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Opinion
Fronde palestinienne
contre l'UNRWA
Fadwa Nassar
Mercredi 2 mars 2011
La récente
décision adoptée par l’UNRWA d’inclure le thème de
« l’holocauste » comme matière d’enseignement dans ses écoles
suscite de vives réactions parmi les Palestiniens. Organisme
chargé par l’ONU d’aider les réfugiés palestiniens à vivre dans
les camps qu’il gère, le temps qu’ils retournent au pays, à
leurs terres et leurs biens, l’UNRWA a décidé de passer outre sa
mission et d’exploiter sa situation de responsable de ces camps
supposés être momentanés, pour intervenir politiquement dans la
conscience palestinienne.
Plusieurs
organisations palestiniennes ont d’ores et déjà refusé cette
mascarade onusienne et s’apprêtent à l’affronter. Dans la bande
de Gaza, le gouvernement palestinien l’a refusée et a réclamé à
la fois aux enseignants et aux élèves, de la refuser. Il semble
peu probable que l’UNRWA puisse appliquer son nouvel
enseignement dans les camps palestiniens en Syrie ou même au
Liban à cause de la situation politique dans ces pays.
De même, la
nouvelle situation politique en Jordanie laisse peu d’espoir à
la possibilité de l’appliquer, d’autant que les Jordaniens
réclament à présent, dans leurs manifestations, l’annulation des
accords « de paix » (Wadi Araba) entre le régime jordanien et
l’entité sioniste, tout comme ils réclament la libération des
prisonniers politiques jordaniens, et en premier lieu le soldat
jordanien qui a tiré sur des touristes « israéliens »,
protestant contre la normalisation des relations entre son pays
et l’entité sioniste.
Il faut dire que
cette nouvelle directive de l’UNRWA s’inscrit à la fois dans sa
nouvelle vision de la carte politique de la région, puisque les
nouvelles cartes de la région émises par cet organisme (qui
veulent montrer ses lieux d’intervention) ont effacé la
Palestine, au détriment des territoires de la Cisjordanie, de la
bande de Gaza et de l’entité sioniste. Elle s’inscrit également
dans une politique onusienne très fortement marquée par un
esprit américano-sioniste, puisque même l’UNESCO, organisme
chargé de défendre la pluralité culturelle dans le monde et la
défense du patrimoine de l’humanité, avait décidé d’introduire
cette matière de « l’holocauste » dans ses interventions auprès
des pays arabes. De plus, l’UNESCO participe, aux côtés de
l’entité sioniste, à la modification des programmes scolaires en
Jordanie, pour faire admettre la présence de l’Etat sioniste
dans la région.
Bref, l’ONU a
décidé de modifier et de polluer l’esprit et la conscience
arabes, forgées dans la lutte contre toutes les interventions
étrangères. Au sein des Palestiniens surtout, pour leur faire
admettre la présence de l’entité sioniste qui serait née pour
réparer les crimes des nazis européens et non pas pour être une
tête de pont de l’impérialisme, planté dans le cœur du monde
arabe et devenir une colonie de peuplement en Palestine au
détriment du peuple autochtone.
L’introduction
de l’enseignement de l’holocauste dans les écoles de l’UNRWA est
perçue comme une nouvelle provocation sioniste, non pas parce
que les Palestiniens ne croient pas à cette partie de l’histoire
européenne, mais parce qu’ils pensent que la décision est
surtout politique et qu’elle s’inscrit dans un processus
colonial voulant obliger la victime à reconnaître la légitimité
du bourreau. Les nombreuses déclarations et les articles parus
récemment dans la presse, qui fustigent une telle décision,
soulignent que l’UNRWA ou l’UNESCO ou tout autre organisme
onusien ferait bien mieux de mettre l’accent sur les crimes
sionistes en Palestine occupée, sur la politique de nettoyage
ethnique et religieux menée dans plusieurs villes et régions
palestiniennes par l’occupant sioniste, sur la destruction du
patrimoine de l’humanité en cours dans la ville d’al-Qods et
d’al-Khalil, en Cisjordanie, sur la destruction de la présence
palestinienne dans al-Jalil et al-Naqab, dans la Palestine
occupée en 48, sur les mesures racistes et d’apartheid adoptées
par le gouvernement sioniste actuel, bref, une politique
systématique qui bafoue les droits humains et universels adoptés
par l’ONU.
Au-delà de cette
politique de normalisation avec l’ennemi que l’ONU a décidé de
faire adopter par les peuples arabes, et surtout le peuple
palestinien, c’est surtout la volonté impérialiste d’en finir
avec la question des réfugiés palestiniens qui se profile, non
pas par l’application des décisions de l’ONU concernant le droit
au retour des réfugiés dans leur pays, leurs maisons et leurs
terres spoliées par les envahisseurs sionistes, mais en faisant
pression sur les Etats arabes pour les maintenir et les intégrer
dans les pays d’accueil, selon la vision sioniste que les
puissances occidentales ont d’ores et déjà adoptée.
Il n’est plus
besoin de montrer la participation active de l’ONU et de ses
organismes dans le maintien et le renforcement de la domination
impérialo-sioniste sur la région. D’ailleurs, les peuples arabes
en ébullition et en révolte savent qu’ils ne peuvent compter sur
ce qui se fait appeler « communauté internationale » pour
instaurer la justice et la dignité humaine, et que derrière
toute déclaration ou geste de sa part (que ce soit l’ONU ou les
puissances impériales) se profile la volonté de maintenir un
ordre de domination et d’exploitation. C’est sur leurs propres
forces et leur solidarité réciproque qu’ils comptent pour
renverser des régimes qui furent les premiers à vendre les pays
aux plus offrants et à détourner les peuples arabes de la
libération de la Palestine.
C’est pourquoi les
décisions de l’ONU, par organismes interposés, que ce soit
l’UNRWA ou l’UNESCO, risquent d’être jetées à la poubelle par
les peuples arabes décidés d’instaurer une nouvelle vision de
l’histoire et de l’avenir, où l’entité sioniste n’a aucune place
dans la région. Le cours de l’histoire, grâce aux sacrifices des
peuples arabes, est en train de changer et le peuple palestinien
ne sera plus seul pour affronter les crimes sionistes ni pour
s’opposer aux décisions hypocrites et injustes de l’ONU et de
ses organismes.
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