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Ha'aretz
Nasrallah va-t-il sauver Olmert ?
Danny Rubinstein
[Les regrets de Nasrallah
vont-ils être une bouée de sauvetage pour des dirigeants israéliens
en plein désarroi ? Et d¹abord, pourquoi ces déclarations
surprenantes ? Comme toujours, avec le Hezbollah, il faut chercher
du côté de l¹Iran.]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/756818.html
Ha¹aretz, 31 août 2003
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Le surprenant discours de Hassan Nasrallah prononcé dimanche va
presque certainement sauver Ehoud Olmert d¹une commission d¹enquête
gouvernementale. Le ministre de la défense, Amir Peretz, et le
chef d¹état-major Dan Haloutz peuvent eux aussi respirer. Car
les déclarations de Nasrallah constituent un coup sévère donné
aux mouvements de protestation, déjà en baisse. L¹explication
est simple : les déclarations fracassantes du leader du Hezbollah
ont été résumées en deux mots par la plupart des médias israéliens,
palestiniens et étrangers : "Nasrallah regrette".
Si Nasrallah regrette vraiment, et s¹il admet qu¹il a fait une
erreur, il s¹agit en pratique d¹un aveu d¹échec, car la guerre
est en général un jeu à sommes nulles. Si un côté perd, la
conclusion est que l¹autre a gagné. En d¹autres termes, le
gouvernement Olmert et l¹armée commandée par Dan Haloutz ne s¹en
sortent pas si mal après le discours de Nasrallah.
Et si cela est vrai, pourquoi une commission d¹enquête sérieuse
? Mais cela peut aussi être un règlement de compte
intra-libanais, une tentative de rejeter la critique selon
laquelle le Hezbollah a été la cause de la destruction du Liban.
Les dirigeants iraniens ont eux aussi, sans aucun doute, un
rapport avec les déclarations de Nasrallah. Dans une interview
surprenante, de plus de deux heures, il y a eu un certain nombre
de déclarations extraordinaires. Et avant tout, l¹expression de
regrets et l¹aveu qu¹une erreur a été commise. Les dirigeants
politiques n¹ont pas l¹habitude de faire de telles déclarations.
L¹interview a surpris le correspondant convoqué sur le lieu où
se cache Nasrallah. Des journalistes palestiniens ont écrit hier
que c¹était la première fois depuis le début de la guerre que
Nasrallah était interviewé par une chaîne de télévision
libanaise non contrôlée par le Hezbollah. D¹après les
Palestiniens, les déclarations de Nasrallah n¹étaient pas dictées
par le désarroi, au contraire. Le fait qu¹il ne craint pas l¹autocritique
est une preuve de sa crédibilité.
On pourrait relier le discours de Nasrallah à l¹implication de l¹Iran
au Sud Liban et aux immenses bunkers qui viennent d¹être découverts
près de la frontière Nord d¹Israël. "Une ville
souterraine", disent les Israéliens, qui couvrait deux kilomètre
carrés et comprenait des colonnes en béton, des lignes téléphoniques
et autres équipements. Tout cela, qui devait servir à une
campagne intensive, a été sans nul doute construit avec l¹aide
de l¹Iran.
La construction d¹un système de ce type coûte une fortune et
exige des compétences et des moyens. Si l¹Iran, qui a fourni
13.000 missiles au Hezbollah et l¹a aidé à construire ces
bunkers, ce n¹était pas pour lui permettre d¹enlever deux
soldats et les échanger contre une poignée de
prisonniers libanais détenus en Israël. Apparemment, l¹Iran
avait des plans plus ambitieux, comme l¹initiative d¹une guerre
contre Israël au cas où les Américains (avec ou sans l¹assistance
d¹Israël) attaqueraient l¹Iran pour empêcher le développement
de son arsenal nucléaire.
Dans ce contexte, certains Iraniens se sont fâchés avec le
Hezbollah, celui-ci ayant permis que la guerre se développe sans
raison. D¹après un analyste palestinien, c¹est la pression
iranienne qui a empêché Nasrallah d¹utiliser des missiles à
longue portée Zelzal capables de frapper Tel-Aviv. D¹après
cette théorie, les déclarations relativement modérées de
Nasrallah ont un rapport avec ce qu¹a dit le président iranien
Ahmadinejad dans un discours il y a deux jours. L¹Iran n¹est une
menace pour personne, "pas même pour le régime sioniste qui
est pourtant l¹ennemi juré de tous les peuples de la région
", avait dit Ahmadinejad.
L¹Iran essaie-t-il de gagner du temps pour continuer à bâtir sa
capacité nucléaire ? Tout cela reste du domaine des hypothèses.
Pour le moment, il est clair que Nasrallah, influencé d¹une manière
ou d¹une autre par l¹Iran, a aidé Olmert, Peretz et Haloutz à
passer à travers les gouttes.
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