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L'EXPRESSIONDZ.COM

LE LOBBY PRO-ISRAÉLIEN
La force injuste contre les droits de l´homme
Pr Chems Eddine Chitour

28 avril 2008

«Ce que Israël fait aux Palestiniens est une abomination» Jimmy Carter, président des Etats-Unis (1977-1981)

Jimmy Carter a fait une intervention à l´Université américaine du Caire le jeudi 17 avril, où il a été accueilli par un public très nombreux et tout aussi chaleureux. Pour lui, il est impossible d´aboutir à un accord dans la région sans impliquer le Hamas, qui a gagné les élections, et la Syrie, dont le territoire du plateau du Golan est occupé par Israël. "Le mot apartheid a choqué, mais avant la parution de mon livre, il n´y avait jamais eu de débat public sur cela aux Etats-Unis; apartheid est pourtant l´exacte description de ce qui se passe aujourd´hui en Palestine", a commencé par dire l´ex-président américain. "En sept ans, il y a eu 13 personnes tuées par les roquettes, et je considère que tuer des civils innocents est du terrorisme, mais ces roquettes sont rudimentaires, et si tu vivais toi à Ghaza, tu verrais que pour un Israélien tombé sous les roquettes palestiniennes, 30 à 40 Palestiniens sont tués par les militaires israéliens, ce qui, selon moi, relève aussi du terrorisme."
Pour rappel, le livre de l´ancien président Jimmy Carter, "Palestine: La Paix et non pas l´Apartheid", avait provoqué un tapage avant même sa publication. Ainsi, la critique du président Carter est remarquable seulement parce qu´elle révèle l´ignorance de l´establishment politique américain, les Démocrates comme les Républicains, sur le conflit israélo-palestinien. Je défierais le nouveau président démocrate du Comité aux relations internationales de la chambre, Tom Lantos, d´identifier l´auteur du commentaire suivant, fait au moment où le Premier ministre Yitzhak Shamir était sur le point de nommer dans son gouvernement Rehavam Ze´evi, le chef du parti Moledet d´Israël. Ze´evi et son parti étaient des partisans du "transfert", un euphémisme pour le nettoyage ethnique des Palestiniens en Cisjordanie et dans d´autres régions du "Grand Israël" " L´entrée dans le gouvernement du parti du transfert est une profonde souillure politique, morale et sociale, une dangereuse infection qui pénètre le gouvernement (d´Israël).

«L’agent du mal»
Toute personne qui inclut le (parti du) transfert parmi les partis de la coalition sioniste confirme, en effet, la résolution des Nations unies qui dit que le Sionisme c´est du racisme ". Si un Américain avait fait une telle déclaration, il aurait été, sans aucun conteste, accusé d´hostilité envers l´état d´Israël, si ce n´est d´antisémitisme. Si la personne avait été juive, elle aurait été stigmatisée comme un juif qui s´autodéteste. En fait, l´auteur de cette déclaration était Benny Begin, le fils de l´ancien Premier ministre de Droite, Menahem Begin, un "prince" du Likud. Il y a plusieurs mois, Olmert qui s´était inquiété publiquement des stigmates de l´Apartheid a nommé Avigdor Lieberman, un homme avec des convictions racistes et antidémocratiques, au poste de Premier ministre-adjoint. Lieberman préconise non seulement le nettoyage ethnique de tous les Palestiniens des territoires occupés mais de se débarrasser des Arabes qui sont des citoyens israéliens.(1)
La puissance du lobby pro-Israël aux Etats-unis est telle, qu´on comprend qu´un candidat ne veuille pas risquer de s´aliéner des voix d´électeurs. Les plus navrants ont été les commentaires de Barack Obama. Parlant devant un groupe de leaders de la communauté juive, dans une synagogue de Philadephie, Obama a critiqué l´initiative de Carter, déclarant que, "Hamas n´est pas un Etat, Hamas est une organisation terroriste". Obama a également sacrifié à l´obligation de se présenter comme un ami inconditionnel d´Israël, déclarant que, s´il était élu, "il ferait le nécessaire pour qu´Israël puisse se défendre contre toute attaque," - même si, ici encore, son choix des mots était intéressant, étant donné qu´il ne s´est pas explicitement engagé à aller en guerre pour le compte d´Israël, comme l´ont fait John McCain et Hillary Clinton. Carter a également été lacéré par les médias états-uniens qui n´ont parlé de son voyage que pour le critiquer. La page éditoriale du Washington Post s´est surpassée en accusant Carter d´aller embrasser des brutes sanguinaires. Pour Benjamin Shapiro, éditorialiste réputé dans plusieurs quotidiens U.S., c´est carrément la civilisation occidentale qui est en danger: " Jimmy Carter est un agent du mal. C´est douloureux de devoir traiter un ancien président U.S. de partisan des ténèbres. Mais il est dangereux de laisser un homme comme Jimmy Carter hanter la planète, drapé dans la cape de la réputation américaine et plantant les graines de la destruction de la Civilisation occidentale".(2)
L´ancien président américain Jimmy Carter, très critique de la politique israélienne dans son dernier ouvrage, a maintenu, vendredi 8 décembre 2007, que l´Etat hébreu se rendait coupable à ses yeux d´"apartheid" à l´égard des Palestiniens. Jimmy Carter a expliqué qu´il souhaitait susciter un débat sur la politique d´Israël inexistant ou étouffé dans les médias d´information américains qui, "presque tous restent silencieux" sur ce problème. "Le silence est quasi universel dès lors qu´il s´agit d´une possible critique des politiques que mène actuellement le gouvernement israélien". Les accusations de l´ancien président démocrate ont suscité la colère des organisations juives qui ont lancé des pétitions dénonçant l´usage du mot "apartheid" pour décrire le traitement réservé aux Palestiniens par Israël. Jimmy Carter affirme pourtant que ce terme se justifie par les barrières grillagées, les détecteurs électriques et les blocs de béton installés par Israël le long de la frontière avec la Cisjordanie. "Je pense même que la situation est pire, dans bien des cas, que l´apartheid en Afrique du Sud". "Il y a dans ce pays une formidable intimidation qui réduit nos concitoyens au silence", a-t-il souligné, notant que ce silence est observé non seulement par "des individus ou des personnes candidates à des fonctions électives mais aussi par les médias d´information".(3)
"On comprend dans ces conditions l´hystérie collective" Comment est-il possible que cet homme ait pu devenir président des Etats-Unis? ", s´interroge le New York Post dans un éditorial du 15 janvier dernier. Qu´a donc fait l´ancien président (1977-1981) pour mériter pareil traitement? Il a écrit un livre - Palestine: Peace not Apartheid. Et, dans celui-ci, il affirme: si la répression se poursuit à Ghaza et en Cisjordanie, si Israël ne consent pas à négocier l´existence d´un Etat palestinien, on pourrait arriver à une situation similaire à celle de l´apartheid sud-africain. En réponse, l´Anti-Defamation League fait publier des annonces dans divers journaux accusant l´auteur d´être antisémite.(4)
Les critiques de M.Carter à l´égard d´Israël et des Etats-Unis se retrouvent, en plus, détaillées dans le récent ouvrage de l´Américain d´origine palestinienne, Rashid Khalidi, également victime d´attaques systématiques depuis que l´université Columbia lui a attribué en 2003 la chaire Edward-Saïd. Khalidi décrit la relation existant entre la conception impérialiste des relations américaines avec les Etats du Proche-Orient et la façon dont Tel-Aviv et Washington empêchent la formation d´un Etat palestinien. Le New York Post, qui l´a accusé d´antisémitisme en 2004, a également prétendu que la chaire d’Edward-Saïd était financée par certains gouvernements arabes. Le harcèlement dont Khalidi est victime est devenu une pratique de plus en plus fréquente sur les campus universitaires des Etats-Unis....La tension autour des enseignants critiques à l´égard de Tel-Aviv a augmenté l´an dernier, lorsque deux prestigieux universitaires spécialistes des relations internationales ont publié un essai soulignant que les "groupes de pression juifs" aux Etats-Unis dominaient la politique extérieure américaine au Proche-Orient et que la guerre en Irak n´aurait pas pu avoir lieu sans le climat qu´ils ont créé (18). La réaction fut très dure. Quelques mois plus tard, l´universitaire britannique Tony Judt, directeur du Remarque Institute (université de New York), a également été victime d´une campagne lui prêtant des idées antisémites: il avait soutenu que la seule solution au conflit du Proche-Orient était l´existence d´un Etat israélo-palestinien intégrant les deux nations ".
S´agissant de la dénonciation de l´apartheid, Carter n´est pas seul à le faire. L´une des personnalités les plus autorisées à le faire, pour l´avoir vécu dans sa chair est sans conteste, Nelson Mandela. Ecoutons-le "L´Apartheid est un crime contre l´humanité. Israël a privé des millions de Palestiniens de leur liberté et de leur propriété. Il perpétue un système de discrimination raciale et d´inégalité. Il a systématiquement incarcéré et torturé des milliers de Palestiniens, en violation du droit international. Il a déclenché une guerre contre une population civile et en particulier contre des enfants." Ces paroles sont de Nelson Mandela, ainsi que les autres remarques faites par lui, en mars 2001, et qui restent malheureusement totalement d´actualité. (5).
Dans le même ordre d´idée, Bruno Guigue, normalien, sous-préfet en France, a été limogé brutalement pour avoir publié une tribune sur le site Oumma.com. Ecoutons-le nous décrire les pressions et la force du lobby pro-israélien qui a eu raison de lui: " Dans les jours qui ont suivi mon "limogeage", les éditorialistes Jean Daniel, Bernard-Henri Lévy et quelques autres se sont empressés de me prendre pour cible. Sans toujours réitérer l´accusation grotesque d´antisémitisme proférée par Luc Rosenzweig, ils insinuent que je me serais condamné moi-même par l´outrance de mes propos. Et au lieu de réfuter mes affirmations de manière factuelle, mes détracteurs préfèrent ainsi jeter l´anathème. Deux phrases inlassablement reprises en boucle, tirées de leur contexte, en effet, ont alimenté mon lynchage médiatique. "L´Etat d´Israël est le seul où des snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles". Une phrase choquante? Sans nul doute. Mais les tirs de soldats israéliens contre des enfants, hélas, sont des faits avérés, évoqués par le quotidien israélien Haaretz depuis 2000. Des tirs délibérés, dont le journaliste britannique Chris MacGreal, pour l´hebdomadaire The Guardian, a notamment fait le récit détaillé dans un article paru le 29 juin 2005. Livrée en pâture à l´opinion comme une énormité, la phrase que j´ai écrite avait quelque chose de monstrueux, en effet: elle était vraie. Et parce qu´elle disait la vérité, elle heurtait le formidable déni de réalité qui entoure, dans les médias dominants, la politique israélienne.(6)
La deuxième phrase litigieuse est celle où j´évoque "les geôles israéliennes, où, grâce à la loi religieuse, on interrompt la torture durant le shabbat". Choquant, là encore? Le propos renvoyait à leur propre contradiction ces fervents partisans de l´Etat d´Israël qu´indigne, curieusement, l´inclination de certains pays à la défense de la religion. Mais le fait mentionné, lui, ne fait pas l´ombre d´un doute: il suffit de consulter le dossier établi par l´association israélienne de défense des droits de l´homme Bet´Selem. Lorsque la Cour suprême israélienne tenta de limiter l´usage de la torture pratiquée sur les prisonniers palestiniens, en 1999, les services secrets ont argué de l´urgence pour la justifier. Les plaignants ont alors fait observer que du vendredi midi au samedi soir, cette pratique était interrompue, ce qui relativisait singulièrement l´argument de l´urgence. Cette affaire est parfaitement résumée par Sylvain Cypel, ex-rédacteur en chef du quotidien Le Monde, dans son livre Les emmurés, paru aux éditions La Découverte en 2005, p.94, note 17. Chacun peut s´y référer et vérifier la véracité de mes propos. Mea culpa: j´avais oublié que les comparaisons les plus désobligeantes, aux yeux de l´establishment hexagonal, sont interdites à propos d´Israël mais vivement recommandées à l´égard des pays du "tiers-monde". Mon principal tort, plus que d´avoir enfreint le devoir de réserve, n´est-il pas d´avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale? Après avoir mis en lumière le déni de réalité dont le discours dominant entoure les exactions israéliennes, il faut croire que c´en était trop? A mes dépens, j´ai fait la démonstration que la frontière entre ce qu´il est licite de dire et ce qui ne l´est pas, dans notre pays, n´a rien à voir avec le vrai et le faux".(6)

Lynchage médiatique
La prise de position courageuse de Jimmy Carter et le lynchage médiatique, le plaidoyer de Bruno Guigue me rappellent curieusement l´hystérie médiatique contre l´abbé Pierre coupable d´avoir interprété "dans le mauvais sens" le Livre de Josué concernant l´extermination et d´avoir entretenu une amitié avec Roger Garaudy qui sent le soufre...C´est le cas aussi de Pascal Boniface mis à l´index pour avoir parlé de l´impunité d´Israël. Les intellectuels pro-israéliens voire, pour certains, pro-sionistes même sur le tard, tirent sur tout ce qui bouge! Ils ont pour cela une arme redoutable, le monopole de l´antisémitisme et la singularité de la Shoah. Il faut aussi dire que ces intellectuels n´ont pas le recul nécessaire pour juger en toute impartialité les faits. Ils se veulent des donneurs de leçons empêchant toute critique réelle et suivie de l´Etat théocratique d´Israël. Il est vrai, et il faut saluer cela, que beaucoup d´intellectuels israéliens ont su se démarquer de la politique de leur pays pour des idéaux qui les honorent.
Bruno Guigue est sanctionné, Carter est insulté mais les Palestiniens sont toujours en train de souffrir. Curieusement, les BHL, Alain Finkielkraut, Jean Daniel et j´en passe, sont discrets quand il s´agit de parler des Palestiniens d´une façon franche et objective Dans les situations gênantes, entendons par là quand Israël dépasse la mesure... ils donnent des conseils aux Israéliens naturellement sans lendemain, mais ils auront assuré de leur point de vue "le minimum" en tant que gardiens de l´orthodoxie des droits de l´Homme... Ces intellectuels qui dictent la norme en France devraient nous dire leur sentiment quand un bébé meurt dans le ventre de sa mère, tué par une balle en plein front. Il ne peut y avoir de vérités, il y a la vérité. Les Palestiniens continueront d´être la cible des snipers israéliens. Un peuple se clochardise. Qui s´en soucie?

(*) Ecole nationale polytechnique
(*) Ecole d´ingénieurs Toulouse

1.Henry Siegman - L´Ouragan Carter USA - 06-01-2007 http://www.thenation.com/
2.Hystérie aux USA contre Jimmy Carter 23 Avril 2008 http://libertesinternets.wordpress.com/
3.Jimmy Carter accuse Israël d´"apartheid" NouvelObs.com. 7 02 2008
4.Mariano Aguirre, Le Monde Diplomatique. Le président Jimmy Carter victime de la censure du lobby pro-Israël - Septembre 2007
5.Lettre de Nelson Mandela à Thomas L. Friedman, New York Times. 27.03.2001
6.Bruno Guigue: Ma faute? Avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale, http://oumma.com/Ma-faute-Avoir-heurte-de-plein

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Publié le 29 avril 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression



Source : L'Expression
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