Opinion
Le crime des crimes, l'impunité
Brahim Senouci
Mardi 1er juin 2010 Le chœur soi-disant outragé des pays
occidentaux s’offusquant de la dernière équipée israélienne ne
doit pas faire illusion. L’abordage sanglant de bateaux
transportant des pacifistes venant accomplir une mission
humanitaire n’est qu’un épisode de plus dans la longue série des
crimes israéliens demeurés impunis. Si la responsabilité
israélienne ne fait pas de doute, il ne faut pas qu’elle occulte
celle de ses protecteurs riches et puissants qui ont permis à
cet Etat de se maintenir depuis des décennies au-dessus des
lois, tout en revendiquant, avec quelle impudence !, un
magistère moral en vertu duquel il se blanchit lui-même de toute
accusation infamante.
Les Etats qui ont témoigné d’une mansuétude obscène envers
lui doivent aujourd’hui rendre compte de leurs responsabilités,
non seulement dans le crime d’hier, mais dans tous les crimes
qui ont jalonné l’histoire d’Israël depuis sa création.
Ils devront rendre compte de leurs responsabilités dans la
tragédie palestinienne, les transferts brutaux, les massacres,
les destructions de villages, de cultures, l’exil et la misère
des camps de l’éternel transit subis par une population
innocente.
Ils devront rendre compte de leurs responsabilité dans le
fait de faire supporter à cette population innocente le poids de
leur propre culpabilité dans le génocide juif, culpabilité dont
ils ont cru pouvoir se défaire en la transférant sur ses
épaules.
Ils devront rendre compte de la manière dont ils ont
récompensé les assassins en les invitant à la table de l’Union
Européenne, de l’OCDE, en les surarmant, en accueillant leurs
produits gorgés du sang de leurs victimes palestiniennes, en
opposant leurs vetos à toutes les résolutions, pourtant bien
timides, appelant à respecter un peu de décence en appelant les
assassins à un minimum de retenue.
Ils devront payer pour leurs responsabilités dans le désordre
d’un monde qui ne croit plus aux idéaux de justice, trop
galvaudés par leurs lèvres mensongères.
Ils devront rendre compte de leurs responsabilités dans la
montée de la désespérance du monde, désespérance qui nourrit la
violence et le terrorisme.
Ils ne se rendent pas compte que le monde change et que la
"communauté internationale" dont ils se gargarisent ne s’arrête
plus à leurs frontières, qu’ils n’ont plus le droit de dire le
bien et le mal, qu’ils se sont disqualifiés hier dans des
entreprises coloniales qu’ils s’acharnent encore à justifier
aujourd’hui, qu’ils continuent de se disqualifier aujourd’hui en
assistant, en prêtant la main à une entreprise de destruction
d’un peuple et d’une culture.
Le monde change. De nouveaux acteurs émergent. Ils observent
les anciens. C’est peut-être à l’aune du traitement de la
question de la Palestine qu’ils décideront si les anciens
maîtres du monde choisiront d’accompagner le changement et vivre
ou de se cramponner à leurs privilèges et mourir.
Le dossier la flottille de la Liberté
Les dernières mises à
jour
|