Opinion
Honte à tous ces
vassaux arabes qui ont laissé la Libye tomber entre les mains de la barbarie
impérialiste.
Honte à eux, aujourd’hui, demain et
pour l'éternité !
Faouzia Zeddi-Ghorab
Mercredi 2 octobre
2011
Incapables d’avoir une analyse
politique à vision lointaine de ce que
se joue en ce moment ; vision dont nous
semblons terriblement manquer
puisque nous avons encore l’oreille
parasitée par le leitmotiv sans cesse
entendu et que nous répétons par
mimétisme telle une chorale de vierges
effarouchées : « la dictature
Kadhafi est enfin tombée, vive la
démocratie ! »
Et c’est ainsi que les discours
occultent, ici et là, les
60 000 morts des
bombardements « humanitaires » de
l'Otan, les dizaines de
milliers de vies brisées, de corps
déchiquetés, calcinés, et
éparpillés, et la destruction d’un
système politique social et économique
viable qui avait mis 40 longues années à
s’édifier .
Oui il pleure encore sur mon cœur comme
il a plu sur Misrata, Tripoli,
Syrte, Beb al Azizia, Majer,
Jeffra…
Oui il pleure encore sur mon cœur, et je
ne peux l’empêcher de pleurer la fin
d’une Libye libre et indépendante, qui
laisse la place à un pays de ruines dont
les râles des vieillards, des femmes et
des enfants, n’inquiètent ni les pays du
Golf ni aucun autre rentier d’un pétrole
qui a pris la funeste couleur du sang
des peuples opprimés et muselés.
De leur rente dépend leur survie
mesquine larvée, de reptiles sournois,
de cochons de Saint Antoine ou de
cloportes.
Aussi s’assoient-ils sur leur
butin tels des
hyènes, ou des chacals sur
leur proie ; proies de
charognards répugnants qu’ils partagent
avec leurs compères, prédateurs
occidentaux.
Ces rentiers d’Arabie, du Qatar, du
Bahreïn ou d’ailleurs, suintant
l’arrogante opulence, n’ont rien à
craindre car l’OTAN ne viendra jamais «
protéger » leur population contre
leurs indécentes postures et
leur morve tyrannie.
Et d’ailleurs pour être surs que rien ni
personne ne vienne discuter cette
usurpation de biens ainsi que
d’autorité, nos rentiers injectent et
disséminent, tel un cancer ou un virus
de contamination massive, un islam
infantile et infantilisant
où on craint Dieu comme on a peur
du méchant loup. Et où la mise sous
tutelle d’une autorité imamique, est une
mise sous tutelle ad vitam aeternam qui
ne permet aucune émancipation
libératrice à l’âge de la majorité ;
croyance mystico fétichiste qui nous
fait craindre en cas de rébellion ou de
désobéissance face à ces
« sacro saintes éminences », une
quelconque malédiction comme jadis le
gaulois craignaient que le ciel ne lui
tombe sur la tête.
Certes les fatwas et autres
avis ou commentaires ne
valent que pour ceux qui reconnaissent
l'autorité de celui qui les a faites,
mais tout de même, n’aurait-on pas pu
attendre des représentants d’une
institution européenne comme le CEFR par
exemple une prise de position autrement
plus ferme, plus critique et moins
puérile ?
Appeler, dans un langage
lyrico-pathétique pleins d’emphases, à
faire tomber les dictatures arabes est
une chose. Mais occulter et faire
l’économie d’une analyse pour éviter que
ces révolutions ne se transforment en
bain de sang ou ne soient
récupérées au final par ceux là même
qu’on a tenté de chasser, est un crime.
Ou encore, mais c’est d’autant plus
grave, appeler sans aucune autre forme
d’introduction à « détruire
les régimes terroristes de Bashar
Al-Asad, … et de Ali Saleh »
en interpellant ces gouvernements en ces
termes : Vous reprochez à Israël de
casser les os des enfants palestiniens
et vous faites pire à vos peuples
! » Quelle
irresponsabilité ! Quelle folie !
Non content de ne pas avoir condamné
fermement, sans ambages et sans
ambigüité, les bombardements de
l’Otan sur des populations civiles, on
emboite en Europe et en France, le
pas au discours propagandiste et
on offre par là même, une légitimité
religieuse au néocoloniasme dévastateur
au Yémen et en Syrie, prochain axe
otanesque du mal ! Nous serions gaulois,
nous y perdrions notre latin.
Même si « qui ne dit mot consent », il
eut été plus « courageux » de ne dire
mot.
Assis confortablement dans notre
Islam-bobo, calés dans nos canapés,
par la lorgnette du petit écran
et de nos canaux très hauts débits, nous
levons le point et commentons à tout va
« l’inertie, la lâcheté des peuples
opprimés, face à la tyrannie »,
alors que le combat du simple bulletin
de vote à glisser dans une
urne nous refusons désespérément de le
mener.
Le sang d’un être humain qui coule
ça n’est pas rien c’est le sang
de toute une humanité.
Le sang d’un seul être humain c’est le
sang de notre humanité qui se répand
dans les ruelles d’un monde déshumanisé.
Qui sommes-nous donc pour nous laisser
aussi facilement déshumaniser ?
A part les vœux pieux et les
incantations appelant à la malédiction
d’untel ou d’une telle,
quel moyen nous reste t’il
de sanctionner ces actes de
barbarie contre une population civile
entière au nom même de la
protection de la dite population
contre la barbarie ?
Autrement dit comment sanctionner
Sarkozy en tant que chef d’Etat et chef
des armées ?
En tant que chef politique, lui
permettre de prolonger son mandat
présidentiel de cinq autres longues
années, relèverait de
« complicité de crime contre
l’humanité »
Mais permettez moi d’ouvrir une
parenthèse et d’imaginer le scénario
suivant : Nicolas Sarkozy/ Marine Le Pen
au deuxième tour des élections
présidentielles de 2012, serions-nous
prêts à reconduire Sarkozy ?
Quant à Sarkozy chef des armées, un jour
ou l’autre une enquête sérieuse et
transparente verra le jour et les Hommes
tout autant que l’Histoire temoigneront.
Ni l’opinion publique française ni
l’opinion publique internationale n’est
dupe. Partout l’indignation gronde et
les vents de révolte soufflent et exhale
le vent chaud de la justice, de la
liberté et de la dignité retrouvée.
Les peuples de part le monde refusent
désormais d’être la proie de rabattage à
chaque période électorale ; rabattage
qui a parfois lieu même dans des lieux
de recueillement comme les mosquées.
Les peuples d’Est et d’Ouest ne sont
plus dupes des structures et autres
institutions de diversion qui sous
l’apparence de défense des droits ou des
particularismes des uns et des autres
sont les rouages de ce même système
qui imagine tous les moyens
possibles pour racoler ou anesthésier
les esprits.
Le peuple libyen est aujourd’hui
orphelin. Il est orphelin du guide de sa
révolution. Il est
orphelin des pays arabes. Il est
orphelin de lui-même. Il est orphelin de
nous.
Mais c’est un peuple fort. C’est un
peuple fier. C’est un peuple digne C’est
le peuple de Omar el Mokhtar et de
Abdessalam Abou Maniar.
Il se relèvera. Il renaitra de ses
cendres et le monde pliera sous sa
volonté de souveraineté
comme il plie aujourd’hui devant la
résistance du peuple palestinien qui a
trouvé sa place parmi les pays membres
de l’UNESCO, une victoire certes infime
mais qui a nécessité de longues années
de sang, de larmes et de ténacité.
Sais-tu où s’étend la plus stérile des
terres?
Sais-tu où le plus sanguinolent des
soleils darde ses rayons?
Des mères, les sanglots,
Des épouses, la douleur :
Voilà les cadeaux que fait
Cette Afrique d’or.
Tripoli, sol de douleur,
Que ma chanson éplorée te parvienne
Que claque le beau drapeau tricolore,
Tandis que tombent les morts,
Au grondement du canon.
Vers toi, marin,
Vogue, triste, ma pensée,
Sauve ta peau
Si tu le peux, bersaglier,
Va, et espère en la victoire,
Soldat, car, en Italie,
Il y a des planqués qui mangent pour
deux.
Tripoli, sol de douleur,
Que ma chanson éplorée te parvienne !
Que claque le beau drapeau tricolore,
Tandis que tombent les morts,
Au grondement du canon !
Hymne à Tripoli
[anonyme – vers 1911]
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