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L'EXPRESSIONDZ.COM
La guerre des trois aura-t-elle lieu ?
Pr Chems Eddine Chitour
Vue des installations nucléaires
iraniennes d’Isfahan
Photo Intérêt Général
9 octobre 2008 "Nous
sommes à la veille d´une transformation globale. Tout ce dont
nous avons besoin est la bonne crise majeure, et les nations
vont accepter le Nouvel ordre mondial."
David Rockefeller (dirigeant d´Esso et de la Chase Manhattan
Bank)
La crise financière n´est pas encore terminée
que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard
Kouchner, ouvre un nouveau front, il a exhorté Israël à ne pas
lancer d´attaque contre l´Iran: "Je sais qu´en Israël, et dans
l´armée israélienne, il y a ceux qui se préparent à une solution
militaire ou à une attaque afin de faire cesser le programme
nucléaire iranien", dit-il dans une interview au journal
israélien Haaretz de dimanche. "A mon avis, ce n´est pas la
solution", ajoute-t-il, tout en jugeant "absolument
inacceptable" l´idée de voir Téhéran se doter de l´arme
atomique. Pour lui, l´idée d´une attaque israélienne représente
un "danger" et il faut continuer à privilégier " le dialogue, le
dialogue et encore le dialogue."(1)
"Il n´est pas fréquent, écrit Pierre Haski, que le ministère des
Affaires étrangères publie un communiqué pour corriger une
erreur phonétique. Dimanche, le Quai d´Orsay s´est fendu d´un
tel message parce que Bernard Kouchner, s´exprimant en anglais,
a avalé un "h" dans une interview au quotidien israélien
Haaretz, qui a entendu " eat" (manger) à la place de "hit "
(frapper). " Le ministre des Affaires étrangères et Européennes,
Bernard Kouchner, tient à préciser que, durant son interview en
anglais avec les journalistes du Haaretz, publiée le 5 octobre,
il a utilisé le mot " hit " et non " eat " à propos d´une
hypothétique réaction israélienne s´agissant de l´Iran. Il
évoquait, en effet, l´éventualité d´une frappe israélienne
destinée à empêcher l´Iran de se doter d´une arme nucléaire."(2)
"On se souvient du vacarme provoqué par son évocation de la "
guerre " (il faut se préparer au pire, c´est-à-dire la guerre),
il y a un an, qui avait nécessité une mise au point
présidentielle. Frapper l´Iran, ou l´avaler "? Il y a certes une
différence dans la graduation de l´éventuelle riposte
israélienne...Dans cette interview à Haaretz, il demande
simplement à Israël de laisser du temps à la diplomatie face à
l´Iran avant de passer à l´acte, même s´il exprime une certaine
lassitude face au fait de négocier -mais avec qui? "... Mais
surtout, il semble en savoir long sur les plans israéliens pour
une action qu´il qualifie de " vaste et importante ": Il
souligne que si les renseignements israéliens estiment que
l´Iran sera doté de la bombe en 2009 -ce qui rendrait une
attaque préventive très proche-, les renseignements français
font une estimation un peu plus longue: deux ans de plus,
dit-il. Il est difficile de savoir ce qu´il pense vraiment, en
particulier s´il cherche réellement à dissuader Israël
d´attaquer l´Iran. Il dit dans le même souffle: une bombe
iranienne est inacceptable; les négociations ne mènent nulle
part mais il faut continuer; la guerre n´est pas une solution,
mais...Conclusion? Au moins l´Iran sait-il avec précision, ce
dimanche, que Bernard Kouchner ne lui prédit pas qu´il sera
"mangé" par l´Etat hébreu, mais simplement frappé. On y voit
plus clair".(2) On est tenté de dire que Kouchner- et ce n´est
pas la première fois- joue au pompier pyromane. Il appellerait
de ses voeux une frappe. "Tout le monde le sait", a déclaré
M.Kouchner. Le ministre français a également estimé que la
production d´une première bombe atomique par l´Iran ne
dissuaderait pas Israël d´agir.(3)
La crise du nucléaire iranien impose de "se préparer au pire",
selon Bernard Kouchner, le va-t-en guerre sans frontière. Mieux
encore, le président français a évoqué à l´époque, la
possibilité de bombarder l´Iran si on ne veut pas accepter la
bombe iranienne. Attaquer l´Iran vise en réalité à contrôler
l´ensemble du pétrole du Moyen-Orient, comme de la planète,
d´ailleurs. Pour permettre aux USA d´exercer un chantage sur
l´approvisionnement pétrolier des rivaux: Europe, Japon, Chine.
Qui veut dominer le monde, doit contrôler toutes ses sources
d´énergie. Tous les ingrédients idéologiques pour attaquer
l´Iran sont en place. Silencieusement, écrivait Alain Gresh en
juillet 2007, furtivement, à l´abri des caméras, la guerre
contre l´Iran a commencé. De nombreuses sources confirment que
les Etats-Unis ont intensifié leur aide à plusieurs mouvements
armés à base ethnique -Azéris, Baloutches, Arabes, Kurdes,
minorités qui, ensemble, représentent environ 40% de la
population iranienne-, dans le but de déstabiliser la République
islamique.(4)
Pourtant les relations entre l´Iran et Israël n´ont pas toujours
été mauvaises. Elles sont passées de l´alliance politique
étroite entre les deux pays durant l´ère de la dynastie Pahlavi,
à l´hostilité après la montée au pouvoir de l´ayatollah
Rouhollah Khomeini. L´histoire des Juifs persans est continue et
s´étend sur 2500 ans. Une partie de la population juive
iranienne réside en Israël. Les plus connus sont l´ancien
président d´Israël Moshe Katsav, le ministre de la Défense et
ancien chef d´état-major Shaul Mofaz, L´Iran fut l´une des
premières nations à reconnaître l´État d´Israël et fut considéré
comme son meilleur allié musulman. Cependant, l´Iran et Israël
développèrent des liens étroits en matière militaire durant
cette période. Un exemple en est le développement de projets
militaires en entreprise commune tel le Projet Flower, la
tentative irano-israélienne de créer un nouveau missile chiheb-Jericho.
Le journal israélien Haaretz révélait en 2006 qu´une société
bi-nationale, "Trans Asiatic Oil", livrait alors à l´État hébreu
du pétrole iranien. Par ailleurs, l´Iran est suspecté d´avoir
acheté aux Etats-Unis des armes pour plus de 2,5 milliards de
dollars, par l´intermédiaire d´Israël, au cours de la guerre
Iran-Irak dans les années 80 et années 90. Ces ventes d´armes
ont été citées dans le scandale de l´Irangate. En 2006, les
relations entre les deux pays se tendirent beaucoup, d´abord en
raison de l´élection surprise de Mahmoud Ahmadinejad, à la tête
du pays. Il paraîtrait selon les médias occidentaux qu´il
exprima à plusieurs reprises son souhait que l´État d´Israël,
"ce régime occupant Al-Qods qui doit être rayé de la carte",
cesse d´exister. Toutefois la citation originale une fois
traduite du persan signifierait plutôt: "l´imam [khomeyni] a dit
que ce régime occupant Jérusalem doit disparaître de la page du
temps. "Ne furent jamais prononcés le mot «carte», ni «rayé».(5)
Deux poids, deux mesures
Chacun sait que Israël fait fi de la communauté internationale
et entretient un arsenal nucléaire évalué à 200 bombes en
parfaite illégalité et avec la bénédiction des pays occidentaux
et de l´Aiea qui ont sanctuarisé ce pays. Autre exemple de cette
politique du "deux poids, deux mesures", on apprend que l´Inde -
que les Etats-Unis ont choisi d´aider- qui ne veut pas signer le
Traité de non-prolifération depuis 34 ans, qui a fait exploser
deux bombes, vient d´être absoute à la demande des Etats-Unis
Ainsi le directeur de l´Organisation de l´énergie atomique de
l´Iran, Mohammad Saeedi, a exprimé dimanche 5 octobre ses
inquiétudes, après le régime dérogatoire dont bénéficie l´Inde
dans le cadre de l´accord nucléaire qu´elle doit signer avec les
Etats-Unis, parlant de violation flagrante du TNP. Il a averti
que les pays qui ne sont pas des membres du TNP ne peuvent se
servir des privilèges dont bénéficient exclusivement les pays
membres du traité rappelant que le NSG (Groupe des 45 pays
fournisseurs de technologies nucléaires) interdit formellement
de vendre du matériel nucléaire à des Etats non signataires du
TNP. Pour que tous ces textes s´appliquent, il a fallu que
l´Agence internationale de l´énergie atomique (Aiea) et le
Groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG)
acceptent en juillet et en septembre la reprise du commerce
nucléaire avec l´Inde. Le NSG et l´AIEA ont, de facto, levé un
embargo international, imposé il y a 34 ans à cette puissance
atomique militaire depuis ses essais en 1974, puis ceux de mai
1998, et qui refuse de signer le Traité de non-prolifération
(TNP).(6)
"En contrepartie, l´Inde va séparer ses programmes nucléaires
militaire et civil et placer sous surveillance internationale 14
de ses 22 réacteurs. La France a signé, elle aussi un accord de
coopération nucléaire avec l´Inde. Greenpeace a tenu à décrier
cette initiative aujourd´hui. Selon l´organisme, cette entente
éloignerait encore plus l´Inde des énergies propres et sûres.
"Le nucléaire ne va pas résoudre la crise climatique et la
question de la sécurité énergétique de l´Inde. Cette technologie
agit comme un mirage au milieu du désert: même si la totalité du
programme dont rêve le gouvernement indien de construire 40
nouveaux réacteurs en vingt ans, devenait réalité, cela ne
permettrait au pays que de réduire très faiblement ses émissions
de gaz à effet de serre", explique, dans un communiqué, Vinuta
Gopal, responsable de la campagne Climat et Énergie de
Greenpeace en Inde. Enfin, il est prévu que "les emplacements
nucléaires militaires resteront fermés aux inspections
internationales de l´agence onusienne".(6). L´Inde aura donc la
liberté de faire ce qu´elle veut. Quand on pense au Pakistan qui
ne jouit d´aucun de ces privilèges et qui a une position faible
par rapport à l´Inde, on comprend que la technologie nucléaire
est interdite au monde musulman. Pendant ce temps, l´Aiea d´El
Baradei plane. Elle appelle hypocritement à l´établissement
d´une région sans nucléaire au Moyen-Orient. Lors de la 52e
Conférence générale annuelle de l´Aiea, 82 pays membres de
l´Aiea, ont voté en faveur de la résolution tandis que 13 pays
étaient absents, dont Israël et les Etats-Unis. La Conférence
générale de l´Agence internationale de l´énergie atomique a
souhaité, également, dans sa résolution, le renforcement de son
système de contrôle et de sécurité. Cette résolution présentée
par des pays occidentaux s´est heurtée à l´opposition des pays
arabes et non-alignés, qui accusent les auteurs de cette
résolution d´exercer une politique du deux poids, deux mesures,
notamment à l´égard du régime sioniste et de son programme
nucléaire militaire qui n´a reçu aucune inspection. Le vote, a
été boycotté par la plupart des pays arabes qui jugeaient
plusieurs amendements trop favorables à Israël. "Comment
pourrions-nous approuver un appel à respecter nos obligations
internationales alors qu´Israël refuse d´adhérer à tout critère
de non-prolifération nucléaire. Cela mine la crédibilité de
l´Aiea", a dit un diplomate arabe à Reuters. Pour rappel, la
menace contre l´Iran n´est pas nouvelle, mais avant on parlait
de guerre à trois. On sait pourtant, que l´option de la guerre
avait été évoquée à plusieurs reprises à la Maison-Blanche, même
si de nombreux officiers généraux s´y opposent. Le 3 décembre
2007, seize agences du renseignement américain, publiaient un
rapport commun. Confirmant ainsi, la perte de crédit de Bush au
sein de l´appareil de défense de son pays; pour ce rapport,
l´Iran ne cherche plus à se doter de l´arme nucléaire depuis
2003. Il faut savoir: dans l´entourage du Président des
Etats-Unis, il existe une coterie liée à Israël et à ses réseaux
d´influence, qui pousse à la guerre contre l´Iran. On voit se
dresser une offensive de diabolisation contre une autre. Les
Israéliens se défendent de bâtir des projets hégémoniques.
Pourtant, ils travaillent à étendre leur puissance, sous couvert
d´activités économiques, au Kurdistan irakien, dans les pays du
Golfe ou en Egypte, avec la même énergie que les Iraniens, sous
des prétextes religieux, à travers le monde musulman. Ils
attribuent leur hargne contre l´Iran à la crainte de voir ce
pays se doter de l´arme nucléaire. Etrange, car le 20 septembre
dernier (2007), ils n´ont pas saisi l´occasion qu´ils avaient
d´y parvenir à moindres frais. Ce jour-là, une résolution était
proposée par l´Egypte à l´Aiea. Elle lançait un appel à "tous
les pays de la région (moyen-orientale) pour établir une zone où
des armes nucléaires ne seraient ni développées, ni fabriquées,
ni essayées, ni acquises..." Plus grave à nos yeux, ni Le
Figaro, ni Libération n´ont parlé de ce vote. On le devine, ces
journaux auraient été plus diserts sur le sujet si l´Iran avait
voté non à la résolution et l´Etat juif oui. Cela en dit long
sur une certaine maîtrise du contenu des médias à grand
tirage.(7)
Options ouvertes
Un journal écossais déclara en novembre 2003 qu´Israël
avertissait qu´il était prêt à entreprendre une action militaire
unilatérale contre l´Iran. En décembre 2005, un journal
britannique déclara qu´Ariel Sharon, avait ordonné à l´armée
d´Israël de préparer des plans d´attaque contre les sites
d´enrichissement d´uranium en Iran: "Nous sommes en mesure de
traiter cette affaire et nous nous préparons activement à être
prêts pour une telle situation."
Le quotidien israélien Haaretz a révélé, le 13 août, qu´Israël
aurait planifié une attaque contre les installations nucléaires
iraniennes. Mais les Etats-Unis ont fait avorter l´opération en
refusant d´apporter une aide militaire à leurs alliés. Israël
était prêt à attaquer l´Iran. En mai, l´Etat hébreu était même à
un stade "avancé" dans ses préparatifs pour une opération
militaire contre Téhéran. Il ne manquait que l´aide des
Etats-Unis. Le quotidien israélien Haaretz rapporte qu´Israël
souhaitait que George Bush lance une attaque sur les
installations nucléaires iraniennes avant la fin de son mandat.
Les Etats-Unis partagent l´idée avec Israël qu´"aucun recours ne
devrait être écarté", a conclu le ministre de la Défense. Pas
même celui à une attaque directe.(8)
Aux dernières nouvelles. Ehud Olmert a eu l´assurance lors d´une
visite en Russie que cette dernière n´avait pas vendu de
batteries anti-missiles. Dans le même temps, les Etats-Unis
dotent l´Etat israélien d´un système de détection de missiles de
la dernière génération; ces installations seront placées dans le
désert du Néguev et surveilleront, en fait, toute la région. A
quoi servent, en définitive, les propos de Kouchner maintenant
que Bush s´apprête à passer la main? Veut-il par ses propos
inciter Israël à forcer le destin? Assurément, nous sommes loin
de la politique du général de Gaulle qui a le mérite de la
crédibilité, en disant les choses comme il faut les dire, quitte
à provoquer le courroux des bien-pensants et l´ire de
l´Amérique.
(*) Ecole nationale polytechnique
1.Bernard Kouchner invite Israël à ne pas
attaquer l´Iran. Reuters 5.10.2008
2.Pierre Haski. «Bernard Kouchner, Israël, l´Iran». Rue 89
05.10.2008
3.Chems Eddine Chitour «Une 3e guerre mondiale se prépare»
L´Expression 6 décembre 2007
4.Alain Gresh.. Compte à rebours Le Monde Diplomatique, juillet
2007
5.Relations entre l´Iran et Israël Wikipédia, l´encyclopédie
libre.
6.Mohammad Saeedi: la violation flagrante du TNP 05 Octobre
2008http://www2.irna.ir/
7.AlainChevalériahttp://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/
8.Vivien Vergnaud: Iran: Israël aurait voulu frapper JDD.fr
Mercredi 13 Août 2008
Droits
de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 9 octobre 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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