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Massacres à Gaza
Un terrorisme d'Etat pire qu'un 11
septembre
Daniel Vanhove
Mercredi 4 février 2009
Triste bilan pour le Proche-Orient en ce premier mois de l’année
2009. Jours et nuits, durant trois semaines, un déluge de feu
s’est abattu sur le Camp concentrationnaire de Gaza, et le sang
de ses habitants terrorisés est venu inonder un peu plus une
parcelle de territoire qui en est déjà gorgé…
Les derniers jours de cette meurtrière agression, la gravité de
la perversion qui anime la soldatesque israélienne et ses
commanditaires aura été à son comble. Les cas de dérives se sont
multipliés et attestent, s’il le fallait encore, du degré
d’inhumanité qu’entretient tout esprit guerrier. Loin des cibles
du Hamas comme se plaisent à l’ânonner les dirigeants israéliens
et les hyènes qui leur tournent autour, tout ce qui bougeait et
entrait dans le champ de vision des soldats, était pris pour
cible. Selon le chef des services d’urgence à Gaza, sur les
quelques 1330 victimes déclarées, plus des deux tiers se
révèlent être des enfants, des femmes et des personnes âgées. Le
nombre de blessés avoisine les 5300. Et des corps continuent à
être découverts sous les ruines.
Bien qu’elle ait pris soin de renseigner les responsables
militaires israéliens, l’UNRWA (l’agence de l’ONU en charge des
réfugiés) a été visée à diverses reprises à travers ses écoles
et ses bâtiments officiels servant d’abris aux familles dont
l’habitation avait été détruite par les bombardements ; ses
convois humanitaires, ses ambulances et son personnel médical
ont été pris pour cibles ; quelques jours avant le
cessez-le-feu, c’est carrément son quartier général et un
précieux entrepôt de denrées alimentaires et de médicaments qui
sont partis en fumée. Même la Croix Rouge dont on connaît
l’habituelle retenue, a dénoncé le drame humanitaire sans
précédent rencontré dans ce moignon de territoire, et expliqué
les multiples obstacles posés par l’armée pour empêcher de
secourir les blessés. Ainsi de ces quatre enfants retrouvés
après plusieurs jours, gisant sur un matelas, hagards et
affamés, incapables même de se lever seuls, accrochés aux corps
de leurs mamans respectives, toutes, mortes…
Les plus hauts représentants du gouvernement israélien n’ont
cessé de baver à la presse avec une indifférence proche de
l’autisme qu’il n’y avait aucune crise humanitaire à Gaza, quand
l’ONU déclarait que 750.000 personnes étaient sans eau et
1.000.000 privés d’électricité, après un blocus qui dure depuis
près de deux ans. Le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU a
adopté une Résolution à Genève qui « condamne vigoureusement
l’opération israélienne » à Gaza se traduisant par des «
violations massives du Droit humanitaire ». Même la trêve de
trois heures par jour, acceptée sous la pression internationale
après le début de cette déferlante n’a été respectée par l’armée
israélienne qu’une poignée de jours, et du personnel médical
international arrivé via la frontière égyptienne confirmait que
les bombardements étaient incessants.
Le pire est probablement venu du témoignage accablant d’un
enfant d’une dizaine d’années – corroboré par d’autres – allongé
sur une civière et dont le visage blessé et contusionné
balbutiait les conditions dans lesquelles un massacre (de plus
!) s’était perpétré. Témoignage confirmé aussi par l’OCHA
(l’office de l’ONU pour la coordination humanitaire). Le lundi 4
janvier à Zeitoun, l’armée israélienne a rassemblé en les
battant 110 habitants d’un quartier (dont la moitié était des
enfants) pour les enfermer dans une pièce, sans nourriture, sans
eau et sans électricité. Le lendemain, ils les ont bombardés à
plusieurs reprises. Trente d’entre eux sont morts. Les autres
pour la plupart, sont blessés, parfois gravement au point de
rester handicapés à vie. Le gouvernement coupable de tels crimes
pourra toujours tenter d’expliquer à un tribunal international
qu’il s’agissait-là de cibles du Hamas. Si nos valeurs ont
encore un minimum de fondement, et si le mot justice représente
encore un timide espoir pour l’humanité, les responsables de
tels actes doivent être jugés et condamnés pour crimes contre
l’humanité. Outre le fait de nous rappeler de sombres souvenirs,
ces pratiques nous indiquent que les allégations du gouvernement
israélien sont, comme toujours, fausses et mensongères quant aux
objectifs poursuivis.
Israël a voulu démontrer la puissance des frappes chirurgicales
de son armée exemplaire… Les images que nous en retiendrons nous
auront surtout montré son désarroi face à une résistance dont
elle n’arrive pas à bout. Et même si les plus hauts responsables
israéliens se gargarisent du succès de l’opération PLOMB DURCI –
ce qui n’est pas le cas puisque la résistance palestinienne peut
toujours envoyer ses roquettes vers Israël – nul doute que cette
opération ratée aura sérieusement et définitivement pris du
PLOMB DANS L’AILE sur le terrain médiatique tant elle participe
à l’écœurement et au dégoût de l’ensemble des peuples de la
planète.
Nos plus hautes instances toujours très sûres d’elles-mêmes dans
la distribution des bons et des mauvais points devraient
peut-être méditer quelques chiffres pour prendre toute la mesure
du massacre qui vient de se produire à Gaza, en le transposant
simplement à l’échelle des USA : les 1330 victimes
palestiniennes correspondraient à 265.000 Américains tués, et
les 5300 blessés, à plus d’un million ! Autrement plus grave que
le 11 septembre qui a remué la planète de fond en comble par ses
lois anti-terroristes et ses pratiques liberticides, et a fait
dire aux plus aliénés que nous étions « tous Américains »! On
aimerait entendre les mêmes dire aujourd’hui que nous sommes
tous Palestiniens, et les voir agir de manière ferme et
déterminée pour contraindre Israël à se conformer au Droit
international par tous les moyens.
Si les dirigeants européens avaient le courage et l’honnêteté de
regarder la réalité en face, l’évidence d’avoir un langage et un
comportement clairs leur apparaîtrait d’emblée comme les
meilleurs garants de la pérennité même de nos démocraties, et
leur indiquerait d’arrêter toute compromission avec les
criminels, quels qu’ils soient. C’est ce double langage de
ceux-là mêmes qui martèlent tout faire pour éviter d’importer le
conflit chez nous, qui y participe. Et autorise aujourd’hui les
responsables israéliens à déclarer le plus naturellement du
monde que la prochaine réaction de l’armée « sera
disproportionnée » alors même que le décompte des victimes
précédentes n’est pas encore achevé ! Encore et toujours, ce
sont bien nos comportements politiques ambigus qui sont
coresponsables du drame palestinien.
Daniel Vanhove
– Observateur civil
Si vous détruisez nos maisons, vous ne
détruirez pas nos âmes – 2004
La Démocratie mensonge – 2008
Aux Ed. Marco Pietteur – Coll. Oser Dire
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