Opinion
Artistes et
écrivains arabo-canadiens
face à la guerre contre la Syrie
Fida Dakroub
Samedi 3 novembre
2012
« Ne touchez pas à la Syriana » ou
“Hands off Syriana” [1], une campagne
internationale déclenchée et dirigée par
le compositeur de la chanson politique
libanaise, William Nassar, un Canadien
d’origine arabe.
« Ne touchez pas à la Syriana », le nom
adopté par le comité international de
coordination vise à donner un aspect
personnel à la campagne, compte tenu les
ingérences arabes et étrangères qui
frappent la Syrie.
« Ne touchez pas à la Syriana », un
amalgame de deux mots, plutôt du mot
anglais « Syria » – comme la campagne
fut déclenchée initialement dans un
milieu anglophone nord-américain – et du
suffixe arabe « -na », qui est en effet
l’adjectif possessif de la première
personne du pluriel. Ainsi, le message
que l’on veut envoyer par cet amalgame
se révèle : « Ne touchez pas à la
Syriana » ou « Ne touchez pas à notre
Syrie » !
Pourtant, une question se pose
ici : pourquoi « Notre Syrie » et non
pas « La Syrie », tout simplement ?
Pourquoi l’adjectif possessif, ou plutôt
pourquoi cette insistance à employer un
suffixe arabe avec un mot anglais ?
Selon les organisateurs de la campagne,
la Syrie est la nôtre, elle est à nous
seuls ; mais qui « nous » ? Nous des
artistes, musiciens, écrivains et
intellectuels nord-américains d’origine
arabe, précisément syrienne et
libanaise. Berceau de la civilisation et
de l’histoire, la Syrie refuse de
renoncer à ce titre. Terre ou Peuple,
elle embrasse l’humanité avec le parfum
de ses jasmins. Elle demeure le phare de
la science, de la pensée, de l’art, de
la créativité et de la civilisation.
Le message que les organisateurs de la
campagne voulaient envoyer se précise
comme tel : la guerre atroce qui frappe
la Syrie nous exige à se tenir fermement
et sérieusement, et à élever la voix
pour mettre fin aux ingérences
étatsunienne, européenne, turque,
israélienne, arabique et surtout
canadienne, dont l’objectif se précise à
son tour par une insistance à mettre de
l’huile sur le feu des différences
ethniques et religieuses en Syrie, à
détruire l’infrastructure de l’État
syrien, à déchirer l’unité du peuple
syrien, et cela en appuyant le
terrorisme et les terroristes qui se
sont rassemblés sous la bannière des «
jihadistes », qui assouvissent, en
effet, leur soif au sang en détruisant
l’unité de la Syrie et en commettant des
crimes contre l’humanité, qui mènent
enfin une guerre féroce contre la Syrie,
peuple et territoire.
Comme ils refusent que l’on fasse des
guerres à leur compte en tant
qu’individus, groupes et peuples, et
comme ils refusent que l’on dépense les
richesses dans le but de détruire des
pays, dont les cultures montent loin
dans l’histoire, au lieu de les dépenser
dans des domaines éducatifs,
humanitaires et créatifs, les
organisateurs et les participants à
cette campagne, des musiciens, des
artistes, des écrivains, des poètes et
des journalistes de l’Amérique du Nord
et de l’Europe, ainsi que leurs
collègues en Syrie et dans les pays
arabes, ils élèvent la voix et précisent
leurs objectifs :
premièrement, nous appelons
l’administration américaine, l’Union
européenne et le gouvernement
canadien à mettre terme à toute
sorte d’agression diplomatique,
politique, économique et militaire
contre la Syrie et les Syriens ;
deuxièmement, nous appelons à
l’arrêt de toute forme de soutien
aux terroristes étrangers, y compris
le soutien politique et médiatique,
l’entrainement, la protection et le
financement ;
troisièmement, nous appelons à la
désignation et à la condamnation des
gouvernements et des organisations
qui contribuent à la destruction de
la Syrie, et qui soutiennent les
groupes terroristes et criminels en
leur fournissant d’armes, de
financement et d’appui médiatique ;
quatrièmement, nous appelons les
musiciens, les artistes, les
écrivains, les poètes, les
académiques, les journalistes et
toute personne concernée par la paix
à exprimer leur refus à la guerre
contre la Syrie, et à élever ainsi
la voix pour mettre fin à toute
sorte d’agression politique,
économique, médiatique, diplomatique
et militaire contre la Syrie.
Élever la voix ! Non à la guerre contre
la Syrie ! Non aux sanctions économiques
imposées contre la Syrie ! Non à la
destruction de la Syrie !
Fida Dakroub, Ph.D
Notes
[1]
http://handsoffsyriana.wordpress.com/
Docteur en Études françaises
(The University of Western
Ontario, 2010), Fida
Dakroub est écrivain et
chercheur en théorie
bakhtinienne. Elle est aussi
militante pour la paix et les
droits civiques.
Publié sur
Mondialisation.ca
Le sommaire de Fida Dakroub
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|