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El Watan
Abou Mazen se sent
trahi
Fares Chahine
Photo CPI
Samedi 7 novembre 2009
Au cours d’un discours qualifié d’historique par beaucoup
d’observateurs, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a
annoncé jeudi, d’un ton calme et ferme, son désir de ne pas se
porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
Ghaza. De notre correspondant
Au siège de la présidence à Ramallah, devant des membres du
Comité central du Fatah, du comité exécutif de l’OLP et d’autre
responsables, le président Abbas, qui semble avoir été fortement
déçu par le ralliement des Américains sur la position du
gouvernement israélien de droite, relative à la colonisation
dans les territoires palestiniens, a déclaré : « J’ai dit aux
frères dans le comité exécutif de l’Organisation de libération
de la Palestine (OLP) et dans le Comité central du Fatah que je
ne désire pas me présenter à la prochaine élection
(présidentielle). » « je souhaite qu’ils comprennent ce désir,
sachant qu’il y a d’autres pas que je prendrai en temps
opportun », a ajouté le président palestinien. Mahmoud Abbas,
alias Abou Mazen, âgé de 74 ans, symbole de la modération
palestinienne, qui a longtemps cru et qui croit encore en la
possibilité de règlement de la question palestinienne par les
moyens diplomatiques, qui s’est présenté candidat à la
succession de son compagnon de route, le défunt Yasser Arafat,
en 2005, avec un programme politique déclaré au cours de sa
campagne électorale, excluant la résistance armée, se sent
aujourd’hui abandonné et seul en face d’Israël, dont le
gouvernement est le plus à droite depuis sa création.
Ni la communauté internationale ni la nouvelle direction
américaine n’ont pu persuader Benyamin Netanyahou, le premier
ministre israélien et son gouvernement à aller dans le sens
d’une véritable paix ; pis, Barack Obama, qui au début de son
mandat demandait un gel complet de la colonisation comme le
veulent les palestiniens et le président Abbas pour une reprise
sérieuse du processus de paix, s’est complètement rallié à la
position israélienne qui exige une reprise des négociations sans
conditions préalables et qui refuse l’arrêt de la colonisation.
la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, l’a dit haut
et fort la semaine passée, durant sa visite dans la région :
« Les parties doivent reprendre immédiatement les négociations
sans conditions préalables. »
L’arrêt de la colonisation : perte de temps
Et a qualifié la proposition du Premier ministre, Benyamin
Netanyahu, de limiter la colonisation de « sans précédent ».
Même s’il ne l’a pas dit ouvertement au cours de son discours,
la nouvelle position égyptienne annoncée par Ahmad Abou El Gheit,
le ministre des affaires étrangères, au cours d’une conférence
de presse commune avec la secrétaire d’Etat américaine, au
Caire,
la semaine passée, qui, désormais, considère comme perte de
temps l’exigence de l’arrêt de la colonisation, a dû peser lourd
dans la décision du président palestinien. « Nous devons nous
concentrer sur l’objectif final, plutôt que perdre du temps à
exiger telle ou telle chose », avait déclaré le chef de la
diplomatie égyptienne. Il ne fallait pas plus pour Abou Mazen
pour se sentir trahi, poignardé dans le dos, alors qu’il a dû
endurer beaucoup de critiques, d’insultes et d’accusations
graves de collaboration avec l’ennemi sioniste par ses
détracteurs, que ce soit au niveau local, principalement par le
mouvement Hamas, ou au niveau régional.
Par la voix de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, la
direction américaine a, semble-t-il, accepté le départ du
président Abbas. « Il a réaffirmé son engagement personnel à
faire tout son possible pour parvenir à une solution à deux
Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien (...).
J’espère continuer à travailler avec le président Abbas, dans
quelque nouvelle fonction que ce soit », a-t-elle dit à
Washington. Au niveau local, le mouvement Fatah et
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) continue de
réclamer au président Abbas de revenir sur sa décision et le
considèrent toujours comme leur unique candidat. Des
manifestations populaires spontanées en guise de soutien au
président Abbas, dans lesquelles les citoyens exprimaient leur
refus de sa décision de ne pas briguer un second mandat, ont été
notées dans plusieurs villes de Cisjordanie, dont Ramallah et
Jenine. Dans la bande de Ghaza, contrôlée par la force par le
mouvement Hamas suite à un putsch armé au mois de juin 2007, et
dans laquelle le président Abbas n’a plus aucune autorité, les
citoyens ont suivi avec beaucoup d’attention le discours
présidentiel, chez eux ou dans les cafés.
Par crainte d’être réprimés par les forces du mouvement
islamiste, les citoyens ne sont pas sortis dans les rues comme
en Cisjordanie. Le mouvement Hamas, accusé par le président
Abbas d’être responsable de la division interpalestinienne et
d’avoir donné le prétexte à Israël de prétendre qu’il n’existe
pas de partenaire palestinien crédible pour faire la paix, a
considéré la décision d’Abou Mazen comme une affaire intérieure
du Fatah. Oussama Hamdane, le représentant du Hamas au Liban, a
qualifié l’événement de « pièce théâtrale ». En tous les cas, si
le président Abbas reste décidé à mettre un terme à son parcours
militant en tant que premier responsable palestinien, Israël et
les Américains auront perdu une occasion inouïe de faire la paix
avec les palestiniens par les moyens diplomatiques. cela
signifie l’échec de la politique de modération, qui,
automatiquement, devrait laisser la place à une autre qui
embrasera de nouveau la région.
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