Opinion
Deux juifs
«antisémites»
Badis Guettaf
Dimanche 25 novembre
2012
Eva Illouz
est professeur de sociologue à
l'Université hébraïque de Jérusalem,
elle est de ce fait une scientifique qui
respecte la vérité et ne travaille que
sur des données concrètes. Imperméable à
la propagande et à ses mensonges, elle
se trouve souvent confrontée aux
sionistes, lorsqu'elle traite du
sionisme. Estampillée antisémite, elle
n'en a cure et ne se sent pas du tout
tenue de tempérer ses conclusions. Se
référant à la célèbre affaire du
capitaine Dreyfus (fin du 19e siècle),
victime du racisme anti-juif en France,
mais qui a bénéficié d'une formidable
mobilisation d'intellectuels qui a
obtenu qu'il soit innocenté du crime de
trahison, elle considère, dans un
article paru dans les quotidiens Haaretz
puis Le Monde que «les juifs français
étaient protégés par une forme de
citoyenneté universaliste» et que «les
Arabes d'Israël (pas les
Palestiniens. Ndlr) sont certes des
citoyens», mais que «leur citoyenneté
est un simple fait administratif, pas
une forme de participation active à la
culture, à la politique et à l'économie
d'Israël». Elle trouve la raison dans le
fait «que la conception de la justice
qui prévaut en Israël se caractérise par
son absence de contenu universaliste» et
précise ceci : «Aux yeux de la plupart
de nos hommes politiques et de nos
militaires, l'idée qu'il faut défendre
la cause de la vérité et de la justice,
loin d'être un impératif évident, passe
pour une incroyable preuve de naïveté».
Une mise à l'index du cynisme de
l'establishment de son pays. Le
terrorisme intellectuel, à l'affut, n'a
pas raté de réagir. Le Monde, qu'il est
difficile d'accuser de militantisme
pro-palestinien, surnommé «L'immonde»
par les sionistes est attaqué avec
virulence et «Haaretz» n'est pas en
reste. La coupe n'a pas fini de déborder
avec ce dernier qui remet cela avec un
sondage qui met à nu l'Apartheid de la
société israélienne. Dans un commentaire
sous la plume de l'écrivain et
journaliste Gideon Levy, qualifié de
«Baron de l'industrie du mensonge», on
peut apprendre que les Israéliens
considèrent qu'«il fait bon vivre dans
ce pays (Israël), non pas malgré son
racisme, mais peut-être même à cause de
lui». En miroir, il interpelle ses
concitoyens : «Si une enquête révélait
des résultats analogues sur l'attitude à
l'égard des juifs dans un Etat européen,
Israël aurait poussé de grands cris.
Mais lorsqu'il s'agit de nous, ces
règles ne s'appliquent pas». En peu de
mots le syndrome sioniste est révélé.
Dans le cas de la sociologue comme dans
celui de l'écrivain et journaliste,
c'est le sentiment de révolte qui
s'exprime à travers un examen sans
complaisance du peuple dit «élu» et de
ses dirigeants. L'indigence des attaques
qui les ciblent et qui voudraient les
faire taire vient, contre le vœu des
inquisiteurs, apporter plus d'éclat à
leur travail. Israël est l'Unique
Démocratie du Moyen-Orient (UDMO),
Gideon Levy nous répond : «Une
démocratie ? Pourquoi pas, mais
uniquement pour les juifs». Et tout est
dit, même si Eva Illouz va plus loin que
lui, car elle pense que «même une
injustice commise contre un juif ne
provoquerait pas une affaire Dreyfus en
Israël, parce que les politiciens
israéliens ne sont pas régis par des
normes morales qui pourraient les amener
à agir contre leur intérêt personnel».
Ce qui conforte l'idée que la démocratie
ne peut souffrir d'être partielle. Reste
à savoir jusqu'à quand le monde
continuera de se laisser intoxiquer par
la mythologie sioniste.
B.G.
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