Opinion
Pour en finir
avec Behachel Henri Levy :
Le communautariste faussaire
Chems Eddine Chitour
Samedi 26 novembre
2011
«J'ai toujours
eu peur pour Bernard-Henri Lévy. J'ai
depuis longtemps un faible pour ce
glorieux cadet qui se rêve à la fois
l'héritier de Malraux, de Levinas et de
Brummell, et assume avec une élégance
provocatrice son dandysme
philosophique.(...) »
Jean Daniel
Le philosophe «tout-terrain» Bernard-
Henry Levy vient de déclarer que c'est
en tant que Juif qu'il a libéré la Libye
de son tyran. Quel est cet homme qui
intrigue, manipule à l'infini et est
avocat de toutes aventures, lui qui se
veut être un maître à penser? Sa
biographie parle d'un normalien brillant
qui, très tôt, a décidé de «parvenir».
Le
parcours atypique de BHL
Sans aller dans le détail d'une vie
riche en évènements médiatiques,
signalons quelques faits d'armes. En
2001, il soutient fermement
l'intervention américaine en Afghanistan
et proclame en novembre 2001 à propos de
cette intervention: «La victoire éclair
d'une stratégie que nous n'étions pas
bien nombreux à juger d'une habileté,
d'une efficacité militaro-politique
insoupçonnées.» En 2002 et 2003, il
explique qu'il ne se positionne pas
contre la guerre en Irak. Lors de la
guerre de Gaza 2008-2009, BHL s'est
rendu en Israël, publiant le récit de
son voyage dans le JDD. Dans cet article
il constate que la bande de Gaza,
évacuée par Israël en 2005 et soumise
depuis à un blocus humanitaire, est
devenue non l'embryon de l'État
palestinien tant espéré, mais «une base
militaire avancée». En janvier 2009, il
publie dans le journal Le Point une note
de soutien à Israël justifiant
l'opération «Plomb durci». Le 7 juin
2010, il défend l'attaque israélienne du
31 mai 2010 contre des navires
transportant de l'aide humanitaire vers
Gaza. Le 9 novembre 2011, parution de
son livre «La Guerre sans l'aimer»,
quinze jours après le lynchage de
Kadhafi: la Libye, opération réussie!
L’intellectuel communautariste faussaire
L'admiration de
Jean Daniel pour BHL est lointaine,
«Malraux ou rien» écrivait déjà, Jean
Daniel dans l'éditorial très élogieux
qu'il consacrera au film Bosna dans le
Nouvel Observateur du 12 mai 1994. Cette
phrase de Jean Daniel est une énigme, au
vu du parcours de Bernard-Henri Levy .
Pascal Boniface répond justement à Jean
Daniel: «Certes, on peut se demander si
BHL sert des causes ou s'il se sert
d'elles. (...) Quasi unanimement célébré
par les élites politiques et
médiatiques, il est largement rejeté par
le public. Tout simplement, le public
est informé des différentes
affabulations de BHL, de ses rapports
élastiques avec la vérité, du caractère
mensonger de nombre de ses affirmations.
(1)
BHL est présenté par certains
journalistes comme un imposteur
intellectuel. Ses détracteurs estiment
que sa réussite ne serait due qu'à un
réseau de connaissances bien organisé.
Dans un article intitulé «BHL n'est pas
seulement ridicule, il est aussi
dangereux», Pascal Boniface écrit: «Il
est de bon ton, dans de nombreux
milieux, de se gausser de Bernard-Henri
Lévy et d'affecter à son égard, une
indifférence ironique. L'affaire Botul -
dont BHL a le culot de s'estimer victime
- n'est ni sa première, ni sa dernière
escroquerie intellectuelle. La carrière
de BHL est faite d'affabulations et de
ratés monumentaux, qu'il veuille créer
un journal, faire un film, écrire une
pièce de théâtre ou un livre. Il y a un
écart grandissant entre l'écho
médiatique qui lui est donné et la
désaffection du public, qui n'est pas
dupe.» (2)
BHL est également dénoncé dans l'ouvrage
Les Intellectuels faussaires (éditions
JC Gawsewitch, mai 2011) de Pascal
Boniface. Il écrit: «En tête de liste,
il y a l'influent Bernard-Henri Lévy,
alias BHL le «seigneur et maître des
faussaires», dont le «moralisme se mue
en maccarthysme», redoutable dans l'art
d'exercer le «terrorisme intellectuel»,
alors même que ses fiascos retentissants
disqualifieraient sur-le-champ bien
moins omnipotent que lui.» La prise de
liberté avec la vérité et les faits
inspire un reproche fait par exemple par
l'historien Pierre Vidal-Naquet et par
le philosophe Cornelius Castoriadis à
propos de son livre Le Testament de
Dieu. Dans un article du Nouvel
observateur daté du 9 juillet 1979,
Cornelius Castoriadis admettant sa
perplexité devant le «phénomène BHL»,
écrivait: «Sous quelles conditions
sociologiques et anthropologiques, dans
un pays de vieille et grande culture, un
«auteur» peut-il se permettre d'écrire
n'importe quoi, la «critique» le porter
aux nues, le public le suivre docilement
- et ceux qui dévoilent l'imposture,
sans nullement être réduits au silence
ou emprisonnés, n'avoir aucun écho
effectif? Que cette camelote doive
passer de mode, c'est certain: elle est,
comme tous les produits contemporains, à
obsolescence incorporée.» (2)
Il y a plus grave, ajoute Pierre-Vidal
Naquet à la réponse de BHL, ce plagiat
éhonté de BHL nous lisons: «Le Testament
de Dieu n'est pas un roman ni même un
pamphlet, il se veut oeuvre d'érudition
et relève, à ce titre, de la critique,
en gros et en détail. Mais, il y a plus
grave. Bernard-Henri Lévy a parlé à mon
propos de «pure et simple
falsification». C'est une expression
dure à entendre pour un historien de
métier et de vocation. Soit. Voyons un
peu ce que nous apprend la critique des
textes. Dans Le Monde du 5 janvier 1978,
Bernard-Henri Lévy accorde un entretien
à Gilbert Comte. On y lit ceci, qui fut
dicté comme sien par le philosophe
lui-même. Il s'agit de la langue
française: «Je crois que la langue
française est à la fois ma plus chère
maladie et ma seule patrie possible.
L'asile et l'antre par excellence.
L'armure et l'arme par excellence. Un
des lieux, en tout cas, où je me tienne
en ce monde.» Beau texte. Mais une
version, sans doute, «à peu près
contemporaine», puisqu'elle date du 23
décembre 1941, lui fait
«spectaculairement écho». La voici:
«Même si je n'étais pas un animal
essentiellement français, [...] la
langue française serait encore pour moi
la seule patrie imaginable, l'asile et
l'antre par excellence, l'armure et
l'arme par excellence, le seul ´´lieu
géométrique´´ où je puisse me tenir en
ce monde pour y rien comprendre, y rien
vouloir ou renoncer.» Il s'agit d'une
lettre de Saint-John Perse, on la
trouvera dans les oeuvres complètes du
poète page 551. «Pure et simple
falsification», avez-vous dit?» Voilà le
personnage que les médias français bien
tenus adulent, lui permettant tous les
outrages au point de donner des leçons,
de défaire un peuple et de s'en
enorgueillir d'avoir mis à mort un Arabe
parce que c'est l'ennemi d'Israël.(3)
La
fidélité irrationnelle de l’intellectuel
Israël
Justement, Bernard-Henri Levy abdique
toute rationalité quand il s'agit de
défendre Israël. Alain Gresh, scandalisé
par un article de BHL en janvier 2009
sur Gaza, lui répond: «Il manquait
encore sa voix dans le débat. Il vient
enfin de s'exprimer dans un texte
exemplaire paru dans Le Point, «Libérer
les Palestiniens du Hamas». Exemplaire?
Oui, car, comme celui d'André Glucksmann,
il résume tous les mensonges, toute la
mauvaise foi de ceux qui pensent que,
au-delà de telle ou telle erreur, la
politique d'Israël doit être défendue
contre ses ennemis, contre les barbares
qui menacent de le submerger. BHL écrit:
«Aucun gouvernement au monde, aucun
autre pays que cet Israël vilipendé,
traîné dans la boue, diabolisé, ne
tolérerait de voir des milliers d'obus
tomber, pendant des années, sur ses
villes: le plus remarquable dans
l'affaire, le vrai sujet d'étonnement,
ce n'est pas la ´´brutalité d'Israël -
c'est, à la lettre, sa longue retenue.»
Alain Gresh commente: «Il suffit de
comparer le nombre de morts palestiniens
et israéliens (avant les combats
actuels) pour mesurer la «longue
retenue» ». (4)
C'est-à-dire en définitive, 1400 morts
d'un côté dont 400 enfants et 13 morts
de l'autre. Poursuivant plus loin sa
désinformation, BHL parle de dissymétrie
stratégique et morale «Dissymétrie
stratégique? conclut Alain Gresh,
Incontestablement. Un dirigeant du FLN
algérien Larbi Ben M'hidi, arrêté durant
la bataille d'Alger en 1957 (puis
assassiné), et à qui des journalistes
français reprochaient d'avoir posé des
bombes dans des cafés, répondait:
«Donnez-moi vos Mystère, je vous
donnerai mes bombes». Dissymétrie
morale? Les punitions collectives
infligées depuis des années à Ghaza
sont, selon Richard Falk, envoyé des
Nations unies dans les territoires
palestiniens, «un crime contre
l'humanité». Que dire alors de ce qui se
passe depuis...»(4)
Il y a mieux! On apprend que le lynchage
de Kadhafi fait partie de la croisade de
BHL au nom des intérêts supérieurs des
Juifs. Pour Bernard-Henri Lévy, la
guerre en Libye était motivée, à ses
yeux, par la défense des intérêts
d'Israël dans le monde. Sébastien Crépel
écrit: «Dernier invité de la première
convention nationale organisée par le
Conseil représentatif des institutions
juives de France (Crif), le journaliste
et écrivain a évoqué les raisons qui
l'avaient conduit à s'engager il y a
huit mois contre le régime du colonel
Kadhafi. Ce fut «d'abord comme
Français», mais, poursuit-il, «je l'ai
fait pour des raisons plus importantes
encore». Parmi celles-ci, «la croyance
en l'universalité des droits de l'homme»
mais aussi, plus curieusement, «pour une
autre raison dont on a peu parlé, mais
sur laquelle je me suis pourtant
beaucoup étendu: cette raison
impérieuse, qui ne m'a jamais lâché,
c'est que j'étais juif. (...) Et
Bernard-Henri Lévy de préciser le fond
de sa pensée: «J'ai porté en étendard ma
fidélité à mon nom, ma volonté
d'illustrer ce nom et ma fidélité au
sionisme et à Israël.» «Comme tous les
juifs du monde, j'étais inquiet. Malgré
la légitime anxiété, c'est un
soulèvement qu'il convient d'accueillir
avec faveur: on avait affaire à l'un des
pires ennemis d'Israël.» Plus
contestable, en revanche, est
l'enrôlement par BHL de «tous les juifs
du monde» derrière la bannière du
gouvernement israélien, au nom du
syllogisme suivant: je suis juif,
Kadhafi et Israël sont ennemis, donc je
prends le parti d'Israël. (...)» (5)
En général, écrit Assouline, lorsqu'une
guerre commence à pointer ses canons,
Bernard-Henri Lévy rapplique; aussitôt
finie, un livre suit. On s'y fait
désormais. Achevé d'imprimer en octobre
dernier, alors que les images du colonel
Kadhafi en pantin sanguinolent passaient
en boucle sur les écrans, La Guerre sans
l'aimer est très exactement ce qu'il
annonce en sous-titre: «Journal d'un
écrivain au coeur du printemps libyen».
En évitant le massacre de Benghazi, son
entregent frénétique a raccourci la
guerre d'un mois et sauvé les vies de
milliers de civils. Malraux est
évidemment son grand modèle annoncé dès
le titre emprunté aux Noyers de l'Altenburg
(«Ah! que la victoire demeure avec ceux
qui auront fait la guerre sans
l'aimer!») et celui de la deuxième
partie («L'Espoir», carrément). Dans une
adresse au peuple réuni à ses pieds sur
la corniche de Benghazi, il ose sans
sourciller: «Jeunesse de Benghazi,
libres tribus de la Libye libre, l'homme
qui vous parle est le libre descendant
d'une des plus anciennes tribus du
monde...» (....)» (6)
L’internet
au secours de la Vérité
Devant l'à-plat-ventrisme avéré des
médias devant l'ominpotence de BHL, il
se trouve et c'est heureux des espaces
où on peut dire la vérité. Xavier de La
Porte et Jade Lindgaard font l'éloge de
l'internet qui démystifie le personnage:
«(...) Et c'est surtout sur la Toile,
qu'il s'agisse de blogs ou de sites
d'information, que Bernard-Henri Lévy
fait l'objet de déminages systématiques,
à chaque nouvelle publication de
reportages (sur la Géorgie ou le Darfour
par exemple) ou de tribunes. Car avec
Internet, les règles du jeu de la parole
publique ont changé. Finie la
conversation au coin du feu de
l'oligarchie médiatique. Moins de
révérence et de connivences entre
obligés appartenant aux mêmes cercles de
pouvoir, politique, financier,
éditorial, ou du monde des médias. Les
idées se diffusent en un clic. Les
citations sont gravées dans le marbre de
la mémoire infinie de Google qui
référence ad vitam æternam ou presque,
jusqu'au supplice, les erreurs commises
par les uns et les autres ». (7)
« La culture de la repasse fait voler en
éclats la culture de l'impunité:
n'importe quelle idiotie se regarde en
boucle et s'accroche comme un boulet à
la réputation de son locuteur. (...)
Mais sur Internet, toute autorité - ou
presque - est par principe remise en
cause. Si bien que notre homme très
diplômé, jeune depuis au moins quarante
ans, se disant philosophe mais se tenant
à l'écart de l'université où il n'est
pas étudié, apparaît soudain hors sujet.
Son travail consiste principalement à
écrire des essais pas trop difficiles à
lire et à en parler le plus possible
dans les médias. Il s'exprime ainsi à la
télévision en toutes circonstances
Tout-terrain. Mais qui se soucie des
lubies de bardes nationaux vieillissants
sur le World Wide Web? En France, BHL et
Alain Finkielkraut continuent de jouer
un rôle prépondérant, chacun dans son
registre. Mais pour combien de temps
encore? C'est beaucoup plus grave qu'un
bug: en langage internet, on appelle ça
un FAIL». (7)
Nous voulons terminer par cette Lettre
ouverte adressée en 1986 à
M.Bernard-Henri Lévy par le philosophe
Guy Hocquenghem. «Cher Bernard, cher
Henri, cher Lévy, Trois personnes en un
seul dieu: pourquoi relever, te
reprocher tes reniements, toi qui es,
mieux qu'une girouette, une véritable
rose des vents à toi tout seul? Hauteur
de l'infatuation, largeur de la surface
médiatique, profondeur de la pose pour
photographes; constance dans
l'inconsistance, dogmatismes alternés,
tes prises de position se succèdent et
se contredisent; (...) Ton agitation
interlope ne cesse de transiter entre
les deux formes du reniement, de gauche
et de droite. Le chantage à
l'antisémitisme, au fascisme, ne t'a
servi qu'à restaurer, comme seul rempart
contre les mauvais instincts des foules,
la théologie la plus répressive. (...)
Tout, chez toi, est imaginaire.(...) Le
néophilosophe concocté sous Giscard pour
rallier la droite s'est retrouvé socialo
sous Mitterrand. (...) Tu n'hésites pas,
de Paris, à soutenir les massacres de
Sabra et Chatilah. (...) Tu es
ex-gauchiste sans avoir été gauchiste;
(...) L'auto-proclamation est l'arme des
faibles. Tu es l'allégorie de
l'impuissance à rien éprouver, à rien
créer, à rien croire ni affirmer, propre
à notre génération. (...) Tu considères
l'admiration publique à ton égard comme
un devoir du public, et tu ressentirais
son manque comme une trahison. Trahison
suprême qui ferait chanceler ton être,
l'effacerait de l'écran; à n'exister que
pour les autres, tu dépends intimement
d'eux, et tu voudrais les contraindre à
te rester fidèles. Tu fais penser à ce
média-man, héros du film Un homme dans
la foule, qui, discrédité par la
révélation en direct de ses mensonges,
finit sa vie face à une machine à
applaudir, (...) tu ne tiens qu'à
l'applaudimètre. Et cette inexistence
est inscrite en tes initiales, BHL. Tu
n'as même pas de nom à toi, rien qu'un
sigle, comme RATP ou SNCF.»(8)
Tout est dit! Voilà l'imposture faite
homme, un communautariste à
l'indignation sélective qui continue à
tétaniser son monde, voire un
gouvernement embarqué dans une aventure
coloniale dont on ne connaît pas
l'issue.
1.http://pascalbonifaceaffairesstrategiques.
blogs.nouvelobs.com/archive/2011/04/22/reponse-a-jean-daniel-sur-bhl.html
2.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard-Henri
_L%C3%A9vy
3.
www.pierre-vidal-naquet.net/spip.php?article49
4.
http://blog.mondediplo.net/2009-01-10-Liberer-les-Palestiniens-des-mensonges-de-Bernard
5. Sébastien Crépel www.humanite.fr
http://www.legrandsoir.info/bhl-philosophe-officiel-au-service-d-interets-d-etat.html
6. Lévy d'Arabie
http://passouline.blog.lemonde.fr/2011/11/13/levy-darabie/
7. Xavier de La Porte et Jade Lindgaard-Le
Web a mis fin à l'impunité de
BHL..06/08/2011
8.http://www.legrandsoir.info/Un-nouvel-antisemitisme-Je-ne-crois-pas-Huffington-Post.html
Publié le 26 novembre 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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