Opinion
La crise
structurelle de l'Etat sioniste
Fadwa Nassar
Jeudi 11 octobre
2012 Le premier ministre
de l’Etat sioniste a décidé de
procéder à des élections
législatives anticipées, qui se
dérouleraient, selon lui, au mois de
janvier prochain. La raison directe
de cette décision est
l’impossibilité de voter le budget
2013, sur fond de préparatifs ou
plutôt d’appels à la guerre tous
azimuts. Il ya quelques mois, le
risque d’élections législatives
anticipées a été évité de justesse,
le temps d’un congé pour enterrer la
mère du premier ministre. Ce court
laps de temps a servi à Shaul Mofaz,
le juif iranien émigré dans la
colonie sioniste, de retourner sa
veste, après avoir pris la direction
de Kadima, et de rallier le
gouvernement sioniste, en espérant
grignoter quelques avantages, pour
les futures élections. Pure perte,
puisque l’alliance n’a duré que le
temps d’une querelle à propos du
service militaire des juifs
orthodoxes, service refusé par
l’alliance des partis ultras,
principal soutien de Netanyahu dans
le gouvernement sioniste actuel. Cet imbroglio de
surface traduit cependant la crise
structurelle de l’Etat sioniste,
dont le gouvernement fragile n’est
qu’un de ses aspects les plus
marquants. Etat guerrier par
excellence, l’Etat sioniste ne peut
admettre la présence de puissances
ou forces dans la région, qui
échappent à son contrôle. S’il a pu,
depuis la création de son entité et
l’expulsion de plus que la moitié du
peuple palestinien, maintenir son
contrôle sur la région par ses
alliances (Iran du Shah et Turquie
avant le régime actuel) et la
présence de régimes arabes dominés
par les puissances impériales, et la
faiblesse de la résistance
palestinienne, ce n’est plus le cas
aujourd’hui, et notamment depuis
2000. Depuis cette date, et malgré
les apparences, l’Etat sioniste est
en chute libre. Ses deux « aventures
» militaires pour détruire la
résistance dans la région ont
échoué. Armé jusqu’aux dents, il ne
peut plus lancer de guerres, ni contre le
Liban (pour frapper la résistance
islamique du Hezbollah), ni contre
la bande de Gaza (pour frapper la
résistance palestinienne) ni contre
l’Iran, alors que sa mission
première est d’assurer la domination
impériale dans la région, donc la
destruction de toute force opposée à
sa présence et à la présence de ses
alliés américain et européen. Les manœuvres
militaires conjointes avec les
Etats-Unis se multiplient, les armes
les plus sophistiquées lui
parviennent à chacun de ses
éternuements (chantage à
l’antisémitisme ou autres), mais que
faire de tout cela ? Après 2006 et
2008, et après ses dernières
attaques contre Gaza, l’Etat
sioniste a réalisé que toute attaque
sera immédiatement suivie d’une
riposte. Il y a quelques mois, le
mouvement du Jihad islamique avait
riposté, seul, contre les
bombardements sionistes, obligeant
les colons de plusieurs colonies
situées au sud de la Palestine
occupée à vivre dans les égoûts. Il
y a quelques jours, et après un long
travail de coordination, le
mouvement du Jihad islamique et le
Hamas ont riposté ensemble au
bombardement sioniste, faisant
comprendre à l’agresseur que le
temps où il comptait sur les
différences entre les mouvements de
la résistance, est révolu.
Considérée comme le « point faible »
du front de la résistance, la bande
de Gaza a prouvé sa capacité, et les
résistants ont instauré un «
équilibre de la terreur » avec
l’ennemi, selon lequel les sionistes
doivent soigneusement évaluer toute
attaque d’envergure et calculer
leurs pertes et leurs gains, avant
de se lancer dans toute aventure.
C’est également cette équation qui
prévaut quant au Hezbollah et à
l’Iran (mais c’est aussi celle qui
doit prévaloir quant à la ville
d’al-Qods). L’Etat guerrier
sioniste vit dans la crainte de
l’avenir. Les peuples de la région,
par principe, refusent sa présence
et souhaitent une Palestine libre et
le retour des réfugiés dans leur
patrie. Il ne doit sa survie,
jusqu’ici, qu’à la collaboration de
certains Etats arabes et musulmans
avec l’impérialisme américain et
même européen et aux intérêts
stratégiques dans la région de ceux
qui se font passer pour être « la
communauté internationale ».
Craignant pour son avenir, l’Etat
sioniste planifie ses conquêtes mais
panique devant tout changement. Or,
depuis plus d’un an, la région est
entièrement bouleversée. Ses
meilleurs amis arabes ont été mis à
la porte (Moubarak et Ben Ali) et
l’inconnu plane sur toute la région.
Quelle sera la place de la Palestine
et du conflit arabo-sioniste dans
les futurs régimes mis en place ? Si
les peuples arabes ne le savent pas
non plus, il n’en demeure pas moins
que c’est le régime sioniste qui
panique le plus, parce qu’il est, au
fond, l’acteur le plus fragile dans
la région. C’est pour ces
raisons que des élections
législatives anticipées ne
changeront que peu de choses sur la
scène sioniste. Que les ultras ou
les « modérés » gouvernent, que
Lieberman le russe ou Mofaz
l’iranien l’emportent, que Livni ou
Barak, les meurtriers du Mossad,
accèdent au gouvernement, les
changements qui risquent d’avoir
lieu ne peuvent plus stabiliser le
régime sioniste. Ses crises internes
dues aux normes imposées par la
mondialisation économique et
financière, ses divisions
socialo-ethniques qui le traversent,
ses problèmes dûs à son identité
imprécise et non définie (religieux
et laïcs), son racisme inhérent à sa
nature, tout cela s’ajoute au fait
qu’il ne peut plus s’aventurer dans
une guerre (le drone qui a circulé
plus de 20 minutes en Palestine
occupée a déstabilisé son
état-major) sans qu’il n’en ressente
profondément les conséquences et
qu’il craint tout imprévisible,
alors que nous vivons à présent dans
l’ère de l’imprévisible.
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