Opinion
«Vive la Roi !»
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Dimanche 3 novembre 2013
C’est ainsi que ce sont exclamés les
activistes du mouvement marocain des
«Jeunes Royalistes », au moment où l’un
de leurs membres avait enlevé le drapeau
algérien hissé au sommet du consulat,
sous le regard indifférent des services
de sécurité marocains.
Un geste qui suscite l’indignation
d’autant plus qu’il coïncide avec
l’anniversaire du déclenchement de la
Révolution algérienne. Et pourtant, si
ces «esclaves du roi» revisitaient leurs
livres d’histoire, ils s’apercevraient
que ce sont les valeureux moudjahidines
algériens sous la houlette de Ben M’hidi
et Boussouf qui ont permis aux Marocains
de relever la têtes devant le
colonialisme français, lors des attaques
massives menées par l’ALN le 1er Octobre
1955. Si ces «esclaves du roi»
revisitaient l’histoire récente, ils
s’apercevraient que leur pays est déjà
sous l’emprise des forces secrètes
sionistes. Pour cela, il suffit de se
référer aux récents propos du général
Amos Yadlin, ex-officier de l’armée de
l’air israélienne et ex-directeur des
services secrets de l’armée «Aman». Pour
ces nouveaux «bouffons», nous
rappellerons quelques extraits de
l’interview accordée par ce général à la
télévision israélienne et reprise par Al
Quds El Arabi : «Israël possède au
Maroc, un réseau d’espionnage et de
subversion au besoin, qui pourrait, à
l’ordre, complètement déstabiliser et
insécuriser le royaume (…) Des réseaux
israéliens, similaires à celui implanté
au Maroc, étaient en service également
dans d’autres pays de la région, comme
la Tunisie, la Lybie ou l’Egypte (…) Au
Maroc et en Tunisie, nous avons des
agents disséminés à différents niveaux,
dans les milieux politiques,
économiques, culturels et sociaux et
peuvent faire la promotion d’Israël,
tout comme ils peuvent provoquer des
destructions (…) Nous sommes capable de
provoquer et d’exacerber des crises
tribales, confessionnelles et des
tensions sociales et ainsi maintenir ces
pays sous pressions internes.». Voilà de
quoi faire retourner feu Mehdi Ben Barka
dans sa tombe. Pour rappeler à ces
nouveaux «pantins du roi» quelques
vérités historiques, depuis l’arrivée
d’Hassan II sur le trône du Maroc en
1961, le Mossad avait bénéficié d’une
relation privilégiée avec les services
marocains, qui allait jusqu’à assurer
pour eux des stages de formation. En
1965, le général Oufkir, ministre de
l’Intérieur et patron des services
marocains, rencontre Meir Amit et avait
sollicité l’aide du Mossad pour éliminer
Ben Barka, condamné par contumace pour
complot contre le roi. Ben Barka avait
été attiré à Paris par un agent du
Mossad sous prétexte de rencontrer un
producteur et un réalisateur intéressés
par un documentaire. A la sortie d’une
brasserie, il fut enlevé avec l’aide
d’agents du SDECE (services secrets
français). Il fut détenu dans une villa
puis tué en présence d’Oufkir après
avoir subi les pires sévices. Enfin,
pour plus d’infos, je leur conseille le
livre très fourni de Gordon Thomas sur
les crimes du Mossad. Alors, avant de
s’attaquer au symbole d’un pays qui
s’est libéré du joug du colonialisme
avec d’énormes sacrifices, il faut
d’abord que les partisans de ce
mouvement se libèrent du joug de leur
«roi prédateur ».
Article publié sur
la
Nouvelle République
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