Opinion
1027 combattants
pour un criminel : la victoire de la
résistance
Fadwa
Nassar
Photo: CPI
Mercredi 12 octobre
2011 C’est au cours de la
soirée que la nouvelle est tombée :
l’accord d’échange entre la
résistance palestinienne, en
l’occurrence les Brigades d’al-Qassam
qui la représente, et les sionistes,
concernant l’échange des
prisonniers, a finalement abouti.
Aussitôt la nouvelle annoncée, que
les chaînes télévisées
palestiniennes arrêtaient toutes
leurs programmations pour passer,
outre le discours du chef du bureau
politique du Hamas, Khaled Mecha’al,
à ce propos, toutes les informations
circulant et publiées au fur et à
mesure, dans les médias
électroniques, internationaux,
sionistes et arabes, sans oublier
les interviews avec les membres des
familles des grands chefs résistants
détenus dans les prisons sionistes.
Puis, ce fut le déferlement dans les
rues de Gaza d’une population
assiégée qui a, à juste titre,
considéré cette victoire comme étant
la sienne, puisque la bande de Gaza
a dû subir deux attaques sionistes,
la première au lendemain du
kidnapping en 2006 par la
résistance, du soldat sioniste, du
haut de son char, qui a duré une
dizaine de jours, et la seconde, en
décembre 2008, dans une vaine
tentative de récupérer le soldat
kidnappé. La population de Gaza fut
la première à se réjouir de
l’accord, couronnement de ses
souffrances et de leurs sacrifices
et couronnement de sa fidélité à la
voie de la résistance. Devant des dizaines
de milliers de citoyens, le premier
ministre Ismaël Haniyyé et
le porte-parole du gouvernement, M.
Hayya, ont remercié tous les
Palestiniens, les Arabes et les
populations libres dans le monde qui
ont gardé foi dans la résistance du
peuple palestinien et qui le
soutiennent dans sa lutte de
libération nationale, contre
l’ennemi sioniste et ses complices
dans le monde. Un immense
remerciement fut exprimé au
gouvernement égyptien, à la nouvelle
république égyptienne qui a su
protéger les intérêts palestiniens
au cours des négociations avec les
sionistes. En ce sens, il s’agit
d’un des premiers grands acquis de
la révolution du peuple égyptien,
qui a renversé Moubarak et son
équipe. Ces derniers avaient en
effet, tout au long des années
précédentes, fait plutôt pression
sur la résistance palestinienne pour
l’obliger à accepter les conditions
sionistes, sous le prétexte que la
résistance ne pourrait obtenir plus.
Mais la résistance avait tenu ferme.
Des analyses expliquent par ailleurs
l’acceptation par les sionistes de
l’accord, qui reprend les
revendications palestiniennes dans
leur ensemble, par leur crainte de
voir le régime égyptien basculer
vers une hostilité plus grande
envers l’entité de l’occupation,
après les élections, mettant fin à
Shalit, qui suivrait le chemin de
Ron Arad, l’aviateur sioniste tombé
sur le sol libanais et jamais
retrouvé depuis. Le prix payé par le
peuple palestinien pour faire
aboutir l’accord, dans les termes
même de la résistance, fut très
élevé. Le peuple palestinien, et
notamment dans la bande de Gaza, a
supporté toutes les souffrances dues
au siège criminel, des dizaines de
députés ont été arrêtés et certains
le sont encore, les prisonniers ont
assisté à la détérioration de leurs
conditions de détention par suite de
mesures « légalisées » par
l’occupation contre eux. Cet accord d’échange
représente une victoire pour la
résistance palestinienne et pour
tous ceux qui ont eu foi dans la
voie de la résistance. Pour la
première fois, si l’accord est mené
à son terme, les sionistes seront
obligés de libérer des prisonniers
issus des territoires occupés en 48
et des prisonniers d’al-Qods, ce
qu’ils avaient jusqu’à présent
refusé, notamment depuis la dernière
opération d’échange en 1985, al-Nawras.
Et même à cette occasion, rappelle
la sœur du prisonnier maqdisi Fouad
Razzaz, doyen des prisonniers d’al-Qods
et appartenant au Jihad islamique,
les occupants sionistes l’ont remis
en cellule après l’avoir conduit
jusqu’au bus devant le transporter
avec les autres prisonniers. C’est
dire que les sionistes n’ont aucune
parole, et que tout accord avec eux
doit être surveillé de près, pour
empêcher un retournement de dernière
minute. D’ailleurs, les membres des
familles des prisonniers qui se sont
exprimées au cours de cette longue
nuit ayant suivi l’annonce de
l’accord ont exprimé leur grande
joie d’abord, puis leur crainte que
les sionistes ne mettent des bâtons
dans les roues, dans cet accord,
réclamant à la résistance d’être
fermement sur ses gardes pour
empêcher un tel retournement. Lors de son
discours, Khaled Mecha’al a souligné
que cet accord d’échange est une
victoire pour l’ensemble de la
nation et du peuple palestinien, en
espérant que ceux qui sont habitués
à critiquer incessamment le Hamas
puissent le comprendre également
ainsi. Il y a plusieurs années déjà,
en 2006, le dirigeant de la
résistance islamique au Liban,
sayyid Hassan Nasrullah, avait
offert la victoire de cette dernière
à tous les Libanais et êtres libres
de ce monde. Certains avaient refusé
cette victoire et ont voulu aider
les occupants et leurs complices à
détruire la résistance et ses
victoires. En espérant que du côté
palestinien les choses n’aillent pas
aussi loin par les détracteurs de la
résistance, il faut cependant
s’attendre à des mises en doute, des
critiques et même des surenchères,
ce qui fait partie de la nature des
choses, malgré l’unité sur le
terrain manifestée par le peuple
palestinien dans le soutien à la
grève des prisonniers, en l’absence
d’une unité de programme et de
stratégie de lutte contre l’entité
de l’ennemi. La grève de la faim
menée par les prisonniers
palestiniens dans les geôles de
l’occupation a montré la voie de
l’unité et celle de la résistance,
tout comme elle a réussi à ébranler
les murs des prisons de
l’occupation. La solidarité autour
des prisonniers en grève, que ce
soit dans les territoires occupés en
67, en 48 ou dans l’exil, et la
participation active à des grèves de
la faim, à Haïfa, à Nasra, et
aujourd’hui à Umm al-Fahem, pour ne
citer que les territoires occupés en
48, promet une victoire des
prisonniers, qui devra s’ajouter à
celle obtenue par l’accord
d’échange. Cet accord d’échange
ne libère que 1027 prisonniers sur
environ 6500 prisonniers, détenus
dans les prisons sionistes. D’ores
et déjà, d’après les déclarations du
chef des Brigades d’al-Aqsa et de
Khaled Mecha’al, nous savons que
seront libérées toutes les
combattantes, y compris celles
condamnées à des perpétuités, comme
Ahlam Tamimi, Qahira Saadi, Mouna
Amné, que les sionistes avaient
refusé auparavant de libérer. Seront
également libérés tous les
prisonniers enfants et âgés, ainsi
que les prisonniers souffrant de
graves maladies. 450 combattants
appartenant à toutes les formations
et à toutes les régions, même
arabes, condamnés à plusieurs
perpétuités et/ou considérés comme
anciens prisonniers (plus de 20 ans
de prison) feront partie du premier
groupe en échange de l’arrivée du
soldat sioniste en Egypte ou en
Allemagne. Deux mois plus tard, 550
prisonniers aux condamnations moins
lourdes seront libérés, d’après
l’accord d’échange. Parmi les 450
combattants qui seront libérés,
figurent les dirigeants des
mouvements de la résistance.
Certains, avec leur accord, seront
déportés (environ 200) soit vers
Gaza soit vers des pays arabes.
C’est, d’après la résistance, le
seul point sur lequel elle a reculé
face aux sionistes, qui réclamaient
la déportation des 450 combattants. Reste finalement la
question : à quand le prochain
kidnapping de soldats sionistes ?
Car tant que les combattants de la
liberté sont détenus par l’état
colonial, et comme cela a été prouvé
plusieurs fois, tout au long de ce
conflit, seul l’échange contre des
sionistes kidnappés est en mesure de
libérer les prisonniers.
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