Prisonniers palestiniens
Mahmoud Sersek,
l'honneur du sport palestinien
Fadwa
Nassar
Lundi 11 juin 2012 Il en est à presque
trois mois de grève de la faim pour
revendiquer le droit d’être libre,
le droit de se déplacer dans sa
patrie, le droit d’être un
footballeur palestinien. C’est
l’histoire de Mahmoud Sersek,
Palestinien de la bande de Gaza,
faisant partie de l’équipe nationale
de football, que l’occupant sioniste
a arrêté alors qu’il se dirigeait
vers Nablus, pour former les jeunes
du camp de réfugiés de Balata à ce
sport favori parmi les jeunes et les
moins jeunes. Mahmoud Sersek a
aussitôt été accusé par l’occupant
d’être un « combattant illégal »,
nom donné aux Palestiniens de Gaza,
et condamné à la prison, sans aucune
charge contre lui.
Mahmoud Sersek a
entamé la grève de la faim, suite au
mouvement déclenché par le moujahid
Khodr Adnan, pour réclamer la fin de
la détention administrative, la
suppression de la catégorie «
combattants illégaux » et sa
libération immédiate. En ajoutant
une nouvelle catégorie de
prisonniers, l’entité coloniale
sioniste poursuit sa tentative
d’effriter le peuple palestinien, et
notamment les prisonniers qu’elle
détient : la catégorie des «
combattants illégaux » concerne à
présent les Palestiniens prisonniers
de la bande de Gaza, après la guerre
meurtrière lancée par l’occupant
contre ce territoire en 2008-2009.
Pour les sionistes, tout Palestinien
de Gaza arrêté après 2009 est classé
dans la catégorie « combattants
illégaux ». Mais cette catégorie de
prisonniers avait été inaugurée en
2002 par l’occupant pour justifier
et légaliser la détention, après
2000, de prisonniers libanais, alors
qu’aucune charge n’avait été retenue
contre eux. Mahmoud Sersek n’a
pas arrêté sa lutte, lorsque
l’accord imprécis entre les
autorités carcérales, les services
de renseignements sionistes d’une
part et le médiateur égyptien et la
direction du mouvement des
prisonniers d’autre part, a été
conclu, au début du mois de mai. Cet
accord qui a permis la fin de
l’isolement des dirigeants de la
résistance palestinienne isolés,
certains depuis une dizaine
d’années, dans les bas-fonds des
prisons sionistes, n’a été que la
confirmation de ce qui avait été
signé au mois d’octobre dernier,
lors de l’accord d’échange appelé «
fidélité des êtres libres », que le
nouveau pouvoir égyptien avait
supervisé. Mais les termes du nouvel
accord, signé au mois de mai, est
resté très imprécis en ce qui
concerne les détenus administratifs,
et n’aborde aucunement le sort des «
combattants illégaux » dont fait
partie Mahmoud Sersek. Si les prisonniers
Bilal Diab et Thaer Halahla (libéré
il y a quelques jours), ainsi que
Jaafar Izzidine et Mahmoud Safadi,
tous détenus administratifs, ont
arrêté leur grève suite à
l’intervention du comité directeur
des prisonniers, dont le prisonnier
administratif et membre de la
direction politique du Jihad
islamique, Bassam Saadi, il n’en a
pas été de même pour Mahmoud Sersek
et Akram Rikhawi, qui réclame de son
côté sa libération immédiate à cause
de son état de santé, alors qu’il a
passé 9 ans dans les prisons de
l’occupation.
Les prisonniers de
la catégorie « détenus
administratifs » ont obtenu, suite
au mouvement de grève de la faim,
qui a suscité un formidable élan
populaire de solidarité parmi les
Palestiniens, que les prisonniers
grévistes soient libérés après la
fin de la période de détention en
cours, et qu’elle ne soit pas
renouvelée, comme le fait d’habitude
l’occupant. Tout comme les sionistes
avaient promis de revoir tous les
dossiers des détenus administratifs
avant de renouveler leur détention.
En réalité, et dans les faits,
l’occupant sioniste n’a pas
l’intention d’appliquer les termes
de l’accord, sauf si des pressions
sont exercées dans ce sens, que ce
soit par la mobilisation populaire,
en Cisjordanie surtout, ou par la
mobilisation internationale, que ce
soient les opinions publiques ou les
organisations internationales. La
preuve en est que le lendemain de la
signature de l’accord, plus de dix
prisonniers administratifs ont vu
leur détention renouvelée, sans
étude de leur cas, et même le
dirigeant Bassam Saadi, qui avait
participé aux négociations avec la
direction carcérale, a été la
victime de cette fourberie sioniste.
D’ailleurs, la
famille de Thaer Halahla a craint
que leur fils ne soit pas libéré, et
il a fallu que ce dernier soit parmi
eux, et dans le foyer familial, pour
réaliser que sans la pression
populaire, Thaer n’aurait pas été
libéré, comme le prévoyait l’accord,
car comme l’affirme le père de Thaer,
« l’ennemi n’a aucune parole ».
C’est d’ailleurs une des leçons
retenue par le peuple palestinien,
les prisonniers et la résistance
palestinienne. A tous les moments et
à tous les instants, il faut
maintenir la pression, populaire et
militaire, pour que l’ennemi
sioniste « honore » les accords
qu’il signe. Le mouvement du Jihad
islamique a d’ailleurs mis en garde
l’occupant : si Mahmoud Sersek
venait à succomber, les brigades de
Saraya al-Quds entreraient en
action. D’ailleurs, même concernant
les prisonniers isolés, Darrar Abou
Sissi, enlevé en Ukraine par le Shin
Bet sioniste et accusé d’appartenir
au Hamas, est toujours en isolement
et ce, malgré l’accord patronné par
le nouveau pouvoir égyptien.
Au moment où des
prisonniers palestiniens poursuivent
la grève de la faim, comme Mahmoud
Sersek, qui a été emmené d’urgence à
l’hôpital à cause de la
détérioration de son état de santé,
au moment où des prisonniers
réclament leur dignité, comme Lina
Jarbouni, qui a réclamé le retour en
cellule plutôt que de subir les
exactions et pressions à l’hôpital
où elle avait été emmenée, pour être
soignée d’urgence, au moment où les
prisonniers détenus administratifs
voient leur détention renouvelée à
la chaîne, par mesure de vengeance
envers le mouvement des prisonniers
dans son ensemble, l’opinion
internationale, et notamment arabe,
suit passionnément les matchs de
foot, oubliant ou négligeant la
lutte menée par un champion
palestinien, que l’occupant sioniste
emprisonne tout simplement parce
qu’il est Palestinien de la bande de
Gaza. Malgré tout, Mahmoud Sersek,
fidèle à la lutte de son peuple et
fidèle au sacrifice des martyrs et
des prisonniers, obtiendra la
victoire. Martyr ou vivant, Mahmoud
Sersek représente cette jeunesse
palestinienne, fière et digne, qui
réclame la liberté de son peuple et
de sa patrie. Aux côtés de ses
frères de combat, Mahmoud Sersek a
réussi à modifier l’image que
l’Autorité palestinienne a voulu
donner de la jeunesse palestinienne
et a réussi à prouver que la
jeunesse palestinienne aujourd’hui
est à la pointe du combat contre
l’occupation.
Lina, Mahmoud, Akram,
Bilal, Thaer, Khodr, voici les
représentants de la jeunesse
palestinienne qui refuse de se plier
aux ordres de l’ennemi et qui est
prête à tous les sacrifices pour la
liberté et la dignité de son peuple.
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