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Opinion

Vers une américanisation de la politique française ?
Barthélémy Courmont


Barthélémy Courmont - © Photo IRIS

Mercredi 5 octobre 2011

La victoire, historique, de la gauche aux élections sénatoriales soulève de multiples questions à sept mois de l’élection présidentielle. Pour la première fois sous la Ve République, la droite républicaine n’a plus la majorité au Palais du Luxembourg. Au-delà de ce fait, il convient de s’interroger sur l’évolution du Sénat, traditionnellement considéré comme moins directement lié aux positions partisanes que l’Assemblée nationale, et de ce fait plus en retrait des joutes politiques. Le Sénat pourrait ainsi devenir un véritable contre-pouvoir, et ses prises de position au cours des dernières années, non aligné sur les choix de l’Exécutif, semblent confirmer cette orientation. Le Sénat français pourrait ainsi progressivement devenir une composante du pouvoir parlementaire qui compte non seulement pour le pays mais aussi pour les partis politiques. En ce sens, il évoluerait vers un rôle qui le rapprocherait du Sénat des Etats-Unis, soulevant une nouvelle fois la question de l’américanisation de la vie politique française.

Les Etats-Unis sont régulièrement cités comme exemple ou repoussoir par la classe politique française, à la fois dans les programmes politiques et dans la pratique, à tel point que l’on peut s’interroger sur une américanisation de la politique française. Cette tendance s’est cependant amplifiée ces dernières années, en particulier à l’occasion des échéances électorales. Déjà en 2007, le facteur américain joua un rôle important dans la campagne présidentielle. Les candidats se positionnèrent par rapport à Washington, offrant aux électeurs une véritable grille de lecture, à la manière d’un référendum. Mais c’est surtout dans l’utilisation des médias, l’importance de l’image et l’accumulation de slogans (tels que « travailler plus pour gagner plus », ou « la France présidente ») que cette américanisation de l’élection présidentielle fut très nette.

Après l’administration Bush en 2007, c’est aujourd’hui au tour de l’administration Obama d’être scrutée par la classe politique française. Le président américain, qui fait quasiment l’unanimité, est ainsi régulièrement pris comme exemple, et son image est l’objet de toutes les convoitises. Les candidats se prennent à rêver d’être le Barack Obama français, et d’incarner un nouveau souffle politique. Mais à cet égard, notons que la personnalité du président américain joue un rôle considérable, puisque cet effet d’identification se retrouve dans de nombreux autres pays, et n’est pas limité au cas français.

La principale caractéristique de l’américanisation de la politique française est qu’elle ne porte pas tant sur les débats d’idées que sur le style et les mécanismes de désignation des candidats et de pouvoir. Pour la deuxième fois consécutive, le parti socialiste organise des Primaires qui désigneront son candidat. Mais cette initiative, inédite en 2007, fut cette fois reprise par EELV, et est souvent évoquée pour départager les hypothétiques candidats du centre. Ont peut imaginer que, en l’absence du président sortant Nicolas Sarkozy, ce principe serait également évoqué à l’UMP, et certaines voix s’élèvent déjà pour organiser ce type de scrutin avant les élections de 2017.

La bipolarisation de la vie politique est également fortement ancrée dans les mentalités outre-Atlantique. Elle n’en est pas moins une tendance en évolution en France, en particulier au cours des dernières années, en grande partie en réponse au résultat du premier tour de l’élection présidentielle 2002. La possibilité de voir émerger une troisième force est souvent anéantie par ce phénomène, et la tentation d’un « vote utile » qui a pour effet de renforcer cette bipolarisation. Il s’agit cependant d’une américanisation de la politique française qui n’a a priori pas lieu d’être, en raison du scrutin à deux tours (qui n’existe pas aux Etats-Unis). Cette bipolarisation se traduit, comme aux Etats-Unis par des dépenses de campagne très importantes, et il s’agit là d’un autre aspect de l’américanisation de la politique française : le poids de l’argent dans l’élection. Enfin, l’apparition du quinquennat est une autre marque d’américanisation. En proposant que la durée du mandat présidentiel passe de sept à cinq ans, Jacques Chirac n’a pas uniquement fait évoluer la fonction présidentielle vers un principe de « campagne quasi perpétuelle », comme aux Etats-Unis. S’est imposée, presque naturellement, l’idée selon laquelle il serait déplacé de cumuler trois mandats consécutifs. Il s’agit d’une pratique politique qui vient directement de Washington. Si on ajoute à cela le fait que l’élection présidentielle est désormais en France proposée presque simultanément avec une élection législative, afin d’éviter des situations de cohabitation, on retrouve là encore une pratique très américaine qui impose de nécessaires interrogations sur l’américanisation de la politique française, et ses conséquences.

Si on replace ces différents éléments très « américains » dans le contexte des Primaires du parti Socialiste, on relève plusieurs enseignements. D’une part, les Primaires deviennent une élection dans l’élection (comme le fut l’opposition Barack Obama – Hillary Clinton en 2007-2008), et pas simplement un processus de désignation interne à un parti politique. Exposition médiatique (très forte), campagne sur le terrain, opposition de projets et même coups bas sont de rigueur, là où une désignation interne à un parti pourrait se faire à l’occasion d’un congrès ou dans le cadre des universités d’été. D’autre part, la primaire elle-même se bipolarise, avec l’opposition de deux concurrents principaux, et un arbitrage plus difficile des autres candidats (une tendance également constatée lors des Primaires d’EELV). Enfin, cette bipolarisation de la politique française fait de cette primaire une sorte de premier tour, le vainqueur étant en position de se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle, et se positionne même comme un favori, au regard des sondages d’opinions

Barthélémy Courmont, chercheur associé à l’IRIS, professeur de science politique à Hallym University (Chuncheon, Corée du Sud)

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Publié le 6 octobre 2011 avec l'aimable autorisation de l'IRIS.

 

 

   

Le dossier élections présidentielles 2012
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Source : Affaires stratégiques
http://www.affaires-strategiques.info/...

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