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Ha'aretz
Une commission d'enquête sur
l'occupation
Danny Rubinstein
[si commission d'enquête il
doit y avoir, elle devrait s'occuper au premier chef de
l'occupation et de ses conséquences depuis 1967, et non de la
guerre du Liban, même s'il ne faut pas en sous-estimer
l'importance]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/758207.html
Ha'aretz, 4 août 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Durant les mois de juillet et d'août, 251 Palestiniens ont été
tués à Gaza et en Cisjordanie, tous par le feu de Tsahal. Près
de la moitié d'entre eux étaient des civils, dont des femmes,
des enfants et des personnes âgées. Les Palestiniens ont eu plus
de morts pendant la guerre du Liban que les Israéliens, même si
les Palestiniens n'y ont pas pris part, et n'ont pas eu à subir
de tirs de Katiouchas.
Le processus diplomatique entre Israël et les Palestiniens a été
totalement gelé. Depuis longtemps, on ne parle plus de la Feuille
de route. Il n'y a ni désengagement ni redéploiement, ni mesures
unilatérales, ni, bien entendu, négociations entre les deux côtés.
A l'occasion, des représentants subalternes discutent certains
aspects de la vie quotidienne. Et il semble y avoir des contacts
indirects sur la libération de prisonniers palestiniens en
échange de celle du soldat
israélien Gilad Shalit. Le seul domaine où Palestiniens et Israéliens
maintiennent des contacts appartient au conflit violent : raids,
tirs, bombardements, attentats terroristes, arrestations, barrages
routiers, expropriations, morts et blessés.
Il devrait y avoir une commission d'enquête sur ce qui se passe
dans les territoires palestiniens. Sans sous-estimer l'importance
de ce qui s'est passé au Liban, et le choc que cela a produit
pour les Israéliens, cette guerre ne peut pas être comparée à
ce qui se passe depuis près de 40 ans dans les territoires occupés
par Israël. Quelle que soit l'enquête qui sera conduite sur la
guerre du Liban, les résultats seront, tout au plus, que le
premier ministre a commis une erreur un jour, que le ministre de
la défense et le chef d'état-major ont pris de mauvaises décisions
un autre jour, et qu'une nuit, un général et quelques
commandants de brigade n'ont pas saisi ce qui se passait sur le
terrain, ou que nourriture et eau ne sont pas arrivées en temps
et en heure. On ne peut absolument pas comparer des erreurs de ce
type aux graves échecs de tous les gouvernements israéliens
depuis 1967 concernant la Cisjordanie et Gaza. Car il s'agit là
de décisions erronées d'amplitude historique.
La commission d'enquête chargée d'examiner les désastres
engendrés par le régime israélien dans les territoires devrait
comprendre des historiens, des spécialistes de psychologie
sociale, des érudits en marière de culture et de religion, mais
pas nécessairement d'anciens généraux ou des juges de la Cour
suprême. Une commission de la sorte découvrirait probablement
qu'il existe un lien fort entre les guerres au Liban et ce qui
s'est passé entre les Palestiniens et nous pendant toutes ces années,
et que notre main-mise sur la Cisjordanie et Gaza n'a pas peu
contribué à la détérioration de notre situation au Nord.
A mesure que le temps passe, le nombre de ceux qui se souviennent
de ce qui s'est passé dans les territoires après 1967 décline
progressivement. Qui se souvient, par exemple, qu'à cause de
l'opinion israélienne selon laquelle les leaders arabes
maintenaient à dessein les réfugiés [palestiniens] dans des
camps, dans des conditions indécentes, afin de les monter contre
Israël, les gouvernements israéliens avaient décidé de résoudre
le problème des réfugiés à Gaza par la reconstruction? Pendant
un certain temps, Israël a pris un certain nombre de mesures dans
ce sens. Mais elles se sont révélées irréalistes, et stoppées.
Qui se souvient que la doctrine de base formulée par le ministre
de la défense d'alors, Moshe Dayan, était de permettre une
totale liberté de mouvement aux Palestiniens comme aux Israéliens
de Dan à Eilat [du Nord au Sud], et que pendant plus de 20 ans,
il n'y a pas eu un seul check point entre les territoires et l'Etat
d'Israël? Qui se souvient que Dayan avait donné l'ordre de réduire
au minimum la présence officielle israélienne dans les
territoires : ni drapeaux, ni patrouilles, ni, bien sûr, colonies
près de localités arabes?
Il y avait alors des attentats terroristes, mais sans commune
mesure avec ce qui a débuté avec les années de l'Intifada.
Certaines années, il y a eu moins de cinq détenus administratifs
palestiniens dans les prisons israéliennes. Aujourd'hui, nous le
savons, il y en a des milliers.
Qu'arrivait-il pendant ces 20 années qui a disparu depuis? Aux
premiers temps, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza
aimaient-ils le régime israélien? Bien sûr que non. Alors,
comment en sommes-nous arrivés là? La responsabilité réside-t-elle
dans l'entreprise de colonisation, qui a créé un régime
d'apartheid dans les territoires et provoqué un sentiment de colère
et de dépossession, le sentiment d'être volé? Les décisions
sur Jérusalem Est ont-elles été mauvaises? Quelles ont été
les conséquences des erreurs inhérentes aux accords d'Oslo? Où
nous mène la clôture de séparation. Tout cela est bien plus
important que ce qui vient de se passer au Liban, et c'est cette
situation-là qui devrait faire l'objet d'une commission d'enquête.
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