Centre
Palestinien
d'Information
Opinion
Le Hamas n'a qu'une seule stratégie (3 et
fin)
Dr. Azzam At-Tamimi
Photo CPI
Vendredi 2 avril 2010
Il est clair qu’aucune de ces deux parties
ne peut se placer dans l’autre camp. L’autorité de Ramallah
représente la façade officielle du mouvement du Fatah et de
l’OLP. Sa légitimité, elle le tire de l’accord d’Oslo. Cet
accord l’a créée comme un partenaire dans un processus de paix
et de sécurité, financé et dirigé par les Etats-Unis, pour
l’intérêt de l’Entité sioniste. Au fil du temps, cette autorité
est devenue une partie intégrale du projet sioniste. Ainsi, le
mouvement du Fatah et l’OLP ont perdu de leur crédibilité
concernant le projet national palestinien. Dans l’autre camp, le
mouvement du Hamas tire sa légitimité de son projet islamique et
national. Son projet croit en la nécessité de la libération. Il
insiste sur le choix de la résistance armée comme un moyen de
chasser l’Entité sioniste de la Palestine, toute la Palestine.
De ce fait, le Hamas n’a d’autre choix que
de défendre sa position par tous les moyens, et de se retenir de
faire des initiatives et des compromis désagrégeant sa
crédibilité. Il s’engage à ne céder à aucune pression qui ne
fait qu’empirer la donne. Il est évident que la bande de Gaza
gouvernée par le Hamas est assiégée, mais elle est au moins
libre. Si elle n’avait pas été libre, elle n’aurait pas été
encerclée de partout. Cependant, la Cisjordanie dirigée par
l’autorité palestinienne est toujours occupée par les Sionistes.
Si elle n’avait pas été occupée, l’autorité n’aurait pas existé.
Elle tire de l’occupation sa force pour fournir aux occupants
israéliens et leurs colons la sécurité.
Le Hamas reste sage en voulant, par
principe, la réconciliation et l’unité nationale palestinienne.
Toutefois, il n’est pas sage d’accepter la réconciliation à tout
prix. Pour la faire, le Hamas doit poser certaines conditions.
Tout d’abord, le point de passage de Rafah
doit rester ouvert face aux gens et aux produits. C’est un point
frontalier entre deux pays arabes, comme il en existe tant entre
les autres pays arabes. Donc les mouvements, via le passage,
doit être réglé par les accords arabes et selon les intérêts
communs palestino-égyptiens, loin de toutes conditions sionistes
et américaines.
Puis il faut reconstruire Gaza. Il faut donc
laisser passer tous les produits nécessaires à cette
construction : ciment, fer, aluminium, bois, engins et j’en
passe.
Par ailleurs, il faut arrêter toutes sortes
de coordination sécuritaire existant entre l’autorité de
Ramallah et l’Entité sioniste. Et il faut que cette autorité
libère les membres du Hamas et de toutes les autres factions
palestiniennes qui avaient été enfermés selon cette coopération
sécuritaire. Cela exige qu’on commence par chasser le général
Dayton et par démanteler le service qui travaille sous son égide
en Cisjordanie.
Enfin, il faut lier les élections
législatives et présidentielles à la réconciliation de façon à
assurer des élections transparentes et à laisser aux gens le
libre choix.
On pourrait croire que les parties
internationales et régionales ne sont pas obligées de donner de
crédit aux conditions du Hamas, que les souffrances dans
lesquelles vivent le gens de la Cisjordanie et de la bande de
Gaza constituent une forte pression sur le mouvement du Hamas,
au profit de la communauté internationale dirigée par les
Etats-Unis. Mais la réalité est tout autre. La communauté
internationale soutenant l’Entité sioniste est en crise, les
difficultés ne cessent de se renforcer, jour après jour. Et d’un
autre côté, le peuple palestinien, dans l’ensemble, ne blâme pas
le Hamas, mais surtout les parties internationales et régionales
qui soutiennent "Israël". Et le mur en acier que l’Egypte
construit sur la ligne séparant Rafah du Sinaï et Rafah de Gaza
n’est qu’un reflet de la profondeur de la crise du régime
égyptien. Il le construit après l’échec de toutes ses tentatives
visant à obliger le Hamas à signer le document de
réconciliation.
En résumé, le Hamas reste le plus fort dans
ce jeu. Et sans aucun doute, s’il change sa place de résistance
et de patience, son cas ne sera pas mieux, peut-être pire : plus
de pressions. Donc le mouvement du Hamas n’a qu’à rester sur sa
position et résister contre toutes les pressions. Pour
terminer : le Hamas n’a qu’une seule stratégie.
Article écrit par Dr. Azzam-Tamimi , auteur du livre Le
Hamas, chapitres non-achevés
Traduit
et résumé par le CPI
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