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Ha'aretz
Le match de
boxe entre Palestiniens
Danny Rubinstein
Le match
Autorité palestinienne Hamas est en cours, sur le plan médiatique,
et pas seulement. Mais gare aux illusions d¹optique, nous prévient
Danny Rubinstein, fin spécialiste de la société et de la
politique palestiniennes. Aucune des parties n¹a la capacité de
mettre l¹autre à terre, et elles finiront par se mettre d¹accord,
malgré les efforts et les menaces d¹Israël.
Ha'aretz, 21 août 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/895581.html
Il y a quelques jours, lors d' ne interview par téléphone diffusée
par la BBC en langue arabe, un journaliste arabe demandait à
Yasser Abed Rabbo à Ramallah : " Qui, selon vous, est l¹ennemi
: Israël ou le Hamas ?" Yasser Abed Rabbo, membre du comité
directeur de l¹OLP, a été ministre dans différents
gouvernements palestiniens, et il est actuellement considéré
comme l¹un des très proches du président Mahmoud Abbas. Il est
l¹un des adversaires les plus farouches du Hamas au sein de la
direction de l¹Autorité palestinienne.
Avant même qu¹Abed Rabbo eût réussi à répondre, le
journaliste se dépêcha d¹expliquer la raison de sa question : l¹Autorité
palestinienne mène un dialogue avec le gouvernement israélien,
mais refuse de parler au Hamas. Abed Rabbo, qui semblait étonné
par la question, ne répondit pas. Au lieu de cela, il s¹en prit
au journaliste : " Vous êtes de mauvais goût et
insultant." Le journaliste répondit : «"je vous
conseille de surveiller votre langage.". Abed Rabbo répéta
: "Vous êtes de mauvais et goût et insultant", puis
raccrocha violemment.
Le fait qu¹Abbas et des représentants du gouvernement de Salam
Fayyad en Cisjordanie discutent avec le gouvernement tout en
boycottant et en refusant de parler au gouvernement Hamas dans la
bande de Gaza est la pire des accusations soulevées par le Hamas
contre Abou Mazen (Mahmoud Abbas).
Vendredi dernier, Abbas publiait un décret présidentiel
condamnant tout membre de la Force exécutive du Hamas à Gaza à
3 à 7 ans de prison. La Force exécutive contrôle totalement la
bande de Gaza, et Abou Obeideh, l¹un desporte-parole de l¹organisation,
réagit au décret présidentiel par l¹ironie et le mépris.
Dernier épisode de la violente guerre médiatique que mènent les
deux côtés l¹un contre l¹autre : le Hamas a sorti une cassette
vidéo trouvée lors de la prise des bureaux de l¹Autorité
palestinienne à Gaza. On y voit Abou Mazen lors d¹une réunion
avec des militants du Fatah à Gaza, où il leur pose des
questions sur les heurts avec le Hamas. L¹un des militants répond
: "Tu n¹as pas à t¹inquiéter. Nous n¹aurons besoin que d¹une
ghalwa pour balayer le Hamas." Une ghalwa, ce sont les
quelques secondes pendant lesquelles on peut
laisser bouillir le café avant de le retirer du feu avant qu¹il
soit "bouillu". La cassette a été diffusée sur Al
Aqsa, la chaîne de télévision du Hamas, et elle a déclenché
une vague de plaisanteries sur "Abou Ghalwa" et sur les
fausses informations dont Mohammed Dahlan et ses hommes
abreuvaient Abbas sur leur force face au Hamas.
Aujourd¹hui aussi, il faut examiner très attentivement les
informations que les représentants de l¹AP en Cisjordanie et
ceux du Hamas à Gaza diffusent les uns sur les autres. De hauts
représentants de l¹AP, comme le conseiller d¹Abbas Nabil Amr et
le ministre de l¹information Riad Maliki, ont déclaré que le dénuement
et le désespoir prévalent sous le régime du Hamas à Gaza et
que "cela se terminera beaucoup plus vite que l¹on ne
pense." Deux journalistes de Gaza avec qui j¹ai parlé
samedi dernier ont dit le contraire : le calme et l¹ordre règnent
dans la bande de Gaza, et le sentiment de sécurité personnel est
plus fort qu¹il ne l¹a jamais été depuis des années. D¹après
eux, il y a des pénuries, mais elle sont supportables. Le Hamas a
d¹ailleurs intérêt à en rajouter sur le désespoir et la pénurie,
afin que les organisations internationales envoient davantage d¹aides
à Gaza.
L¹impression qui se dégage est claire : aucun des côtés n¹est
capable de faire plier l¹autre, en tout cas certainement dans un
futur proche. Le régime du Hamas à Gaza va survivre. L¹Autorité
palestinienne de Mahmoud Abbas va continuer à le boycotter, et
continuera aussi à mener avec Israël des négociations sur un
accord de principes, qui pourrait tout à fait être trouvé dans
les prochaines semaines. Mais il est clair que cela ne serait qu¹un
accord virtuel, car le chemin de son application sera long, et
sans le Hamas, un tel accord n¹aurait de toute façon que peu de
valeur.
Aucun des côtés n¹est capable de vaincre l¹autre. Il n¹y aura
donc d¹autre choix que de négocier et, tôt ou tard, de parvenir
à un accord. L¹opinion palestinienne, à Gaza comme en
Cisjordanie, souhaite l¹unité nationale, comme beaucoup dans le
monde arabe et la communauté internationale. En conséquence, il
y aura une pression croissante dans cette direction sur les
leaders, à la fois à Gaza et en Cisjordanie, jusqu¹à ce qu¹en
fin de compte, le Hamas et l¹Autorité palestinienne trouvent un
accord. L¹opposition catégorique d¹Israël à tout compromis et
ses menaces contre Abou Mazen s¹il faisait des concessions au
Hamas ne réussiront pas à empêcher ces développements.
Trad. : Gérard pour
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