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Ha'aretz
La chute du Hamas approche
Danny Rubinstein
[Les affrontements entre le
Fatah et le Hamas continuent en Palestine. Rubinstein voit la
chute du Hamas approcher. Mais la suite pourrait être pire...
Rappelons que de nombreux articles de la presse israélienne dont
ceux de Rubinstein, sont repris dans la presse palestinienne,
traduits en arabe (voir http://www.lapaixmaintenant.org/article1268).
Nous ignorons si ce sera le cas de celui-ci]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/772018.html
Ha'aretz, 10 octobre 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
La phrase clé du discours d'Ismail Haniyeh, premier ministre de
l'Autorité palestinienne, devant la foule de ses partisans réunis
à Gaza ce week-end a été : "Ne désespérez pas! Le Hamas
dirigera le prochain gouvernement." Mais si l'on examine le
contenu de son discours, les premiers signes de désarroi et de désespoir
apparaissent. Un conte oriental explique pourquoi, lorsque
le fer frappe le fer, cela fait beaucoup de bruit, mais lorsque le
fer frappe le bois, on n'entend rien. La raison en est que quand
le fer frappe le fer, le fer hurle de douleur car il est frappé
par son frère, la chair de sa chair. Ce qui n'est pas le cas du
bois, qui lui est étranger.
Vus sous cet angle, certains passages du discours de Haniyeh sont
intéressants. Il s'est plaint du fait que les grandes puissances,
emmenées par les Etats-Unis, combattent son gouvernement depuis
sa création. Faisant clairement allusion au président Mahmoud
Abbas et au Fatah, il a ajouté qu'à son grand regret, il y a des
complices au sein du camp palestinien. Haniyeh s'est montré
encore plus clair à l'égard de ses frères, les gouvernements
arabes. Depuis la victoire de son parti, aucun gouvernement arabe
ne l'a invité, à part le Qatar.
Il semble que ce soit la trahison des frères arabes qui soit la
plus douloureuse. Un journaliste de Gaza affirme avoir aussi
entendu Haniyeh se plaindre du fait que, ces derniers mois,
Mahmoud Abbas ait voyagé aux quatre coins du monde, sans avoir
jamais pris la peine d'emmener avec lui un représentant du
gouvernement Hamas. Bien qu'à ma connaissance, aucun grief de ce
genre n'ait été publié dans la presse palestinienne, cela a peu
d'importance. L'image qui émerge des plaintes de Haniyeh est que,
pour la première fois depuis sept mois, il semble avoir un peu
peur.
Dans une publication palestinienne de la semaine dernière qui
citait Haniyeh, celui-ci aurait dit que les perspectives étaient
sombres. Dans le meilleur des cas, aurait-il dit, Gaza et
l'Autorité palestinienne sombreront dans l'anarchie, et au pire,
une guerre civile éclatera.
Haniyeh a de bonnes raisons d'être de mauvaise humeur et de prédire
le pire. Il apparaît que le siège imposé par Israël et par
d'autres Etat, y compris par les Etats arabes et le Fatah (rival
palestinien du Hamas) n'a pas réussi à modifier les positions idéologiques
du Hamas, qui reposent sur le socle de l'islam radical. Des
sondages récents en Cisjordanie et à Gaza montrent un
affaiblissement du Hamas, et l'opinion palestinienne semble
adresser un message au Hamas : Nous vous avons élus pour mener
des réformes de gouvernance et pour montrer de la fierté et de
la détermination face à Israël, mais pas pour transformer la
Palestine en une annexe de l'Iran.
Dans ce contexte, les remarques, ou les menaces d'Abbas envers le
Hamas apparaissent aujourd'hui plus claires. Le monde entier
soutient Mahmoud Abbas, et lui conseille de dissoudre le
gouvernement Hamas, de déléguer la formation d'un nouveau
gouvernement à une personnalité neutre et de déclarer que de
nouvelles élections auront lieu l'année prochaine. Et tout le
monde affirme qu'il est indispensable de le renforcer.
Il est peu probable que cela convainque le Hamas de renoncer
facilement. L'une des réactions que pourrait choisir la direction
du Hamas en cas de dissolution du gouvernement pourrait être
d'arrêter de respecter la trêve et de se lancer dans une
campagne d'attentats contre Israël : elle en a les moyens et la
capacité. Il est aussi possible que cela explique la distribution
il y a deux jours dans les émirats du Golfe d'une cassette vidéo
revendiquée par des cellules d'Al Qaïda en Palestine, où il y a
des menaces d'exécuter tout officier palestinien qui agirait en
tant qu'ennemi du peuple. Dans cette cassette, les dirigeants
revendiquent l'assassinat de l'officier palestinien Jad al-Taya et
de quatre de ses subordonnés il y a trois semaines à Gaza, ainsi
que la tentative d'assassinat, il y a quatre mois, du chef du
renseignement palestinien à Gaza, le général Tarq Abou Rajan.
Il est difficile de discerner un quelconque élément politique
capable de prendre le dessus sur Hamas et de le remplacer à la tête
du gouvernement. La direction du Fatah est démembrée, et il
n'existe pas le début du commencement des réformes promises au
sein du mouvement. Les querelles entre ancienne et nouvelle gardes
n'ont jamais cessé. La situation qui pourrait émerger après la
chute éventuelle du Hamas pourrait être encore pire.
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