Comment je vois le monde
Guerre Israël Iran
:
Cette fois-ci est-ce sérieux ?
Chems
Eddine Chitour
Chems
Eddine Chitour
Jeudi 23 août 2012
«Si l'on
regarde de près ce qui se passe à nos
frontières à l'heure actuelle, il
devient évident que le risque
d'implication de la Russie dans des
conflits locaux a augmenté; et sous
certaines conditions, les conflits
régionaux risquent de dégénérer en
conflits d'envergure avec un possible
emploi d'armes nucléaires.»
Général Nikolaï Makarov, chef
d'Etat-major général russe, 17/11/2011
Les bruits de bottes concernant
l'attaque de l'Iran présentée comme
naturelle par l'Occident, ne sont pas un
scoop. L'attaque imminente contre l'Iran
attend depuis huit ans et comme le dit
un militaire occidental: «Depuis huit
ans, l'Iran est à une année de la mise
au point de la bombe atomique.» Ce
préambule est donné pour montrer encore
une fois un scénario de déjà-vu. A des
échéances données, on réchauffe le
dossier iranien et on mobilise les
rouages de la machination pour
diaboliser l'Iran.
Souvenons-nous en juin 2008, le général
Shaul Mofaz, ministre de la Défense
d'Israël déclarait: «Si l'Iran continue
son programme de développement de l'arme
nucléaire, nous l'attaquerons. Les
sanctions sont inefficaces... Une
attaque contre l'Iran afin d'arrêter ses
préparatifs nucléaires sera inévitable.»
Dans le même ordre le 31 octobre 2011,
Benyamin Netanyahu déclarait, à la
Knesset, que l'Iran constituait une
menace, non seulement pour Israël mais
aussi pour le reste du monde. Côté
iranien, le gouvernement se défend en
affirmant que son programme nucléaire
est entièrement civil. Réponse du berger
à la bergère, Mahmoud Ahmadinejad avait
déclaré, le 8 novembre 2011 que «l'Iran
n'avait pas besoin de la bombe
atomique», mais qu'il ne «reculerait
jamais» face aux Occidentaux.
A l'époque, le triste rôle est confié au
boutefeu actuel directeur général de
l'Aiea. A longueur d'année et d'une
façon itérative, le matraquage
concernant l'Iran est devenu une seconde
nature. Personne ne pose la question
«pourquoi Israël n'a jamais voulu signer
le traité de non-prolifération nucléaire
bafoué allègrement par ses concepteurs
(Etats-Unis, France) au point de ne pas
permettre de visites poussées de ses
installations?» Israël détiendrait un
arsenal nucléaire impressionnant. On se
souvient que El Baradei ancien directeur
de l'Aiea avait été autorisé à regarder
de loin la centrale et il aurait dit:
«Je ne vois pas de fumée au bout du
pistolet.» (1)
L'attaque
de l'Iran
Plus tard en novembre 2011, le va-t-en
guerre directeur de l'Aiea publie un
rapport défavorable à l'Iran accusé de
réalisation de programmes nucléaires
militaires. Ce rapport énumère tous les
péchés et les ´´incartades´´ de l'Iran,
ainsi que les soupçons nourris à l'égard
de ce pays à partir des années 1990. A
cet égard, l'Iran avait déclaré que ce
n'était rien de plus qu'une compilation
des anciennes accusations qui ne sont
étayées par aucun argument nouveau et
sont politiquement motivées sous la
pression des Etats-Unis. Pourtant,
Téhéran n'a jamais été pris en flagrant
délit de production d'uranium de qualité
militaire. Comme en témoignent les
conclusions très claires du rapport qui
constate que ce qui a été observé sur
les sites iraniens n'entre pas en
contradiction avec les informations
officiellement présentées par l'Iran à
l'Aiea.
En janvier 2012 Alain Gresh écrivait:
«Interrogé pour savoir quand Israël
attaquerait l'Iran, Patrick Clawson,
chercheur au ´´Washington Institute for
Near East Policy (Winep)´´, un think-tank
lié au lobby pro-israélien, répondait:
«Il y a deux ans» (cité par Scott Shane,
11 janvier). Nous sommes en août 2012.
Rien n'a changé, l'attaque de l'Iran est
plus que jamais d'actualité:
´´Un climat fébrile, lit-on sur «le
Télégramme.com», s'est installé depuis
une dizaine de jours en Israël,
entretenu par les déclarations
quotidiennes dans les médias, de
responsables politiques et d'analystes
«pour» ou «contre» une opération
israélienne visant l'Iran. Avec ou sans
l'aval des États-Unis, avec ou sans leur
assistance. Cette inquiétude ambiante
est renforcée par la distribution
massive de masques à gaz à la
population, par la vérification du bon
fonctionnement d'un système d'alerte via
SMS (envoyés en cas de tirs de missiles
ou roquettes) et par des spéculations
sur le nombre de victimes israéliennes
en cas de représailles iraniennes. Autre
élément renforçant le climat de
tensions, cette fois-ci sur la scène
politique, la Knesset (Parlement) a
entériné, jeudi, la nomination d'Avi
Dichter, considéré comme partisan d'une
ligne dure sur le dossier iranien, à la
tête de la Défense passive, un ministère
crucial en cas de guerre ».(2)
Cet ancien patron du Shin Beth, le
service de sécurité intérieure, a
affirmé qu'Israël «devait se doter de
capacités d'attaque» en cas d'offensive
contre les installations nucléaires
iraniennes. Sa position tranche avec
celle d'ex-hauts responsables du Shin
Beth et du Mossad (contre-espionnage) ou
des Renseignements militaires, qui ont
exprimé leur opposition à une attaque
israélienne menée sans l'accord des
États-Unis. Le président Shimon Peres a
déclaré lui aussi, qu'il était «clair»
qu'Israël ne pouvait attaquer l'Iran
sans l'aide des États-Unis». La
multiplication des déclarations
publiques sur l'Iran a pour but, en plus
de préparer l'opinion publique aux
conséquences d'une éventuelle frappe, de
pousser l'administration américaine à
davantage de clarté sur le sujet, estime
Denis Charbit, de l'Université de
Tel-Aviv.» (2)
Al Qods
Du côté occidental,
la propagande est-elle que le formatage
parait irréversible. Encore une fois, on
nous fera le coup du David contre
Goliath, d'un petit pays qui lutte pour
sa survie en face de barbares échevelés
fanatiques avec le couteau entre les
dents. C'est à peu près le scénario juin
67 où les rodomontades de Nasser
n'impressionnaient pas les Israéliens
qui ont décidé d'attaquer en premier; ce
qui a été reconnu bien plus tard.
Nous lisons sur le site Agoravox ce
morceau d'anthologie d'une rare
partialité: ´´ Le régime des mollahs vit
probablement ses derniers jours. La
guerre longtemps redoutée entre l'Iran
et Israël n'a jamais été aussi proche.
En Israël, puissance d'où partirait le
premier coup de feu, tout semble au
point. En Iran, on affiche une sérénité
qui laisse perplexe. En effet, l'issue
du conflit ne fait aucun doute: le
régime iranien sera balayé. La question
qui se pose véritablement est celle de
sa capacité de nuisance. Il y a
sérieusement à redouter une guerre qui,
bien que remportée, risque de laisser
des «blessures» dont on pourrait ne
jamais se relever. Pour le ministre
sortant de la défense passive Matan
Vilnaï, «le front israélien est préparé
comme il ne l'a jamais été». Il va
jusqu'à préciser, au quotidien Maariv,
que l'offensive durera un mois et
coûterait la vie à environ 500
personnes. Tsahal attaquerait sur trois
fronts simultanés». (3)
Du côté de l'Iran, les autorités
rappellent que leur programme nucléaire,
objet du conflit, n'a pas de visée
militaire et qu'il serait «stupide» pour
Israël d'attaquer les installations
iraniennes. S'exprimant lors d'un
discours à Téhéran à l'occasion de la
Journée d'Al Qods, le Président iranien
a promis que la «tumeur cancéreuse» (que
serait Israël) va bientôt disparaître et
qu'«un nouveau Proche-Orient» va
renaître sans «trace des sionistes». Une
déclaration qui a évidemment provoqué un
tollé international. Sur le plan
militaire, Israël disposerait d'une
nette longueur d'avance technologique
sur l'Iran, mais Téhéran a développé des
missiles capables de frapper l'Etat
hébreu et dispose d'un allié
indéfectible aux frontières d'Israël, le
Hezbollah. En été 2006, les pertes
avaient été suffisamment lourdes pour
que le doute commence à planer sur la
capacité du pays à s'en sortir
militairement face à ses hostiles
voisins. (...) Pourtant, contre l'Iran,
Israël part avec les meilleurs
atouts.»(3)
Le rédacteur va plus loin, il nous
informe qu'Israël attaquera en premier
et que s'il est en difficulté il
larguera la bombe atomique: «Seule
puissance nucléaire de la région,
difficile d'imaginer qu'en cas de
déboires militaires majeurs l'Etat
hébreu se priverait de recourir à l'arme
fatale.» (3)
Toute honte bue il annonce que
l'Occident ne laissera jamais tomber
Israel: ´´On sait que si le conflit
tourne mal, les Occidentaux voleraient
au secours du peuple hébreu. Difficile
d'imaginer les dirigeants européens et
américains rester les bras croisés
pendant que le peuple israélien subit
des pertes humaines et matérielles de la
part d'un régime aussi «détesté» que
celui de Téhéran. D'ailleurs, sur ce
point, le Président israélien est sans
ambigüité.: «cette fois au moins nous ne
sommes pas seuls.» Il faisait allusion
aux Etats-Unis qui, quelles que soient
les conditions du déclenchement des
hostilités, interviendront aux côtés
d'Israël.» (3)
Livrant sa conviction intime fruit d'une
haine incompréhensible, Boniface
Musavulu poursuit son plaidoyer et met
en garde contre l'erreur de George Bush
père qui en 1991 n'avait pas capturé
Saddam Hussein. ce qu'à fait son fils
douze ans plus tard en donnant des
conseils: «On peut imaginer,
conseille-t-il, que dans ce scenario,
les «alliés» ne se contentent pas de
détruire les installations nucléaires du
pays. Ils iront jusqu'à faire tomber le
régime. «Une deuxième guerre du Golfe
avait été jugée nécessaire par
l'administration Bush, pour des raisons
indéfiniment contestables. Mais on
aurait pu s'épargner ces interminables
polémiques et surtout épargner des vies
humaines (massacre des Kurdes et des
Chiites) si la coalition, disposant du
mandat de l'ONU, avait «fini le boulot»
dès 1991. Reste que pour faire tomber le
régime, il faudra des hommes au sol. Les
alliés pourraient donc se contenter de
«briser» l'Etat iranien, comme ils ont
brisé l'Irak de Saddam Hussein. Après
une campagne de bombardements et
l'encouragement des soulèvements
internes, le pays serait laissé dans un
«sale état». Lorsqu'un peuple s'épuise
dans d'interminables conflits internes
comme les Irakiens (Kurdes, sunnites,
chiites), il n'a plus les moyens de
fabriquer des «armes de destruction
massive» et menacer «le monde libre»
avec ses missiles. Les Occidentaux
pourront alors dormir tranquilles.
(...)» (3)
Prenant ses désirs pour des réalités,
cet «expert» autoproclamé en
géopolitique ajoute: «Enfin, le contexte
international n'a jamais été aussi
défavorable aux dirigeants iraniens. La
solidarité avec la «rue arabe» ne sera
pas au rendez-vous. Depuis le printemps
arabe, les islamistes qui mobilisaient
des foules ont changé de visage. En
Egypte, les Frères musulmans sont au
pouvoir et sont en quête de
respectabilité internationale. En
Tunisie, les Occidentaux scrutent le
moindre faux-pas des islamistes au
pouvoir (Ennahda). En Syrie, les
islamistes nous supplient de les aider
pour venir à bout de Bachar Al Assad.
Ils ne vont pas se fâcher avec les
Occidentaux. En Libye, les islamistes au
pouvoir, ce sont «nos amis». Le régime
iranien va donc, certainement, se
retrouver tout seul dans sa chute.(3)
Voilà l'état d'esprit qui prévaut en
Occident s'agissant du rapport aux
Arabes et aux musulmans! Pourtant, on ne
peut pas dire qu'Israël soit menacé,
Aucun pays du Moyen-Orient ne peut se
mesurer à Israël dans le cas d'une
guerre éclair. Reste l'Iran, là c'est
autre chose. L'Iran ne se laissera pas
faire «c'est du lourd», c'est un pays
technologiquement avancé dans tous les
domaines. Il semble pourtant, que Barack
Obama ne veuille pas d'une aventure
militaire avant les élections de
novembre 2012. (...) Pour les Américains
et les Israéliens, un Irak allié à
Téhéran offrirait à l'axe Iran-Syrie un
vaste territoire qui s'étendrait de
Téhéran aux rives de la mer
Méditerranée. Une telle perspective
représenterait un véritable défi pour
les Etats-Unis et Israël dans la région.
Une autre hypothèse probable est celle
d'une campagne d'intoxication orchestrée
de longue date. (4)
La bombe
A l'époque déjà il y a dix mois, Peter
Simmons nous apprenait que cette fois
«ce serait sérieux»: «Des articles parus
dans les journaux britanniques le
Telegraph et le Guardian du mercredi 2
novembre révèlent les préparatifs
militaires des Etats-Unis et de la
Grande-Bretagne pour une attaque contre
l'Iran, qui vont bien au-delà des
scénarios de routine habituels.(...)Les
Etats-Unis se sont jetés de façon
téméraire dans une guerre après l'autre
au cours de la décennie passée, dans une
tentative désespérée de compenser leur
déclin économique en projetant leur
hégémonie sur les régions riches en
énergie du Moyen-Orient et de l'Asie
centrale. De plus, on ne connaît pas la
réaction des Russes et des Chinois qui
ne vont pas regarder faire ou défaire ce
qu'ils ont mis patiemment en marche, le
pacte asiatique. D'autant que le
chaudron afghan est toujours en
ébullition avec un Pakistan en
atmosphère insurrectionnelle. «(...)
Toutes les bombes conçues par les pays
occidentaux, notamment les bombes au
phosphore à l'uranium appauvri, les
bombes barriques GBU dont disposeraient
les Etats-Unis et Israël, ajoutez à cela
les drones, ces véritables prédateurs et
le guidage satellitaire, nous avons une
idée des guerres actuelles mises en
action notamment en Afghanistan, à Ghaza,
en Libye.» (5)
Le motif de la bombe est fallacieux.
Plusieurs rapports faits par la CIA ont
montré que l'Iran n'avait pas
l'intention de préparer la bombe. Alain
Gresh nous apprend que Leon Panetta, le
secrétaire américain à la Défense et
ancien directeur de la CIA, le 2
décembre 2011, appréhendait l'attaque,
il dressait un tableau catastrophique
des conséquences d'une guerre contre
l'Iran; quelques jours plus tard, le 19
décembre sur CBS, il affirmait que
l'Iran aurait peut-être une bombe
atomique d'ici un an; enfin le 8 janvier
2012, à la question de savoir si l'Iran
voulait la bombe atomique, il
répondait... non». (6)
On dit que la condition de la réélection
d'Obama est d'avoir l'imprimatur du
lobby sioniste, en aidant Israël à en
finir avant le mois de novembre. Après
la Libye, la Syrie, voici venir le tour
de l'Iran. C'est cependant un risque
majeur, car la Russie et la Chine
réagiront. De plus, les Etats-Unis
n'auront rien à gagner dans ce conflit,
ils ont l'énergie, ils sont installés à
demeure. Prendront-ils le risque de
mettre la planète à feu et à sang pour
un conflit imaginaire?
1.C.E Chitour:
http://www.legrandsoir.info
/attaque-contre-l-iran-prelude-au-chaos-mondial.
2.http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/israel-l-etat-prepare-son-peuple-a-une-guerre-contre-l-iran-21-08-2012-1812694.php
3.Boniface Musavulu.http://www.
agoravox.fr/actualites/international/article/guerre-iran-israel-
veillee-d-armes-121379
4.Mahmoud Kiyan-Ersi Mardomak Frapper
maintenant ou jamais 08.11.2011
5.Peter Symonds
http://www.wsws.org/francais/News/2011/nov2011/iran-n07.shtm...
6.http://blog.mondediplo.net/2012-01-17-Quand-Israel-attaquera-t-il-l-Iran-Il-y-a-deux
Professeur
émérite Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 23 août
2012 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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