|
El Watan
Détérioration
de la situation au Proche-orient
La crainte d'un désastre humanitaire
Fares Chahine
Photo : blog Elkhadra
12 avril 2008 Le
risque est bien réel car rien ni personne n’entre ou ne sort de
la bande de Ghaza, transformée en immense prison.
Ghaza. De
notre correspondant
De jour en jour, l’étau se resserre de plus en
plus autour de la bande de Ghaza et de ses 1,5 million
d’habitants. L’embargo impose à ce minuscule territoire de
360 km2 où la densité de population est la plus forte au monde
fait des ravages. Le citoyen habitant cette enclave, sans issues
depuis la fermeture de l’ensemble des terminaux qui la séparent
du territoire israélien et de l’Egypte au sud, se sent carrément
broyé par les événements qui s’y succèdent. L’embargo
comme punition collective contre les territoires palestiniens, et
surtout contre la bande de Ghaza, a toujours été le moyen préféré
des différents gouvernements israéliens qui se sont succédé
depuis 1994, année où l’Autorité palestinienne a vu le jour,
suite aux accords d’Oslo conclus entre l’Organisation de libération
de la palestine (OLP) et le gouvernement israélien de l’époque,
mais il ne s’étalait jamais sur une période aussi longue. Israël
bloque totalement la bande de Ghaza depuis la mi-juin 2007, date
à laquelle a été opéré un grand chamboulement avec son contrôle
par la force par le mouvement islamiste Hamas. Ce mouvement, qui
ne reconnaît pas l’état hébreu et refuse tous les plans
visant à trouver une solution au conflit du Proche-Orient, se
voit aujourd’hui tellement isolé qu’il a commencé depuis
quelques jours, à travers ses médias, à préparer l’opinion
publique à une nouvelle tentative de démolition d’une partie
du mur séparant la bande de Ghaza de l’Egypte. Le 23 janvier,
le Hamas avait fait sauter à l’explosif quelques portions de ce
mur, ce qui a permis à des centaines de milliers de Palestiniens
de se ruer vers le territoire égyptien. Le gouvernement égyptien,
qui semblait dépassé par les événements, promet, cette fois,
une grande fermeté contre toute personne qui essaye de franchir
illégalement la frontière. De ce fait, la tension est très
forte. Le Hamas, qui se sent acculé au pied du mur, semble décidé
à détruire une nouvelle fois le mur qui sert de ligne de frontière
et le gouvernement égyptien qui fait face à des mouvements de
protestation de ses propres citoyens à cause de difficultés économiques,
semble, quant à lui, décidé à user de gros moyens pour empêcher
le scénario du mois de Janvier. Environ 1200 membres des forces
de sécurité se sont déployés dans la ville d’El Aârich,
proche du territoire palestinien, ont indiqué des sources proches
de la sécurité. Le ministère égyptien des Affaires étrangères
a, toutefois, prévenu dans un communiqué que toute tentative
« d’enfreindre l’inviolabilité de la frontière égyptienne
serait accueillie avec le sérieux et la fermeté appropriés ».
Les forces égyptiennes se sont déployées le long des routes
menant à la frontière et ils ont renforcé les murs et les
grandes palissades de tôles qui séparent les deux territoires.
Les propos de Sami Abou Zohri, porte-parole du Hamas tentant de
nuancer les déclarations de certains responsables du Hamas quant
au franchissement par la force de la frontière, n’ont pas
baisse d’un iota cette grande tension. Israël, de son côté, a
menacé, jeudi, de mener de grandes actions armées contre le
mouvement islamiste Hamas, au lendemain d’une opération
commando palestinienne contre le terminal de Nahal Oz, où deux
Israéliens ont été tués. Suite à cette attaque, plusieurs
raids aériens, en différents endroits et une incursion limitée
au centre de la bande de Ghaza, ont fait 10 morts et plusieurs
blessés, dont des civils et des enfants. Israël a arrêté
l’approvisionnement de la bande de Ghaza en carburant. Ce
produit, qui manque énormément à Ghaza, pourrait disparaître
complètement du marché, ce qui mettra en péril des secteurs
entiers comme celui des transports, des institutions sanitaires,
de l’hydraulique, de la station d’électricité.
Aujourd’hui, à Ghaza, alors que les islamistes du Hamas font la
sourde oreille aux appels du président Abbas à un retour à la
normale dans les relations interpalestiniennes, au prix d’un
retour de ces derniers à la situation d’avant le putsch armé
du mois de juin, la détérioration des conditions de vie n’a
jamais été égalée. Toute une population est prise au piège
sans aucun espoir à l’horizon de pouvoir s’en libérer.
Droits de reproduction et de
diffusion réservés © El Watan 2006
|