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L'EXPRESSIONDZ.COM
IMPUNITÉ DE L'ARMÉE LA PLUS MORALE DU MONDE
Le calvaire des enfants
palestiniens prisonniers
Chems Eddine
Chitour
Jeudi 9 décembre 2010
«Qu’il soit un démon, qu’il soit noir ou
blanc, Il a le coeur pur, il est toute innocence, Il vole au
marché, un gâteau, une orange, Et on le poursuit, il faut le
rattraper, On donne l’alerte, on arrête un ange, Et pour se
défendre il se met à pleurer. Malheur à celui qui blesse un
enfant.»
Enrico Macias
Dimanche et lundi s’est tenu à Alger un
colloque sur la condition des prisonniers palestiniens au vu du
droit international. Vaste sujet s’il en est! Dans cette
contribution, nous allons aborder la question d’une catégorie
particulière de prisonniers: les enfants. Quel crime abominable!
Le chef d’accusation est connu, jet de pierre contre des
véhicules, voire des soldats israéliens Par contre, les peines
encourues varient en intensité en durée et en...horreur.
M.Ramsey Clark, ancien ministre de la Justice aux Etats-Unis, a
estimé que «la loi internationale, la simple justice et la
décence humaine exigent qu’Israël se retire des terres
palestiniennes définies par la résolution 181 de l’AG de 1948,
et quitter toutes les colonies et structures qui ont été
construites». L’orateur estime également, qu’Israël est
redevable au gouvernement palestinien de réparations pour les
persécutions, exploitations et injures subies durant des
décennies par le peuple palestinien. L’ancien député britannique
George Galloway a souligné «la nécessité d’appeler la communauté
internationale, et les Nations unies à débattre de la question
des prisonniers politiques» jugeant impératif «que ce soutien
commence à partir du Monde arabe».(1)
Comment se traduit en pratique le sionisme combattant des
enfants qui n’ont connu que la guerre, que les bombardements,
que le bruit des hélicoptères Apache ou des F16? On ne peut
qu’être décontenancé par les trésors d’imagination de l’armée
d’occupation pour terroriser sans discernement aussi bien les
enfants, les femmes et les personnes âgées que les personnes
adultes. Cette contribution parue dans Haa’retz, le journal
israélien de gauche, est plus éloquente que cent discours. Nous
lisons: «Des soldats israéliens témoignent «Six heures du matin.
Rafah est sous couvre-feu. Y a pas un chat dans les rues.
Seulement un petit enfant de quatre ans qui joue dans le sable.
Il bâtit une espèce de tour comme ça dans la cour de sa maison.
Celui-là se met tout à coup à courir et tous, nous courons avec
lui. Il était du génie. Nous courons tous avec lui. Il attrape
le gosse.(...). Il lui a brisé le bras, ici, à l’articulation.
Il lui a cassé le bras à hauteur du coude. Il lui a cassé la
jambe ici. Et il a commencé à lui marcher sur le ventre, trois
fois. Puis il est parti. Nous étions tous bouche bée, le
regardant, choqués... Le lendemain, je repars en patrouille avec
lui et déjà les soldats commençaient à faire comme lui.»(2)
Etat des lieux du calvaire des enfants
détenus
«En 1973, une brochure officielle destinée aux militaires
israéliens pieux contenait les recommandations suivantes:
‘’Quand au cours d’une guerre, ou lors d’une poursuite armée ou
d’un raid, nos forces se trouvent devant des civils dont on ne
peut être sûr qu’ils ne nous nuiront pas, ces civils, selon la
Halakhah, peuvent et même doivent être tués [...] En aucun cas
l’on ne peut faire confiance à un arabe, même s’il a l’air
civilisé [...] En guerre, lorsque nos troupes engagent un assaut
final, il leur est permis et ordonné par la Halakhah de tuer
même des civils bons, c’est-à-dire les civils qui se présentent
comme tels.‘’» Dans le même ordre, Jacqueline Rose écrit:
«Aujourd’hui, à titre de politique constante, l’armée
israélienne brise les os des Palestiniens.
Au début de la première Intifada, Rabin avait donné cet ordre à
l’armée: ‘’Brisez-leur les os’’. Et les soldats exécutent avec
discipline, l’ordre qui leur a été donné: briser, avec la crosse
de leurs armes, les bras et les jambes des Palestiniens.» Elle
rapporte également que les soldats et les officiers israéliens
«exécutent sommairement des enfants palestiniens, et se
justifient en proclamant que le souvenir de l’Holocauste les
conduit à perpétrer, de manière routinière, ce qui est considéré
comme de patents crimes de guerres perpétrés contre des civils
ne représentant aucun danger!»(3)
Quand Israël ne tue pas les enfants comme lors de la boucherie
de Ghaza en 2008-2009, Israël terrorise les enfants, les
torture, les affame et les abîme. Nous allons relater d’abord la
situation actuelle, nous aborderons après le problème des
manquements graves à la IVe Convention de Genève relative aux
prisonniers et aux enfants en tentant de décrire les dérives les
plus criantes de «l’armée la plus morale du monde». En août
2006, Israël détenait 10.073 prisonniers palestiniens dans plus
de 30 prisons et centres de détention. Depuis 1967, plus de
650.000 Palestiniens ont été arrêtés, soit près de 20% de la
population des Territoires palestiniens occupés! En septembre
2006, la majorité de ces prisonniers palestiniens étaient des
hommes, mais on comptait aussi parmi eux 115 femmes et 450
enfants. Ils sont incarcérés en Israël, au mépris de la IVe
Convention de Genève qui interdit un tel transfert. L’occupation
des Territoires palestiniens par l’armée israélienne et la
violence de la répression qui l’accompagne touchent de plein
fouet les enfants. Ainsi, depuis le début de la Deuxième
Intifada, plus de 4000 enfants palestiniens ont été arrêtés. En
septembre 2006, 450 détenus dans les prisons et les maisons
d’arrêt israéliennes avaient moins de 18 ans.
Promulgué le 24 septembre 1967, l’ordre militaire 132 décrète
que l’enfant palestinien peut, dès l’âge de 12 ans, être
poursuivi, arrêté, incarcéré et condamné par une juridiction
militaire. Et encourir ainsi des peines réservées aux adultes.
Les enfants sont arrêtés pendant les manifestations mais
également dans leurs foyers, généralement en pleine nuit, sur la
foi de photos, de témoignages d’autres détenus ou d’indicateurs.
Les enfants emprisonnés sont aussi des élèves qui ont été
arrachés à leur école. Or, ils ne disposent d’aucun moyen pour
poursuivre leur scolarité ou ne fût-ce que pour jouer. Il n’y a
pas de bibliothèque dans les prisons ni de matériel éducatif qui
permette de préparer des examens de fin d’études secondaires.
(...) Un thème souvent ignoré, ou à peine abordé, est la
torture. (...) les techniques de torture ont été légalisées par
Israël en 1987.»(4)
Eric Silverman raconte le parcours du combattant de parents
voulant rendre visite à leurs enfants prisonniers: «Nabil et
Huda Ward, ainsi que leurs deux filles adolescentes, allaient
visiter leur fils Naseem, âgé de 26 ans, pour la première fois
depuis son incarcération en avril 2002.. [Nabil et Huda Ward ]
sont des vétérans de la souffrance sous l’occupation
israélienne; la fille de Ward, Riham, a été tuée à l’âge de dix
ans par les forces israéliennes en 2001, à l’intérieur de sa
salle de classe à l’école de filles Al-Ibrahim à Jénine. (...)
En novembre 2006, Israël retenait environ 700 Palestiniens en
détention administrative. (...) Le Cicr surveille les conditions
de détention et le traitement de tous les prisonniers
palestiniens, estimés à 11.500 et dont près de 400 sont des
enfants et 120 des femmes.»(5)
Lors de la Journée nationale des prisonniers palestiniens, le 17
avril, la Délégation générale de Palestine en France a rédigé le
rapport suivant. Nous lisons: «La question des prisonniers
politiques palestiniens dans les prisons israéliennes ne se
limite pas à des chiffres ou à des statistiques, mais pour
connaître leur situation, il faut connaître leur nombre, leurs
lieux de détention et leurs conditions de vie. Le nombre
d’arrestations de l’année 2009 a atteint le nombre de 5200, soit
une moyenne de 14 arrestations par jour. Ces milliers de
prisonniers hommes, femmes et enfants sont retenus dans les 13
prisons et 3 centres d’immobilisation à travers Israël..(...)
Selon un récent rapport de «Friends Of Humanity International»
paru le 1er avril 2010, l’année 2009 a été l’une des années les
plus difficiles pour les prisonniers palestiniens. (...) Les
forces d’occupation israéliennes ont continué, en 2009, à
pratiquer toutes sortes d’arrestations, perquisitions et
enlèvements. (...) Il y a plus de 1000 détenus dans les prisons
israéliennes, atteints de maladies chroniques, qui sont soumis à
une négligence médicale. (...) Considérant qu’en vertu de la
Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant,
dont Israël est signataire, un enfant s’entend de tout être
humain âgé de moins de dix-huit ans; considérant que les
prisonniers palestiniens, enfants compris, sont soumis à des
traitements humiliants et dégradants; considérant que les
autorités israéliennes continuent de recourir à la contrainte
physique dans les interrogatoires, ainsi qu’à des menaces
physiques et psychologiques allant jusqu’à la torture, notamment
pour intimider les détenus et obtenir d’eux des aveux, la
Délégation générale de Palestine en France demande le respect de
l’interdiction absolue de la torture comme l’impose le droit
international.(6)
Le nouveau supplice
Parmi les exactions, le ministre palestinien des Prisonniers,
Issa Qaraqa’, rapporte un nouveau scandale: des soldats
israéliens ont uriné sur deux enfants de 13 ans et les ont
obligés à rester tout nus dans les WC pendant deux jours. Il a
dit que le pire toutefois était quand les soldats entraient et
que, au lieu de se soulager dans les toilettes, ils pissaient
sur la tête et la figure des deux garçons. Puis les soldats se
moquaient d’eux et riaient en prenant des photos. Après deux
jours de ce cruel traitement, on les a emmenés dans la colonie
de Binyamin et on les a interrogés de 10h du soir à 3h du matin,
puis on les a emmenés au camp militaire de Ofer. Ils y sont
restés pendant 3 mois avant d’être transportés à la prison des
enfants de Rimonim. Ils n’ont jamais été présentés à la
justice.(7)
Dans le même ordre, le responsable des Affaires des prisonniers
auprès de l’Autorité palestinienne et ancien prisonnier Abdul
Nasir Farawneh a déclaré lundi à Alger, lors du Colloque
international de soutien aux prisonniers palestiniens, qu’Israël
continuait de se servir des prisonniers pour tester les effets
de différents médicaments. «Israël n’a pas cessé un seul jour»,
a dit Farawneh. «Au contraire, il a accru ses crimes et a
autorisé le ministère de la Santé à augmenter de 15% sa
quote-part annuelle de médicaments. Progressivement, de plus en
plus de prisonniers sont exposés à ces traitements, ce qui
explique l’augmentation du nombre de prisonniers malades dans
les prisons de l’occupation israélienne et l’émergence de
nouvelles maladies étranges.» Selon Farawneh, environ 3000
prisonniers palestiniens dans les prisons Nafaha, Ramon et
Néguev - soit 45%du total de prisonniers - sont soumis à des
essais de médicaments et les prisonniers de la prison du Néguev
sont exposés à des toxines nocives en raison de la proximité du
réacteur Dimona. (...) Depuis 2007, Al-Farawneh affirme que les
autorités carcérales israéliennes traitent les Palestiniens
comme des «cobayes».(8)
Il y a pire! Stephen Lendman rapporte une information parue le
10 septembre sur le site israélien Ynetnews.com: «L’IDF (Forces
de défense israéliennes) a commis des abus sexuels sur des
enfants palestiniens» dans lequel on lisait: «des rapports
accablants de CNN (9 septembre) font état d’accusations non
corroborées d’abus sexuels sur des enfants palestiniens détenus
par l’IDF.» Les officiels militaires ont refusé de «répondre à
ces accusations d’abus sexuels car aucune précision n’a été
fournie´´, a déclaré un porte-parole. ´´CNN´´a parlé d’un enfant
palestinien non identifié qui affirmait que des soldats de l’IDF
avaient essayé de lui enfoncer un objet dans le rectum´´ et que
des douzaines d’officiers regardaient ça en riant. La source de
CNN était l’association ´´Defense of Children international´´
(DCI). En mai 2010, l’organisme a demandé au Rapporteur spécial
de l’ONU sur la torture d’enquêter sur 14 cas d’abus sexuels
dont il avait eu connaissance et qui avaient été commis par des
soldats, interrogateurs et policiers de janvier 2009 à avril
2010. Les enfants, qui avaient été victimes de ces abus, avaient
de 13 à 16 ans et avaient été arrêtés pour avoir lancé des
pierres qui n’avaient blessé personne. Dans son rapport d’avril
2008, le ministère palestinien des Affaires des détenus et des
ex-détenus a écrit que plus de 7000 enfants avaient été arrêtés
depuis septembre 2000, date du début de la seconde Intifada.(9)
Environ 360 enfants, dont certains n’avaient que 10 ans, étaient
toujours en détention et traités avec autant de dureté que les
adultes, en violation avec le droit international qui prescrit
un traitement spécial pour les enfants. Sur ces 360 enfants 145
avaient été condamnés, 200 attendaient d’être jugés, et 15
étaient en détention administrative. Le rapport dit qu’environ
500 jeunes avaient atteint leur dix-huitième année en détention.
Environ 75 étaient tombés malades et n’avaient pas été soignés
et presque tous avaient été torturés et victimes de mauvais
traitements. Chaque année, environ 700 enfants sont arrêtés, la
plupart pour avoir lancé des pierres, puis interrogés sans
l’assistance d’un avocat et condamnés. Plus de 80% d’entre eux
ont signé des confessions forcées, pour un tiers écrites en
hébreu qu’ils ne comprennent pas.
Le 10 mai, la journaliste d’Haaretz, Amira Hass écrit (...):
´´69 enfants se sont plaints d’avoir été battus, 4 d’avoir été
victimes d’abus sexuels et 12 autres enfants ont affirmé avoir
été menacés d’abus sexuels´´. Elle a ajouté que la plupart
avaient été terrorisés, brutalisés et insultés pendant leur
détention, avant et pendant les interrogatoires. De plus, on les
privait de nourriture et de boisson des heures durant et on ne
cessait de les martyriser que s’ils donnaient des noms. (...) En
fait, les enfants et les adultes sont souvent détenus des
semaines, voire des mois, avant d’être jugés ou de pouvoir
négocier leur peine (plea bargain). Il n’y a pas de justice en
Israël pour qui n’est pas juif, même s’il n’a que 9 ou 10 ans.»
(10) Tout est dit il n’y a pas de justice pour les enfants
palestiniens. L’impunité jusqu’à quand?
1.Forum sur le soutien aux détenus palestiniens APS 05-12-2010
2.Des soldats israéliens témoignent: Haaretz 21 septembre 2007
3.Jacqueline Rose: La Question de Sion, Presses universitaires
de Princeton 2005
4.http: //www.association-belgo-palestinienne.be/ 13 juillet
2009 IVe Convention de Genève, les-prisonniers-politiques
5.http: //www.palestine-diplo.com/ spip.php?article327 Les
prisonniers politiques
6.Erica Silverman: Prisonniers palestiniens en Israël: perdus
dans la machine
www.info-palestine.net/article.php3?id_article=705 25 janvier
2007
7.http://www.legrandsoir.info/Nouveau-scandale-de-torture-d-enfants-prisonniers-Des-soldats-urinent-sur-des-enfants-de-13-ans.html
PNN 10 novembre 2010
8.Israël continue de tester des médicaments sur les prisonniers
palestiniens. PNN 06.12.10
http://english.pnn.ps/index.php?option=com_content&task= view&id=9236&Itemid=68
9.Stephen Lendman http: //www.legrandsoir.
info/Des-soldats-israeliens-coupables-d-abus-sexuels-sur-des-enfants-palestiniens.html
18.09.2010
Pr Chems Eddine Chitour,
Ecole nationale polytechnique
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Publié le 9 décembre 2010 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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