Après “Serval”, l'opération “Panthère”
La vraie guerre ne
fait que commencer au Mali
Djamel
Bouatta
Photo :
Gerard Julien/AFP
Samedi 23 février
2013 Pour le
ministre français de la guerre,
Jean-Yves Le Drian, le conflit dans le
Nord-Mali est entré dans sa phase
finale ! Mais il refuse de se prononcer
sur sa durée. On sait que l’échéance ne
sera pas le printemps, comme l’avait
avancé son homologue des Affaires
étrangères.
Toujours le ministre de la guerre : la
phase finale de l’intervention militaire
française représente la “partie le plus
difficile et devrait durer un certain
temps”. Aux opérations qui se déroulent
aux frontières avec la Mauritanie,
l’Algérie et le Niger, s’ajoutent
d’autres menées dans et autour des
villes et agglomérations “libérées”, au
pas de charge, les unes après les
autres, ces dernières semaines. En
effet, alors que la fuite des
djihadistes avait laissé penser que la
victoire était proche, voilà que
s’interrogent sérieusement des experts
militaires français inquiets par la
contre-offensive d’Aqmi, Ansar Dine et
Mujao.
Ces franchises d’Al-Qaïda ont certes
fait fuir le gros de leurs éléments vers
l’extrême nord où elles ont régné en
maître, mais non sans avoir laissé des
cellules dormantes dans les localités où
elles avaient sévi durant huit à dix
mois, avant l’intervention française.
Les combats apparemment auraient
également repris dans les zones que
l’opération “Serval” avait libérées.
C’est d’ailleurs ce qui explique la
subite discrétion des responsables
français sur ce qui se déroule dans le
nord Mali. Les rares sorties de François
Hollande, Jean-Yves Le Driant et Laurent
Fabius sont le plus vague possible : pas
de chiffres, ni d’objectifs atteints et
encore moins d’échéances. Leur seul
leitmotiv : “Il faut sécuriser ce
territoire, et là, notre mission sera
achevée.” A Gao, les islamistes du Mujao
semblent y être retranchés et livrent,
selon des témoignages concordants, leur
baroud d’honneur. Des accrochages ont
également eu lieu à la mairie et au
palais de justice de la ville.
L’insécurité a gagné Kidal, la grande
ville de l’extrême nord, entre les mains
d’Aqmi avant l’arrivée des forces
françaises.
Un véhicule a explosé près d'un camp
militaire occupé par des soldats
français et tchadiens. Les forces
spéciales françaises découvrent donc les
attentats suicide, les opérations de
harcèlement et des accrochages, modes
opératoires dans lesquels excellent les
djihadistes.
Le dilemme pour la France est dans ce
partage imposé entre la réapparition de
combats dans les vastes zones libérées
des gros effectifs djihadistes qui s’y
étaient implantés après le coup d’Etat à
Bamako au printemps dernier et la
proclamation par les Touareg du MNLA de
l’Etat de l’Azawad, et la poursuite de
l’opération “Serval” dans l’extrême nord
du Mali.
C’est-à-dire terminer le travail dans
les Ifoghas où les islamistes se sont
réfugiés et sécuriser les zones
libérées. Le ministère de la guerre
française a, du reste, changé le nom de
code de son intervention dans le nord
Mali. L’opération “Serval”, qui a
consisté à arrêter les islamistes dans
leur progression vers Bamako et à les
chasser du Nord, fait place à
l’opération “Panthère” dont l’objectif
est de nettoyer les Ifoghas.
C'est d’ailleurs dans une de ces
opérations qu’une seconde victime
française de l’intervention décidée par
François Hollande a trouvé la mort
mardi. Il faisait partie d'une section
de commandos parachutistes partie en
mission de reconnaissance dans ce massif
des Ifoghas, à une cinquantaine de
kilomètres au sud de Tessalit, où sont
stationnés des éléments du 1er régiment
d'infanterie de marine (Rima)
d'Angoulême, dont beaucoup ont fait
l’Afghanistan. La situation dans le nord
Mali rappelle d’ailleurs l’Afghanistan,
avec l’exposition de commandos équipés
par le nec plus ultra de la technologie
de guerre à des combattants islamistes
armés de moyens de guerre
conventionnels, mais souvent d'une
redoutable efficacité.
Il reste évidemment que c’est une guerre
asymétrique, des kalashs et roquettes
contre des patrouilles blindées truffées
d’électronique, appuyées par des
hélicoptères Tiges et des Mirage 2000D.
Sans compter les yeux de drones
américains dont la base est établie au
Niger, vers la frontière avec le Mali et
l’Algérie.
Selon l'état-major français qui
communique très rarement sur le nombre
de morts dans les forces ennemies, une
vingtaine d'éléments terroristes
auraient été “neutralisés” ces dernières
48 heures.
L’autre nouveauté de la semaine est que
la France va enfin pouvoir souffler.
L’Union européenne va enfin former
l’armée malienne. Le général François
Lecointre a déclaré que la mission
européenne chargée de former l’armée
malienne qu’il dirige débutera le 2
avril : près de 200 formateurs des 16
pays de l’UE vont arriver au Mali pour
participer à la mission qui coûte 12,3
millions d’euros. La mission comportera
également des cours sur les droits de
l’homme, le droit international
humanitaire et la protection des civils
ainsi que les règles de conduite interne
et le contrôle des forces armées par le
pouvoir civil.
Le général a, par ailleurs, appelé le
gouvernement malien à équiper son armée
comme il se doit, car, d’après lui,
cette armée est encore plus pauvre que
l’Etat qu’elle protège.
En outre, elle doit impérativement
arrêter les exactions qu’elle fait subir
aux populations du Nord, sous le
prétexte fallacieux que celles-ci, les
Touareg et les Arabes, auraient été
solidaires des djihadistes !
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Publié le 23 février 2013 avec l'aimable
autorisation de Liberté Algérie.
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