Ghaza.
De notre correspondant
Ayant perdu la bataille politique
livrée à l’Autorité palestinienne et
son président, Mahmoud Abbas, dans
les couloirs de l’Unesco à Paris, et
mis sous pression par les factions
palestiniennes armées actives dans
la bande de Ghaza, le gouvernement
israélien se trouve aujourd’hui dans
une position peu enviable. Le vote
massif en faveur de l’admission de
la Palestine comme membre à part
entière par 107 voix pour, 52
abstentions et 14 voix contre (parmi
lesquelles les Etats-Unis,
l’Allemagne et le Canada) au sein
l’Organisation des Nations unies
pour l’éducation, la science et la
culture, lundi à Paris, a été
ressenti comme un échec cuisant par
les Israéliens et leurs alliés
américains.
Au lieu de
tirer des conclusions objectives de
cet événement, les Etats-Unis ont
réagi brutalement en mettant à
exécution leur menace de suspension
des subventions à cet organisme
culturel et éducatif mondial, soit
80 millions de dollars par an. Quant
à Israël, il n’a pas trouvé mieux
que de critiquer fortement l’Unesco.
Le vice-ministre israélien des
Affaires étrangères, Danny Ayalon, a
estimé que cette organisation
internationale est «devenue une
organisation politique en intégrant
en son sein un Etat qui n’existe
pas, à la suite du vote d’une
majorité automatique de ses
membres». Selon lui, «cette démarche
des Palestiniens prouve qu’ils ne
veulent ni la paix ni des
négociations mais entendent
perpétuer le conflit». Le Premier
ministre israélien, Benyamin
Netanyahu, a pour sa part indiqué,
dans son discours d’ouverture de la
nouvelle session de la Knesset,
lundi, qu’Israël «ne restera pas les
bras croisés».
Les moyens de pression israéliens
sur l’Autorité palestinienne sont
connus : privation des hauts
responsables palestiniens de cartes
VIP qui leur permettent de passer
facilement a travers les barrages
militaires israéliens, accélération
et renforcement des constructions
dans les colonies de Cisjordanie
occupée et particulièrement dans la
ville sainte d’El Qods et arrêt des
transferts de fonds qu’il collecte
pour l’Autorité palestinienne sous
forme d’impôts sur des produits
transitant via ses ports ou
aéroports vers la Cisjordanie et la
bande de Ghaza.
Retour à
la case départ ?
Dans cette
enclave palestinienne qui connaît
une escalade de la violence depuis
quelques jours avec 13 morts côté
palestinien, contre un Israélien tué
par des éclats d’une des dizaines de
roquettes tombées dans le sud de
l’Etat hébreu, le langage est tout
autre. A Ghaza, soumise à un
blocus inhumain depuis plus de cinq
ans, le gouvernement israélien
menace de mener une guerre totale
aux factions palestiniennes armées,
à leur tête le Jihad islamique. A en
croire les déclarations d’Avigdor
Lieberman, le ministre israélien des
Affaires étrangères, son
gouvernement est très près de mettre
un terme au régime du mouvement
Hamas, au terme d’une opération
militaire d’envergure semblable à
celle de l’hiver 2009.
Alors, que
peut faire exactement le
gouvernement israélien ? Arrêter
toute coopération avec l’autorité
palestinienne, avec tous les dangers
d’explosion en Cisjordanie ?
Réoccuper la bande de Ghaza de
laquelle il s’est retiré de façon
unilatérale ? Les deux cas de figure
sont matériellement possibles, mais
est-ce que l’Etat hébreu peut se
payer le luxe de ne plus avoir
d’interlocuteur palestinien
crédible ? C’est surtout à cette
question que doit réfléchir Benyamin
Netanyahu avant de se lancer dans
une aventure aux résultats
désastreux pour tout le monde.