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Palestine Chronicle
Les
trous d'air de la conférence d'Annapolis
Dan Lieberman

Hébron
on
PalestineChronicle on-line
http://www.palestinechronicle.com
Quand on examine la
Conférence d’Annapolis qui approche, qui réunira, en face-à-face
des premiers ministres, des ministres des AE et des ONG d’Israël,
de l’Autorité palestinienne, de la Jordanie, de la Syrie et du
Liban, on se rend compte à quel point on est loin de la réalisation
d’une paix au Moyen-Orient, et à quel point Annapolis est loin
de la Terre sur laquelle marchent d’autres que nous-mêmes. En
tant que membre d’une délégation de six intrépides
investigateurs, soutenue par le Conseil pour l’Intérêt
National [Council for the National Interest (CNI)], une ONG sise
à Washington qui œuvre avec acharnement afin de trouver des
pistes vers une paix au Moyen-Orient, j’ai trouvé une brise
d’espoir qui amenait les Israéliens et les Palestiniens à
afficher un certain optimisme. Mais ce vent d’espoir a peu à
peu perdu de sa force en Jordanie, il a très rapidement perdu de
sa vitesse lorsque nous avons rencontré les vice-présidents de
la Syrie, et il est devenu un vent mauvais tandis que nous
rencontrions le Président, le Premier ministre et le ministre des
AE du Liban, à la mi-novembre.
Notre quête
d’une paix au Moyen-Orient débuta par une note discordante lors
d’une rencontre avec le porte-parole
du Gush Shalom [bloc de la paix], un certain Uri Avnery,
l’avocat le plus connu d’une paix juste avec les Palestiniens.
Uri recourut en effet aux mots « incertitude » et
« vitrine » pour décrire la conférence projetée. Il
ne lui semblait pas que le Hamas, avec lequel il entretient des
rapports suivis, eût été enclin à parapher un morceau de
papier, et il a fait part de son opinion que le Hamas ne
conclurait qu’une « simple trêve », et non pas
« un accord de paix ».
Le député à la
Knesset du parti Kadima [droite] Amira Dotan a parlé d’ « Annapolis
en tant que symbole », dont le « succès marquerait le
début [et non la conclusion] d’un [nouveau] processus ».
Le vice-président de la Knesset, le Dr. Ahmed Tibi a, quant à
lui, déclaré : « Les Etats-Unis devraient créer
les conditions pour que cette conférence soit couronnée de succès.
Son échec ne fera que renforcer le Hamas, le Hezbollah et l’axe
Téhéran/Damas ». D’autres sources officielles étaient
encore plus explicites, exprimant l’opinion qu’Israël est une
armée dotée d’un Etat [et non l’inverse], et que son
ministre de la Défense, Ehud Barak, est le principal coupable du
blocage de toute initiative de paix.
Le paysage urbain
de Ramallah, composé
d’énormes HLM de parpaings blancs se détachant sur la terre
brun foncé du paysage environnant masque, comme un déguisement,
la dépendance et la pauvreté réelles du peuple palestinien. Les
responsables de l’Autorité palestinienne [AP], en particulier
le ministre des AE Riadh al-Maliki, s’est efforcé de se montrer
optimiste au sujet de la conférence. Ces responsables veulent un
calendrier exhaustif, se concluant par des conversations définitives,
mais ils sont de plus en plus motivés par « la terreur
d’un échec » que par « les promesses d’un succès »,
et ils en sont réduits à des compromis à contre cœur,
uniquement afin de permettre cette réunion. Le chef d’état-major
du président Abbas, Rafiq Huseïni, a insisté sur le fait qu’Israël
doit déplacer le mur de séparation afin de le faire coïncider
avec la ligne verte [ ! ndt].
Le ministre de l’Intérieur,
Abdel-Razzaq al-Yahya a, quant à lui, répété qu’ « il
n’y aura pas de solution à deux Etats si Israël ne se retire
pas à l’intérieur de ses frontières de 1967 et s’il ne
donne pas aux Palestiniens « l’oxygène dont ils ont
besoin pour reprendre leur souffle ». Le manque d’oxygène
étouffe en effet les Palestiniens, d’ores et déjà déchirés
par une guerre intestine entre le Hamas et le Fatah, et par un
conflit, avec certaines organisations, à Naplouse, qui sont une
combinaison de criminels, de protestataires contre la déréliction
sociale et économique, et des militants contre l’occupation
israélienne. L’AP est impuissante, et on ne voit pas très bien
comment elle pourrait négocier quoi que ce soit, et recevoir le
soutien d’une majorité de Palestiniens, d’autant que ceux-ci
continuent à souffrir de l’occupation israélienne – toujours
aussi brutale – en Cisjordanie…
Les
colonies israéliennes illégales ont détruit la vie palestinienne dans le centre d’Hébron.
L’armée israélienne tentant d’évincer les colons, ceux-ci
ont cassé des fenêtres et détruit beaucoup de petits commerces
des Palestiniens. Pour une raison incompréhensible, les colons
ont pu reprendre leurs positions illégales, et les commerces
(mais aussi les habitations) des Palestiniens sont désormais
vides, abandonnés. Afin d’imposer la présence des colons, des
checkpoints israéliens (dits « sécuritaires ») ont
été installés aux quatre entrées du marché de la ville. Ces
colons revendiquent être propriétaires de biens qui auraient été
« confisqués » à des juifs lors des émeutes contre
les juifs d’Hébron remontant à 1929, mais ils sont bien
incapables de produire le moindre acte de propriété concernant
ces immeubles. Cette revendication d’un « droit collectif »
a-t-elle la moindre base légale ? Contrastant violemment
avec les faits accomplis illégaux et les récriminations
fallacieuses des colons d’Hébron, les Palestiniens, qui ont des
propriétés tout-à-fait légalement prouvées en Israël se
voient interdire d’y recouvrer leurs biens !
Une
muraille de séparation
serpente à travers le territoire de la Cisjordanie, qui encercle
totalement certaines villes cisjordaniennes, à l’instar de
Qalqiliya et d’Abû Dîs. Les habitants ne peuvent sortir de ces
villes, ni se rendre dans leurs écoles ou aller cultiver leurs
champs. Le mur a, de plus, causé des accumulations d’eaux
pluviales, créant d’énormes mares dans les quartiers
d’habitation palestiniens. Ce mur totalement étanche comporte
quelque 58 checkpoints fortifiés, un tous les dix kilomètres. Il
y a, de plus, les checkpoints volants, les routes de contournement
réservées aux colons, un projet de super-autoroute Nord/Sud réservée
aux seuls Israéliens, des routes desservant des villages
palestiniens coupées, et des restrictions d’accès à Jérusalem.
Ces conditions restrictives ont séparé des communautés et des
familles palestiniennes, étouffé l’économie palestinienne et
fait obstruction à des échanges naguères quotidiens entre les
deux peuples. Des autoroutes saucissonnent le territoire
palestinien, séparant définitivement des fermes de leurs champs.
L’inhumanité de toutes ces installations et de ces dispositions
administratives dépasse l’entendement.
Rafiq Husseïni, du
Hamas, a résumé
l’attitude de l’AP en poussant un soupir, disant :
« Ne vous en faites pas : n’est-ce pas la terre des
miracles, ici ? Ce qu’il nous faudrait, c’est sans doute
une réunion de prières !! »
Mais la Jordanie, elle aussi, est une terre de miracles. Sa capitale,
Amman, escalade les multiples collines, avec son réseau
sophistiqué de ponts, de tunnels et d’autoroutes urbaines. Le
trafic automobile est effrayant, et il ne s’arrête jamais, car
il n’y a que trois ou quatre feux rouges dans l’ensemble de la
métropole. La prospérité croissante et la stabilité fragile de
ce pays dépend des investissements occidentaux, de privilèges spéciaux
en matière d’exportations et de relations amicales avec les
pays voisins, tout particulièrement avec Israël.
La dépendance vis-à-vis
des investissements étrangers, la nécessité de faire face à
l’afflux de 500 000 à 700 000 réfugiés irakiens,
les problèmes non résolus posés par l’intégration d’une
population palestinienne massive, à l’intérieur, tout en
maintenant des relations amicales avec Israël, tels sont les
contraintes qui président à la politique étrangère de la
Jordanie. Le ministre jordanien des AE, Abdallah al-Khâtib, comme
la plupart des dirigeants au Moyen-Orient, a considéré que le
conflit israélo-palestinien était l’issue centrale qu’il
faut nécessairement résoudre si l’on veut que la paix et la
stabilité s’installent au Moyen-Orient. Il a avancé qu’Avigdor
Lieberman, un extrémiste de l’immigration russe en Israël, était
devenu extrêmement important dans l’ainsi dit « processus
de paix ». Un autre haut responsable jordanien a mis les
pieds dans le plat : il était extrêmement dubitatif sur
Annapolis, il pensait qu’Israël ne veut pas de la paix, qu’il
n’a pas la volonté politique de la rechercher, et qu’il veut
se décharger sur la Jordanie du fardeau de Palestiniens déplacés
supplémentaires. La ministre de la Planification, Suhaïr al-Ali,
aussi gracieuse et féminine qu’il est possible, fit la remarque
que le souverain disparu, le Roi Hussein « était plutôt un
politique », mais que le nouveau roi, Abdullah « est
plus un économiste, ce qui l’intéresse avant tout, c’est le
développement. » Elle n’avait qu’un seul souci en tête :
« Peu importent les résultats d’Annapolis ;
l’essentiel, c’est de ne pas diaboliser l’Islam ».
Nous
voici à Damas : cette
ville est surprenante ! Vous vous attendez à une ville
percluse de siècles, grise et poussiéreuse, encore aux prises
avec un vingtième siècle laborieux. Et vous découvrez une métropole
vibrante de vie, ultramoderne, sophistiquée, aux banlieues
flambantes neuves, avec des périphs et des autoroutes urbaines
qui ne déparent en rien le paysage urbain et une population
amicale et sympathique. Jamais un regard courroucé, jamais un
propos amer. Dommage que la Syrie soit encore soumise à un régime
totalitaire qui ne tolère pas grand-chose en matière de liberté
d’expression ! Accordons à ce pays le crédit d’avoir
secouru les Palestiniens chassés de chez eux par Israël, qui ont
construit leurs propres quartiers, mais qui restent néanmoins déterminés
à retourner dans leur patrie ancestrale. Et rajoutons au crédit
de ce pays ses sacrifices récents afin de permettre à un million
deux cent mille Irakiens déplacés (comme la Jordanie, la Syrie
refuse de qualifier ces Irakiens de ‘réfugiés’) de se mêler
à sa population, en leur accordant des logements, un enseignement
entièrement gratuit et l’accès à son système de santé. La
Syrie mérite d’être saluée, car elle joue le rôle d’une
soupape de sécurité devant les calamités résultant du déplacement
de ces milliers de Palestiniens et d’Irakiens chassés de chez
eux par une suite de guerres ininterrompue.
Sans surprise, le
vice-président syrien chargé des Affaires étrangères, Farûq
al-Shar‘, n’attendait pas grand-chose de la conférence
d’Annapolis. Il pense que tous les partis politiques israéliens
– sans exception – redoutent la paix, et il a le sentiment que
c’est la politique américaine qui a encouragé Israël à
agresser le Liban en juillet 2006 et à pérenniser le conflit.
Israël est sur la voie du suicide, et dès lors que le décideur
politique, aux Etats-Unis, serait israélien, les Etats-Unis
seraient condamnés à l’échec. Le vice-président a démenti
une croyance fort répandue, selon laquelle la Syrie
s’opposerait à l’avenir à l’assistance directe étrangère
aux Irakiens déplacés sur son territoire : les ONG et le
gouvernement américain sont les bienvenus pour apporter leur
aide. Le CNI (notre organisation) a fait sensation en révélant
à la presse américaine que le gouvernement syrien s’est engagé
à filtrer les personnes déplacées d’Irak désireuses d’émigrer
aux Etats-Unis.
La vice-présidente,
ministre des Affaires culturelle, le Dr.
Najâh al-Attâr, nous a accueillis avec force sourires, et
beaucoup de sensibilité et d’empathie envers les peuples opprimés.
Elle a dit qu’ « il ne saurait y avoir de paix en
l’absence de justice », elle a fait allusion à la
destruction des Palestiniens et a fait observer que les juifs
vivent en paix en Syrie, où ils sont prospères économiquement
et où ils sont représentés au parlement. Il y a également une
petite communauté juive dans le Nord de la Syrie, et chaque
semaine, un rabbin fait le voyage, en avion, depuis la Turquie,
pour le culte du shabbat, et afin de vérifier le caractère cachère
des produits alimentaires.
Pas cachère, en
revanche, notre excursion clandestine, afin de rencontrer un
officiel « mineur » du Hamas,
qui s’avéra être non moins que Khalid
Mesh‘al en personne, le chef officiel du Hamas, qui vit en
exil à Damas ! Le monde a pris conscience de l’existence
de Mesh‘al après que le Mossad (service secret israélien) eut
tenté de l’assassiner à Amman. Le roi Abdullah de Jordanie
obligea Israël à lui fournir immédiatement l’antidote au
poison administré par les agents israéliens à Mesh‘al, en
menaçant de pendre en public les agents du Mossad qui avaient
essayé d’empoisonner le dirigeant du Hamas. Mesh‘al ne colle
pas du tout à l’image d’Epinal que les médias occidentaux véhiculent
du fanatique aux yeux exorbités. Au contraire, c’est
quelqu’un d’amical, de pondéré, et de très poli, prêt à
écouter quiconque respecte un savoir-vivre équivalent.
Il nous a dit qu’Israël
ne veut de la paix à aucun prix et que les deux parties à la négociation
ne sont pas assez fortes pour faire avaler les résultats d’Annapolis
à leur peuple respectif. Mesh‘al ne définit pas dans le détail
les positions du Hamas, mais il se réfère à une position
palestinienne reconnaissant les frontières de 1967 et une
position interarabe qui a reconnu la solution à deux Etats.
Depuis 2002, Bush n’a cessé d’évoquer son soutien à une
solution à deux Etats, mais où est-elle, cette solution ?
Le dirigeant du Hamas s’attend à ce que la région devienne de
plus en plus explosive. Néanmoins, si l’AP a le sentiment que
les droits des Palestiniens ont été restitués, le Hamas saluera
cette position. Il a proposé une ‘hudna’ (trêve), et si Israël
y répond positivement, le Hamas ne s’érigera pas en obstacle
à la paix. Au cas où le Droit au Retour resterait le dernier
problème demeuré pendant, le Hamas ferait des compromis, et
accepterait la volonté du peuple. Mesh‘al affirme que le Hamas
n’encourage pas l’activisme, ne désire pas établir d’Etat
théocratique, est un mouvement de libération nationale et
laissera le peuple palestinien décider de son propre
gouvernement.
Le
Liban accueille le visiteur
avec le spectacle de mauvais augure du célèbre pont de Mudaïrij,
le plus haut de tout le Moyen-Orient, la fierté du Liban. Le
centre du tablier de cette élégante flèche reste manquant, détruit
par les pilonnages des jets israéliens dès le premier jour de la
guerre. Beyrouth et le Sud montrent encore les plaies béantes de
la guerre : ponts détruits, routes défoncées, d’énormes
trous dans le tissu urbain de Beyrouth. Le vieux quartier de Bent
al-Jabal (la Fille de la Montagne), envahi par les troupes
israéliennes, est totalement bousillé. Il ressemble désormais
à un éboulis de roches détritiques.
Encore une fois, le
Liban est en proie aux affres de ses crises perpétuelles, en
raison de son incapacité à rejoindre un minimum de consensus
parlementaire et à élire son nouveau président. Bien que
d’aucuns soient particulièrement rapides pour blâmer la Syrie
et le Hezbollah, les accusant de créer un climat de peur et d’être
responsables de cette absence de consensus, les principaux
responsables libanais ne pensent pas que le Hezbollah soit
responsable de l’impasse actuelle. Tout au contraire, la majorité
actuelle conserve le pouvoir en raison d’une législation archaïque,
et elle a peur d’être mise en minorité.
Personne
n’incarne mieux cette « majorité » que le député
milliardaire Saad Harîrî, le fils de l’ex-Premier ministre
assassiné Rafîq Harîrî. Saad Harîrî perçoit un glissement négatif
sensible dans l’attitude d’Israël vis-à-vis de la recherche
de la paix, à la suite de l’assassinat de Rabin. Néanmoins, il
pense qu’Abu Mazen veut la paix et qu’Annapolis, même si
l’on doit la remettre à plus tard, doit avoir lieu un jour.
« Les deux parties peuvent se mettre d’accord ». Il
est moins optimiste, en ce qui concerne son propre pays :
« L’argent et les armes se déversent dans les bras des
alliés de la Syrie ». Hariri n’a pas quitté Beyrouth
depuis deux ans et demi, et il a reçu des menaces de mort.
Cinquante de ses collègues parlementaires sont calfeutrés à
l’Hôtel Phoenicia, craignant pour leur vie. Excepté le Premier
ministre Fu’âd Siniora, qui accuse la Syrie et le Hezbollah de
générer cette peur, d’être non-coopératifs et de vouloir
maintenir sans solution les problèmes afin que le Hezbollah
puisse conserver ses armes, les autres principaux responsables du
gouvernement soutiennent la position du Hezbollah.
L’ex-général et
actuel parlementaire Michel
Aoun nous a décrit la loi adoptée en 2000 qui a manipulé la
nation de façon à ce que le Parti du 14 Mars et ses alliés
puissent acquérir une majorité de 72 sièges au Parlement, tout
en n’ayant reçu qu’un tiers des voix des citoyens. Cela fait
du gouvernement actuel un gouvernement illégitime. Il est
favorable à la proposition du Hezbollah, selon laquelle la seule
solution équitable à cette impasse consiste en l’adoption
d’une nouvelle loi électorale, suivie de nouvelles élections
qui aboutissent à un partage des sièges conforme au suffrage
populaire. Le Président Emile
Lahoud affirme que la majorité parlementaire actuelle bénéficie
du soutien des grandes puissances occidentales et travaille contre
la constitution. C’est la raison pour laquelle l’opposition
– c’est-à-dire le Hezbollah – a le droit de ne pas désirer
un consensus. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Fawzî
Salloukh, a quant à lui lu devant nous avec beaucoup de soin
un document préparé à l’avance. Il ne pense pas que l’Iran
veuille dominer le Liban, et que les Etats-Unis devraient établir
de bonnes relations avec l’Iran.
Les dirigeants
libanais étaient particulièrement furieux contre l’attitude
agressive d’Israël envers le monde arabe, et ce qu’ils
percevaient comme un soutien américain à cette attitude. Ils
sont très concernés par les négociations qui décideront du
sort des réfugiés palestiniens, car les réfugiés ne sont pas
admis à la citoyenneté libanaise, au Liban, et parce qu’ils
ont créé un chaos social et économique, qui perdure depuis des
décennies. Le Premier ministre Fu’âd Siniora fut plus
explicite et plus universel dans ses caractérisations de ce
qu’il a appelé le conflit arabo-israélien. Il considère qu’Israël
est coupable de la situation, et que ce pays mène le monde entier
vers une catastrophe qui affectera tous les peuples. Il nous a
accordé l’autorisation de le citer. Dans mes notes, j’ai
retrouvé les observations suivantes :
« Le conflit
arabo-israélien est le générateur de la plupart des problèmes,
et le contrôle de Jérusalem est une question primordiale. Le
conflit consume le plus gros des efforts de progrès dans la région,
il ne se limite en aucun cas au Moyen-Orient, et il détourne
l’attention de très nombreux autres questions vitales dans
toutes les régions du monde.
Le conflit est né
de la Déclaration Balfour, il a surgi de l’étendue de
l’injustice infligée au peuple palestinien ; il est en
train d’entraîner encore plus de frustrations dans le monde
arabe, et génère de l’extrémisme. L’invasion israélienne
de 1980 a suscité la création du Hezbollah, et une énième série
de problèmes. Aujourd’hui, la Syrie, ainsi que d’autres
partenaires (essentiellement, le Hezbollah) ne font pas montre de
coopération, et veulent conserver irrésolues les questions
pendantes. Néanmoins, le président Bush a été injuste envers
le Liban, inique envers les pays arabes et aussi à l’encontre
de son propre pays, les Etats-Unis. Les Etats-Unis continuent à
prêcher la démocratie, tout en défendant les dictatures. »
Le
Hezbollah (le Parti de Dieu),
demeure le foyer de contention de la politique libanaise. Néanmoins,
le gouvernement libanais a qualifié le Hezbollah de mouvement de
résistance, et non de milice, si bien que ce parti peut conserver
ses armes en dépit de l’accord de trêve bannissant les milices
armées. Les dirigeants du Hamas sont très fermes : ils ne
reconnaîtront jamais Israël. De manière étonnante, ils sont en
faveur d’un unique Etat démocratique dans lequel tous les
citoyens soient égaux et où toutes les religions puissent être
pratiquées sans interférence de l’Etat. Ils s’affirment
politiquement séculiers (laïcs), et leurs décisions
gouvernementales ne contredisent en rien cette thèse.
Annapolis
se situe à quatre-vingt kilomètres de la capitale des Etats-Unis,
mais elle est à des années-lumière des cœurs et des esprits
des Arabes qui aspirent à une garantie de paix et de stabilité
au Moyen-Orient. Telle est la conclusion de votre modeste
observateur, retirée de son séjour dans l’ensemble des
capitales du Moyen-Orient.
Traduit
de l’anglais par Marcel Charbonnier
[* Dan Lieberman est actif dans les mouvements alter
depuis de nombreuses années. Il est le rédacteur en chef d’Alternative
Insight, une lettre d’information mensuelle adossée à un site
ouèbe. Dan a publié des articles essentiellement consacrés aux
conflits moyen-orientaux. Vous pouvez le joindre par mél à cette
adresse : danlan2000@att.net
]

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