Rompant avec Damas pour plaire aux
Occidentaux
Mohamed Morsi
tente de replacer l'Égypte
Djamel
Bouatta
Mardi 18 juin 2013
Il n’y a pas à dire, la décision de
Mohamed Morsi, président issu des Frères
musulmans, de rompre les relations
diplomatiques de l’Egypte avec la Syrie
s'accorde avec la politique occidentale.
En clair, c’est pour faire plaisir aux
grandes capitales occidentales qui le
regardent depuis l’automne dernier sous
son véritable angle, à savoir un
président au service de l’idéologie
islamiste qui anime son parti, héritier
et porte-voix de la confrérie des Frères
musulmans. Sa décision, qui, au
contraire, va à l’encontre des intérêts
stratégiques de l’Egypte, est d’ailleurs
intervenue après que les Etats-Unis ont
approuvé la fourniture d'armes à
l'opposition syrienne. Plus est encore,
Morsi a également annoncé qu’il
s’accorde totalement sur l’imposition
d’une zone d’exclusion aérienne en
Syrie. Ce faisant, il serait ainsi prêt
à ouvrir l’espace aérien de son pays et
ses aérodromes militaires aux avions de
chasse de l’Otan qui seraient mobilisés
pour chasser l’administration de Bachar
Al-Assad de la Syrie. L'Egypte est
certes un des principaux pays dans la
région évoluant dans la sphère
américaine, mais pas à ce point, est-il
relevé au Caire où l’opposition ne se
fait pas d’illusions sur le soi-disant
nationalisme à la sauce islamiste. Et ce
n’est pas l’initiative de Morsi, en
parfaite harmonie avec les Etats-Unis,
qui les en dissuadera. Par ailleurs, et
comme pour enfoncer le clou de la
compromission, le président issu des
Frères musulmans a également appelé à un
sommet arabe pour régler définitivement
le compte d’Al-Assad. Il offre l’Egypte
comme nouveau sous-traitant dans la
région, le Qatar et l’Arabie saoudite
étant discrédités pour leurs complots
dans les printemps arabes,
particulièrement en Libye qui se
transforme en base arrière de
l’islamisme radical et violent. En
outre, ces deux pays se trouvent
également confrontés à des questions de
transition politique : le roi Abdallah
et son homologue le cheikh du Qatar
doivent passer le relais. Morsi pense
faire meilleure figure chez ses
homologues arabes et les convaincre à
accepter la mise à mort du règne d'Al-Assad
et, du coup, mettre fin également à
l'intervention de Hezbollah en Syrie,
donc au danger chiite dans une aire
sunnite. Mais, au fond, mettre fin à la
détresse du peuple syrien n’est qu’un
prétexte pour le président égyptien. Ce
qu’il recherche activement, c’est le
soutien sinon le silence de la part des
dirigeants occidentaux sur ses ambitions
de politique intérieure. Morsi
souhaiterait avoir les mains libres et
plus être sous observation dans sa
détermination pour imposer son autorité.
Le 15 juin, il a encore avertit qu’il ne
se laissera pas envahir par les
multiples mouvements de jeunes et
d'opposants qui ont appelé à manifester
à la fin du mois pour une présidentielle
anticipée. Devant des milliers
d'islamistes rassemblés dans un stade du
Caire, le président islamiste a affirmé
qu'il agirait avec détermination face à
“ceux qui pensent qu'ils peuvent
détruire la stabilité”, les qualifiant
de “partisans et de vestiges de l'ancien
régime”. Comme Erdogan face à ses
opposants en Turquie, Morsi a également
décrété que ces jeunes protestataires
“n'ont absolument pas leur place parmi
nous” ! Ces mises en garde interviennent
alors qu'une campagne baptisée “Tamarrod”
dit avoir réuni plus de 15 millions de
signatures pour exiger le départ du
président égyptien. Elle appelle à
manifester devant le palais présidentiel
le 30 juin, date qui marquera le premier
anniversaire de l'entrée en fonction de
Morsi. Copyright (c)
1998-2012 Tous droits réservés
Liberte-algerie.com
Publié le 18 juin 2013 2013 avec
l'aimable autorisation de Liberté
Algérie.
Le sommaire de Djamel Bouatta
Le dossier
Egypte
Les dernières mises à jour
|