplement
ravis si leur Majesté, les monarques
absolus des émirats et sultanats
arabes du Golfe, ainsi que les
nouveaux califes ottomans d’Ankara
avaient chevauché au Conseil de
sécurité pour mettre fin à la
mascarade du veto étasunien chaque
fois qu’il s’agissait de protéger le
peuple palestinien, enchaîné à son
supplice depuis six décennies et
quelque, comme Prométhée à son
rocher dans les montagnes du Caucase
[20]. Par ailleurs, aux côtés des
citoyens de Gaza, aucune voix
réputée humanitaire, ni des Césars
étasuniens, ni des gladiateurs des
provinces européennes [21], ni des
lanistes arabes du Golfe ! Sans
autres moyens de protester que
l’indignation elle-même, les
Palestiniens résistent au siège et à
la soldatesque israélienne plus
longtemps qu'aucune ville dans
l’histoire, depuis Leningrad,
pourvue de tout l'appareil de
survie, ne résista à une telle
fraction, celle de l'atrocité
israélienne coalisée avec les
mensonges arabes et l’hypocrisie
occidentale.
En Palestine, les colons poursuivent
leurs attaques contre les
Palestiniens au su et au vu du monde
entier. Les forces de l’occupation
ont avisé les habitants d’un petit
village, au nord de la vallée du
Jourdain, que leurs maisons et
étables seront détruites [22]. Ce
calvaire du peuple palestinien
constitue le crime le plus ineffable
de l’histoire contemporaine.
Parallèlement aux mensonges
atlantiques et arabes subordonnés,
les Césars impérialistes se
démasquent, chaque fois qu’ils
prononcent leurs discours
philanthropes. La chef de la
diplomatie de l'UE, Catherine
Ashton, a pour sa part exhorté les
membres du Conseil de sécurité de
l'ONU à prendre leurs
responsabilités et à «agir sans plus
tarder» pour mettre fin aux
violences en Syrie : « Je suis
horrifiée par la situation en Syrie,
où le régime poursuit son
impitoyable et scandaleuse campagne
de répression contre le peuple
syrien », a affirmé Mme Ashton dans
un communiqué [23] ; « Le temps est
venu pour tous les membres du
Conseil de sécurité de l'ONU de se
mettre aux côtés du peuple syrien »,
a-t-elle dit en rappelant que l'UE
soutenait les initiatives de la
Ligue arabe pour « mettre fin à la
crise » en Syrie [24]. Ce qui nous
étonne ici ce n’est pas l’inquiétude
de Mme Ashton, mais bien plutôt le
fait qu’elle avait pu demeurer «
calme et silencieuse », elle qui
paraît être très sensible aux images
de violences en provenance de la
Syrie, elle était restée « calme et
silencieuse » au vu des images
provenant de Gaza et des territoires
occupés, où des civils palestiniens
tombaient victimes de l’atrocité de
la soldatesque israélienne.
L’Après-Veto ou le commencement d’un
« Apocalypse Now »
Dans une déclaration à la télévision
syrienne, le directeur de l’«
Établissement du monde uni de la
recherche et de l’information », M.
Saïd Doudine, a fait état d'une
coordination américaine, israélienne
et arabe docile pour la mise en
exécution du plan visant à imposer
l'hégémonie colonialiste à la région
tout entière. M. Doudine a indiqué
aussi que le plan occidental suspect
contre la Syrie s'était cristallisé
après l'an 2006 au moment où l'OTAN,
conscient de l'incapacité d'Israël à
l'exécuter seul, avait décidé d'y
faire adhérer la Turquie et Qatar.
Il a fait noter que les pétrodollars
du Golfe, qui faisaient défaut au
monde arabe, s'employaient dans des
actions étrangères, et pour l'achat
des armes qui serviraient à
l'exécution des plans d'invasion de
la région [25].
De surcroît, l’application sur le
terrain de ce plan nous a été
révélée récemment, après que
plusieurs médias avaient rapporté la
participation de troupes qataries et
britanniques dans les combats qui se
déroulent à Homs [26]. Mieux encore,
le président de la commission des
Affaires étrangères de la Douma,
Alexei Pushkov, a indiqué la
présence de troupes étrangères sur
le territoire syrien, engagées dans
des combats de villes contre l’armée
syrienne : « Selon des rapports qui
ont été vérifiés, des troupes
commandos étrangères ont été
déployées en Syrie », a déclaré aux
journalistes M. Pouchkov ; « S’il
arrive que ces rapports sont prouvés
vrais, le même scénario libyen
serait appliqué en Syrie » [27]. En
effet, l’engagement militaire de
troupes atlantiques et arabes dans
les combats en Syrie occupait une
priorité sur l’agenda du président
Assad pendant sa réunion avec le
directeur du SVR, Mikhaïl Fradkov
[28].
Face à ces rapports indiquant le
déploiement de troupes atlantiques
et arabes en Syrie, le quotidien
chinois, Renmin Ribao, a rapporté,
de son côté, le déploiement de
15,000 combattants iraniens de la
brigade al-Quds dans des régions
considérées stratégiques sur le
territoire syrien [29]. Les mêmes
informations ont été aussi
rapportées par le quotidien
israélien Haaretz. Cependant, les
autorités iraniennes n’ont jusqu’à
présent ni confirmé ni rejeté ces
rapports.
Il en reste à ajouter que devant la
multiplication rapide des rapports
et des rumeurs sur le déploiement de
troupes étrangères, il paraît que
les puissances impérialistes,
suivies de leurs "cavaliers" arabes
du Golfe, sont déterminées à
s’aventurer de nouveau au
Moyen-Orient, et cela en appliquant
le même scénario « humanitaire »
déjà joué en Libye.
Voici les legati [30] impériaux se
précipitent au secours de leur
militia caligata [31] islamistes,
pour que le dépeçage du Moyen-Orient
en une multitude d’États-Tribus
minuscules soit accompli. N’est-il
pas vrai qu’en Libye, les feux
d’artifice du « Conseil national de
Transition » se sont transformés en
fusées incendiaires de l’OTAN ? « Ô
nocturne apparition d'un songe, que
tu m'annonçais clairement ces
malheurs ! » [32].
Fida Dakroub, Ph.D
Notes
[1]Avec la déliquescence de l'empire
d'Occident, le magister militum
était en fait l'homme fort de
l'empire, le véritable chef de
toutes les forces romaines. Le plus
célèbre d'entre eux était Flavius
Aetius, à qui l'on doit la victoire
sur les Huns d’Attila aux champs
Catalauniques (juin 451 ÈC.).
[2] Un récent recensement totalise
20 millions de musulmans en Chine.
[9] Le cri qu’a poussé le Chœur à
l’arrivée du Courrier annonçant la
défaite des Perses, dans la tragédie
d’Eschyle, « Les Perses ».
[10] L’amphithéâtre flavien est un
amphithéâtre elliptique situé dans
le centre de la ville de Rome, entre
l’Esquilin et le Caelius, le plus
grand jamais construit dans l’Empire
romain.
[11] Munus (plur. munera) : combat
de gladiateurs. À l'origine, «
cadeau » offert à l'occasion de
funérailles.
[12] Le laniste (de l'étrusque
lanista) est celui qui exerçait des
gladiateurs à combattre et leur
enseignait leur art. C’était
l'instructeur et le maître d'armes
qui exerçait les compagnies
appartenant à l'État.
[13] Jeux donné à date fixe ou en
des circonstances particulières,
pour célébrer une fête ou un
évènement exceptionnel.
[14] « Avé César, ceux qui vont
mourir te saluent »
[15] Mort en 73(AÈC), Crixus, fut un
des chefs, aux côtés de Spartacus et
d’Oenomaus, de la rébellion
d’esclaves qui entraîna la troisième
Guerre serville.
[17] gladiateur léger, équipé d'un
trident, d'un filet et d'un
poignard. Il ne portait pas de
casque, sa seule protection était le
galerus et la "manica".
[20] Dans la mythologie grecque,
Prométhée est un Titan. Il est connu
pour son intervention dans plusieurs
mythes anthropogéniques : création
des hommes à partir d'argile et
d'eau et vol du « savoir divin » (le
feu sacré de l’Olympe) pour l’offrir
aux humains. Courroucé par ses
excès, Zeus, le roi des dieux, le
condamne à finir enchaîné et torturé
sur le Mont Caucase. Il lui inflige
aussi un supplice. Héphaïstos
l’enchaîne nu à un rocher dans les
montagnes du Caucase, où un aigle
vient lui dévorer le foie chaque
jour. Sa souffrance devient ainsi
infinie, car chaque nuit son foie
repoussait.
[21] Le mot province vient du latin
provincia qui signifie « pays vaincu
». Allusion à l’Europe qui a été
envahie par les légions de l’Empire
en 1944.
[30] Le legatus (pl. legati) est
grade militaire signifiant un
adjoint du commandant de l’armée
romaine. Le legatus peut être
délégué au commandement de la
cavalerie, des réserves ou même
d’une légion. Ce mot provient du
verbe latin legare qui signifie «
envoyer avec une mission », « nommer
comme lieutenant ».
[31] Grade militaire de l’armée
romaine équivalent de sous-officier.
La militia caligata se constitue
d’hommes de troupe, individuellement
appelés miles.
[32] Atosse s’adressant au Chœur
dans la tragédie d’Eschyle, « Les
Perses ».
Docteur en Études françaises
(UWO, 2010), Fida Dakroub est
écrivaine et chercheure du « Groupe
de recherche et d'études sur les
littératures et cultures de l'espace
francophone » (GRELCEF) à
l’Université Western Ontario. Elle
est l’auteur de « L’Orient d’Amin
Maalouf, Écriture et construction
identitaire dans les romans
historiques d’Amin Maalouf » (2011).
Fida Dakroub est un
collaborateur régulier de
Mondialisation.ca.
Cet article a été publié initialement
sur Mondialisation.ca
L'adresse url de cet article :
http://mondialisation.ca/...
© Droits d'auteurs Fida Dakroub,
Mondialisation.ca, 2012
Publié le 15 février 2012 avec l'aimable
autorisation de Fida Dakroub
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