Opinion
Syrie : les exclus
de la «Coalition»
Badis Guettaf
Samedi 15 décembre
2012
Le jeu de
massacre continue en Syrie. À Marrakech,
des joueurs dénommés les «amis du peuple
syrien» se sont réunis. Ils ont choisi
parmi les pièces de l’échiquier, une
«Coalition» faite de bric et de broc,
une autre que celle du CNS, pour en
faire à la place de ce dernier,
inopérant, le «seul représentant
légitime du peuple syrien», et déclarer
illégitime, une nouvelle fois, le
gouvernement syrien. Madame Hillary
Clinton a été absente pour la première
fois. Elle s’était déclarée malade,
faisant un peu jaser, puisqu’elle
devait, après avoir fini la partie au
Maroc, se rendre en Tunisie où une grève
générale était prévue le jour de son
arrivée. De mauvaises langues n’ont pas
raté l’occasion de faire dans le «ceci
explique cela». Passons. Ainsi, le
peuple syrien a un nouveau «représentant
légitime». Exit encore toute solution
intérieure, polluée par cette opposition
qui dérange par son refus de
l’intervention étrangère et par sa
persistance à n’envisager qu’une sortie
de crise pacifique. Cette opposition
intérieure va donc tenir sa propre
conférence à Rome les 17 et 18 décembre
prochains, après celle qu’elle a tenue
au Caire, où seront rassemblés 30
représentants de différents groupes,
dont le Comité national pour le
changement démocratique (CNCD) de Haytham Manaa et le «Courant pour
l’édification de l’État syrien» de Louay
Hassan. De plus, les participants
considèrent qu’«il est encore trop tôt
pour parler de l’avenir de Bachar el-Assad»
et qu’«on doit parler aujourd’hui des
moyens susceptibles d’arrêter la
violence en Syrie». Pas de quoi plaire
aux Etats-Unis et à leurs satellites,
dont les objectifs se situent à des
lieues des préoccupations des Syriens et
qui, de toute évidence, font tout pour
rendre caduque toute alternative
apaisée, en soutenant des va-t-en-guerre
et en encourageant les groupes les plus
radicaux, y compris les desperados
islamistes. Ils se sont même vus
rappeler à l’ordre par les Frères
musulmans concernant le front jihadiste
al-Nosra, placé sur la liste des
organisations terroristes. Décision
considérée comme étant une «erreur» et
«hâtive». Encore une preuve que la
«Coalition» ne représente pas
grand-chose sur le terrain, encore moins
les groupes qui font le coup de feu,
quand bien même ils reçoivent renforts
humains et aides matérielles et
financières. Ce, en droite ligne d’une
stratégie qui vise la destruction de
l’Etat syrien et l’instauration d’un
chaos à «l’irakienne» ou à la
«libyenne», tout en faisant croire que
les «amis» œuvrent à l’avènement de la
démocratie. De toutes les manières, tout
se jouant sur le terrain, les Syriens ne
devront compter que sur leurs capacités
pro-pres d’organisation pour con-trer
les plans impérialistes, ce qu’ils
semblent avoir compris en persistant à
dénoncer les manœuvres atlantistes et en
continuant dans la voie de la
constitution d’un gouvernement de
transition, option acceptée par le
pouvoir syrien et occultée par les «démocratiseurs»
et par la presse mondialisée. Il est
vrai que les 30 qui ne sont pas de la
«Coalition» n’ont pas la sympathie des
Frères et inversement.
B. G.
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