Palestine
Les nouvelles
négociations israélo-palestiniennes
Charles Enderlin
Charles
Enderlin
Lundi 29 juillet 2013
Les négociations préliminaires
israélo-palestiniennes reprennent donc à
Washington. Bien qu’à ce stade, il n’est
question que de définir le cadre des
pourparlers, il faut espérer que ce
nouveau processus débouche un traité de
paix en bonne et due forme et la
création d’un état palestinien
indépendant avec Jérusalem Est pour
capitale, aux côtés d’Israël.
La Ligue arabe appliquerait alors la
phase finale de son plan de paix. Des
ambassades d’Israël s’ouvriraient à
Ryad, en Iraq, au Soudan, etc. Les
réserves de gaz naturel découvertes au
large des côtes israéliennes
permettraient de changer la carte
géopolitique de la région en alimentant
les centrales thermiques en Turquie,
Jordanie, au Liban..
Mais, à ce stade, il faut constater
que la probabilité d’un tel accord est
extrêmement faible. Shlomo Brom, de
l’INSS, le centre d’études stratégiques
de l’université de Tel Aviv relève les
conditions qui ont permis la relance des
pourparlers :
1 : Israël refuse d’accepter la ligne de
1967 avec des échanges territoires comme
base de la négociation. Mais, les États
Unis se sont engagés à entériner ce
principe auprès des Palestiniens.
2 : Les Palestiniens refusent de
reconnaître Israël comme l’état du
peuple juif. Mais les États Unis se sont
engagés à entériner ce principe auprès
des israéliens.
3 : Israël n’a pas accepté le principe
d’un gel total de la colonisation. Mais,
les Palestiniens ont accepté la promesse
de John Kerry, le secrétaire d’état,
qu’il œuvrera pour limiter la
construction aux futurs blocs
d’implantation à proximité de la ligne
verte, ainsi qu’au projets en cours.
Déjà, il y aurait un gel tacite, limité,
de la colonisation en Cisjordanie et
Jérusalem Est.
4 : Israël a accepté de libérer des
palestiniens condamnés avant la
signature des accords d’Oslo en 1993.
Selon des sources israéliennes il s’agit
de 104 détenus. Les palestiniens
parlent, eux, de 250…
Ce round de négociations devrait
durer neuf mois.
Sur le fond : Chacune des parties est
persuadée que le maximum qu’elle peut
accorder ne correspond pas au minimum
que l’autre peut accepter et se lance
donc dans ce processus avec l’intention
de ne pas être accusée d’être le
responsable de l’échec. En réalité, il
est – à ce stade – peu probable
qu’Israël accepte de faire des
concessions majeures à Jérusalem Est et
sur ce qui est le lieu saint juif, le
Mont du Temple. Mais c’est aussi le
Haram el Sharif, le troisième lieu saint
musulman, et les Palestiniens y
refuseront toute forme de souveraineté
juive.
Malgré cela, ils ont rejoint la table
des négociations d’abord, grâce aux
arguments déployés par John Kerry.
Sonnants et trébuchants pour l’Autorité
autonome de Mahmoud Abbas en situation
de quasi faillite. Le secrétaire d’état
a promis la mise en place d’un plan de
développement économique de grande
ampleur en Cisjordanie. Israël devrait
recevoir une aide militaire renforcée.
Netanyahu craindrait également
l’isolement diplomatique croissant de
son pays après la décision de l’Union
Européenne de limiter tous ses accords
futurs au territoire israélien d’avant
la guerre de Six jours, c’est à dire
sans prendre en compte les colonies de
Cisjordanie et de Jérusalem Est.
Mais, en fait, il y a une autre
raison pour laquelle la diplomatie
américaine, l’union Européenne, la Ligue
arabe – qui a relancé son plan de paix -
ont fait un tel effort pour la reprise
des pourparlers. Tous craignent
l’effondrement de l’Autorité autonome et
l’annonce par l’OLP, qu’en raison de
l’importance de la colonisation, la paix
avec Israël est impossible. Cela
signifierait la remise en question des
traités avec l’Égypte et la Jordanie,
censés faire partie d’un processus de
paix régionale. En d’autres termes,
personne ne veut plonger le Proche
Orient dans une nouvelle crise.
Rendez-vous dans neuf mois…
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