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Escalade militaire à Ghaza
et campagne de dénigrement
Netanyahu incite à
la violence
Fares Chahine
Photo: L'Humanité
Mercredi 13 janvier 2010
Les menaces du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu,
lancées au cours de la réunion hebdomadaire de son cabinet,
dimanche matin, par lesquelles il promet de « riposter
immédiatement et puissamment » à tout nouveau tir de roquettes
provenant de la bande de Ghaza, ont été traduites le même jour
par l’assassinat de cinq Palestiniens.
Ghaza. De notre correspondant
Deux d’entre eux, des civils, blessés par des tirs israéliens
dans l’enceinte de l’ancienne colonie Doughit, au nord de la
bande de Ghaza, ont perdu la vie faute d’avoir pu être secourus
à temps. Pendant près de trois heures, l’armée israélienne a
empêché les équipes médicales de les évacuer, jusqu’à ce qu’ils
se soient vidés de leur sang. En début de soirée, à l’est du
camp de réfugiés de Maghazi, au centre de l’enclave
palestinienne, trois résistants du Djihad islamique ont été tués
et un autre a été gravement blessé par un tir de roquette
air-sol. Des sources médicales palestiniennes ont affirmé que
trois jeunes résistants dont les corps étaient déchiquetés, ont
été amenés dimanche soir à l’hôpital Chouhada El Aqsa, à Deir El
Balah. La semaine passée, Israël avait intensifié ses frappes
dans la bande de Ghaza, tuant et blessant plusieurs
Palestiniens, espérant provoquer les factions armées et les
pousser à reprendre les tirs de roquettes contre son territoire,
à l’arrêt depuis un an environ, ce qui constituerait un prétexte
valable au lancement de l’opération « Plomb durci n°2 » dont
parlent les médias israéliens. Cette nouvelle agression qui,
selon les mêmes médias, s’étalera sur une semaine seulement,
sera plus féroce que celle de l’hiver dernier qui a duré 22
jours et fait 1450 tués et plus de 5000 blessés parmi les
Palestiniens, en majorité des civils, aura pour but final de
réoccuper l’ensemble de la bande de Ghaza. Des responsables
militaires israéliens ont déclaré que le lancement de « Plomb
durci n°2 » est une question de temps. L’Autorité palestinienne
a dénoncé l’attitude de Netanyahou et de son gouvernement de
droite et d’extrême droite. Nabil Abou Roudeina, porte-parole de
la présidence, a déclaré dans un communiqué publié dimanche soir
que les menaces de Netanyahou impliquent une grave escalade qui
a débuté depuis longtemps. « Israël veut tergiverser, ne veut
pas entrer dans des négociations de paix sérieuses et tente de
tromper la communauté internationale en lui faisant croire que
c’est l’Autorité palestinienne qui ne veut pas cela », a ajouté
Abou Roudeina.
Les menaces de Netanyahou
Devant ses ministres, Benyamin Netanyahu ne s’est pas contenté
de menacer Ghaza, mais s’en est pris aussi à la direction de
l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, qu’il a accusée
d’inciter à la haine et d’œuvrer contre la paix pour avoir donné
le nom de Dallal El Moughrabi à une place de la ville d’El Bireh,
près de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Dallal El Moughrabi
était une militante du mouvement nationaliste Fatah, tombée au
cours d’une opération armée en 1978, en plein territoire
israélien. Quant à Salam Fayad, Premier ministre de l’Autorité
palestinienne, Israël lui en veut pour s’être rendu au domicile
des trois militants des Brigades des martyrs d’El Aqsa
assassinés récemment de sang-froid par les forces spéciales
israéliennes dans la ville palestinienne de Naplouse, en
Cisjordanie occupée, pour compatir avec leurs familles et leur
présenter ses condoléances. Pour l’Etat hébreu et Netanyahu, cet
acte humanitaire est synonyme d’incitation à la haine et de
soutien au terrorisme. L’Autorité palestinienne, malgré les
pressions des Etats-Unis surtout, refuse toujours de reprendre
les négociations avec Israël tant qu’il n’a pas gelé totalement
la colonisation en Cisjordanie occupée et dans la ville sainte
d’El Qods occupée et annexée par Israël en 1967.
Des pressions financières sur l’état
Hébreu
Les déclarations de l’émissaire américain George Mitchell,
évoquant l’éventualité de pressions financières sur l’Etat
hébreu pour l’inciter à faire des concessions, semble être
derrière cette attaque virulente de Netanyahou contre le
président de l’Autorité palestinienne, qu’il accuse de paralyser
le processus de paix. La semaine dernière, l’émissaire spécial
pour le Proche-Orient, George Mitchell, a en effet évoqué la
possibilité par les Etats-Unis de retirer leur soutien aux
garanties de prêt à Israël, un système de garanties grâce auquel
l’Etat hébreu a bénéficié de milliards de dollars de prêts à des
taux préférentiels. Pour toutes ces raisons et parce que
Netanyahou et son gouvernement se sentent sous pression de la
communauté internationale, ses menaces contre la bande de Ghaza
doivent être prises au sérieux. Une nouvelle guerre dans
l’enclave palestinienne pourrait constituer une sorte
d’échappatoire, même si elle semble momentanée. En Cisjordanie
occupée, par des actes tels ceux qui ont conduit à l’assassinat
de militants du Fatah devant leurs familles, Netanyahou pourrait
tenter de continuer à embarrasser le président Abbas et
l’Autorité palestinienne en les présentant devant leur peuple
comme faible et incapable de le protéger. Là aussi, le Premier
ministre israélien espère un retour à la violence des
Palestiniens, par le biais d’une nouvelle intifadha qu’il
préfère armée, pour pouvoir taxer l’Autorité palestinienne de
terroriste, comme l’a fait Sharon du temps de Yasser Arafat, et
de ne plus rendre de compte à personne. Abbas serait présenté à
la communauté internationale comme partenaire non valable pour
la poursuite du processus de paix et le tour serait joué. Aux
Palestiniens de ne pas tomber dans ce piège. Ils en ont les
moyens, à condition d’aller en premier lieu à la réconciliation
car leur division est actuellement l’arme la plus redoutable
qu’utilise l’Etat hébreu contre eux.
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Les analyses de Fares Chahine
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