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El Watan
Un camp de vacances
pour enfants incendié à Ghaza
Fares Chahine
Photo: Al-Manar TV
Lundi 24 mai 2010
A Ghaza, le folklore, le sourire, le théâtre, la plage, et tout
ce qui pourrait distraire les enfants semble banni.
C’est, vraisemblablement, ce qu’a visé un groupe armé et
cagoulé qui a incendié, hier à l’aube, un camp de vacances pour
enfants appartenant à l’Unrwra, l’agence onusienne pour l’aide
aux réfugiés palestiniens. Selon des témoins, 40 hommes armés et
cagoulés ont d’abord maîtrisé et ligoté le gardien du camp de
vacances d’été, monté à Cheikh Aajline, sur la plage, à quelques
minutes seulement du centre-ville, avant de mettre le feu aux
tentes, aux jeux pour enfants et autres édifices qui devaient
accueillir des centaines d’enfants de réfugiés. Les assaillants
n’ont pas omis de donner au gardien qu’ils ont agressé une
enveloppe contenant une lettre de menaces adressée à John Ging,
le directeur des opérations de l’Unrwa et à tous les
fonctionnaires de l’agence onusienne, en plus de 4 balles.
C’est ce qu’a déclaré Adnane Abou Hasna, le porte-parole
médiatique de l’agence qui a souligné que c’est le plus grand
camp de vacances dans la région de Ghaza et qu’il devait
accueillir les enfants à partir du 12 juin prochain. Pour sa
part, John Ging, connu dans les territoires palestiniens pour
ses prises de position courageuses durant la dernière guerre
israélienne contre l’enclave palestinienne, a tenu une
conférence de presse au centre de vacances dévasté, pour dire
que l’Unrwa ne se laissera pas intimider. M. Ging a dit que ceux
qui ont incendié le centre ont voulu empêcher les enfants de
Ghaza de sourire et de vivre. Le directeur de l’agence onusienne
a dit aussi que « cet acte est la résultante d’une mentalité
extrémiste qui déteste les enfants et la vie », soulignant que
l’Unrwa rebâtira immédiatement ce camp et que les jeux d’été se
poursuivront.
« Plus de 80% des enfants de la bande de Ghaza souffrent de
pressions psychologiques dues à la guerre et au blocus et ces
camps ont été édifiés pour libérer ces enfants de ces pressions
et créer une atmosphère de joie et de bonheur dissipée par le
blocus et la tragédie que vit Ghaza », a ajouté M. Ging, qui a
appelé le gouvernement du Hamas à protéger ces camps, mettant en
garde contre une escalade de tels actes et leurs retombées sur
la vie des gens, soulignant que « ceux qui ont exécuté
cette sale besogne ne feront pas peur a l’Unrwa et ne
l’empêcheront pas de continuer de venir en aide à la population
de Ghaza ». Le porte-parole du ministère de l’Intérieur du
Hamas, Ihab Leghseine, a, quant à lui, déclaré que « la police a
ouvert une enquête sur l’incident », soulignant que « cet acte
est hautement condamnable et que les coupables seront punis une
fois découverts ».
Attentat contre l’innocence
Des inconnus avaient distribué, à la sortie de la prière de
vendredi dans certaines mosquées de Ghaza, un communiqué
contenant des menaces de prise de mesures sévères contre l’Unrwa
qualifiée d’organisme servant les intérêts coloniaux et des
critiques sans précédent à l’encontre de son directeur des
opérations, John Ging. Cet incident grave n’est en aucune
manière une preuve d’une quelconque montée de l’extrémisme dans
la société palestinienne. Ceux qui ont brûlé le camp de vacances
appartiennent à des petits groupes qui veulent imposer par la
force un agenda et une manière de vivre à une majorité
conservatrice, peut-être, mais sont loin d’être fanatiques. Cet
incident sécuritaire, qui, s’il se répète, pourrait avoir une
influence négative sur les aides fournies par l’Unrwa à des
centaines de milliers de citoyens qui en dépendent presque
totalement en ce temps de blocus. Pas moins de 40 hommes armés
ont participé à la destruction du camp de vacances sans que
quiconque ne soit arrêté. Mystère…
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