Analyse
La Russie,
obstacle majeur sur la route de « l'Amérique-monde »
Aymeric Chauprade
Aymeric Chauprade
Lundi 14 septembre 2009
Alors que les Etats-Unis tentent, depuis le 11 septembre 2001,
d’accélérer leur projet de transformation du monde à l’image de
la société démocratique et libérale rêvée par leurs pères
fondateurs, les civilisations non occidentales se dressent sur
leur chemin et affirment leur volonté de puissance.
La Russie, en particulier constitue un obstacle géopolitique
majeur pour Washington. Elle entend défendre son espace
d’influence et montrer au monde qu’elle est incontournable sur
le plan énergétique. L’un des
auteurs classiques de la géopolitique, Halford J. Mackinder
(1861-1947), un amiral britannique, qui professa la géographie à
Oxford, défendait comme thèse centrale que les grandes
dynamiques géopolitiques de la planète s’articulaient autour
d’un cœur du monde (heartland), l’Eurasie.
Pivot de la politique mondiale que la puissance maritime ne
parvenait pas à atteindre, l’Eurasie avait pour cœur intime la
Russie, un Empire qui « occupait dans l’ensemble du monde la
position stratégique centrale qu’occupe l’Allemagne en Europe ».
Autour de cet épicentre des
secousses géopolitiques mondiales, protégé par une ceinture
faite d’obstacles naturels (vide sibérien, Himalaya, désert de
Gobi, Tibet) que Mackinder appelle le croissant intérieur,
s’étendent les rivages du continent eurasiatique : Europe de
l’Ouest, Moyen-Orient, Asie du Sud et de l’Est.
Au-delà de ces rivages,
par-delà les obstacles marins, deux systèmes insulaires viennent
compléter l’encadrement du heartland : la
Grande-Bretagne et le Japon, têtes de pont d’un croissant plus
éloigné auquel les États-Unis appartiennent.
Selon cette vision du monde,
les puissances maritimes mondiales, les thalassocraties que
défend Mackinder, doivent empêcher l’unité continentale
eurasiatique. Elles doivent donc maintenir les divisions
est/ouest entre les principales puissances continentales
capables de nouer des alliances (France/Allemagne,
Allemagne/Russie, Russie/Chine) mais aussi contrôler les rivages
du continent eurasiatique.
Cette matrice anglo-saxonne,
que l’on peut appliquer au cas de l’Empire britannique au XIXe
siècle, comme à celui de la thalassocratie américaine au XXe
siècle, reste un outil pertinent pour comprendre la géopolitique
d’aujourd’hui.
La théorie de Mackinder nous
rappelle deux choses que les thalassocraties anglo-saxonnes
n’ont jamais oubliées : il n’y a pas de projet européen de
puissance (d’Europe puissance) sans une Allemagne forte et
indépendante (or l’Allemagne reste largement sous l’emprise
américaine depuis 1945) ; il n’y pas d’équilibre mondial face au
mondialisme américain sans une Russie forte.
L’Amérique veut
l’Amérique-monde ; le but de sa politique étrangère, bien
au-delà de la seule optimisation de ses intérêts stratégiques et
économiques du pays, c’est la transformation du monde à l’image
de la société américaine. L’Amérique est messianique et là est
le moteur intime de sa projection de puissance. En 1941, en
signant la Charte de l’Atlantique, Roosevelt et Churchill
donnaient une feuille de route au rêve d’un gouvernement mondial
visant à organiser une mondialisation libérale et démocratique.
Jusqu’en 1947, l’Amérique aspira à la convergence avec l’URSS
dans l’idée de former avec celle-ci un gouvernement mondial, et
ce, malgré l’irréductibilité évidente des deux mondialismes
américain et soviétique. Deux ans après l’effondrement européen
de 1945, les Américains comprirent qu’ils ne parviendraient pas
à entraîner les Soviétiques dans leur mondialisme libéral et ils
se résignèrent à rétrécir géographiquement leur projet :
l’atlantisme remplaça provisoirement le mondialisme.
Puis, en 1989, lorsque
l’URSS vacilla, le rêve mondialiste redressa la tête et poussa
l’Amérique à accélérer son déploiement mondial. Un nouvel ennemi
global, sur le cadavre du communisme, fournissait un nouveau
prétexte à la projection globale : le terrorisme islamiste.
Durant la Guerre froide, les Américains avaient fait croître cet
ennemi, pour qu’il barre la route à des révolutions socialistes
qui se seraient tournées vers la Russie soviétique. L’islamisme
sunnite avait été l’allié des Américains contre la Russie
soviétique en Afghanistan. Ce fut le premier creuset de
formation de combattants islamistes sunnites, la matrice d’Al
Qaida comme celle des islamistes algériens... Puis il y eut la
révolution fondamentaliste chiite et l’abandon par les
Américains du Shah d’Iran en 1979. Le calcul de Washington fut
que l’Iran fondamentaliste chiite ne s’allierait pas à l’URSS,
contrairement à une révolution marxiste, et qu’il offrirait un
contrepoids aux fondamentalistes sunnites. Dans le monde arabe,
ce furent les Frères musulmans qui, d’Egypte à la Syrie, furent
encouragés. Washington poussa l’Irak contre l’Iran, et
inversement, suivant le principe du « let them
kill themselves (laissez-les s’entretuer) » déjà appliqué
aux peuples russe et allemand, afin de détruire un nationalisme
arabe en contradiction avec les intérêts d’Israël. L’alliance
perdura après la chute de l’URSS. Elle fut à l’œuvre dans la
démolition de l’édifice yougoslave et la création de deux Etats
musulmans en Europe, la Bosnie-Herzégovine puis le Kosovo.
L’islamisme a toujours été
utile aux Américains, tant dans sa situation d’allié face au
communisme durant la Guerre froide, que dans sa nouvelle
fonction d’ennemi officiel depuis la fin de la bipolarité.
Certes, les islamistes existent réellement ; ils ne sont pas une
création imaginaire de l’Amérique ; ils ont une capacité de
nuisance et de déstabilisation indéniable. Mais s’ils peuvent
prendre des vies, ils ne changeront pas la donne de la puissance
dans le monde.
La guerre contre l’islamisme
n’est que le paravent officiel d’une guerre beaucoup plus
sérieuse : la guerre de l’Amérique contre les puissances
eurasiatiques.
Après la disparition de
l’URSS, il est apparu clairement aux Américains qu’une puissance
continentale, par la combinaison de sa masse démographique et de
son potentiel industriel, pouvait briser le projet
d’Amérique-monde : la Chine. La formidable ascension
industrielle et commerciale de la Chine face à l’Amérique fait
penser à la situation de l’Allemagne qui, à la veille de la
Première Guerre mondiale, rattrapait et dépassait les
thalassocraties anglo-saxonnes. Ce fut la cause première de la
Première Guerre mondiale.
Si la Chine se hisse au tout
premier rang des puissances pensent les stratèges américains,
par la combinaison de sa croissance économique et de son
indépendance géopolitique, et tout en conservant son modèle
confucéen à l’abri du démocratisme occidental, alors c’en est
fini de l’Amérique-monde. Les Américains peuvent renoncer à leur
principe de Destinée manifeste (Principle of
Manifest Destiny) de 1845 ainsi qu’au messianisme de leurs
pères fondateurs, fondamentalistes biblistes ou franc-maçons.
Alors que l’URSS venait à
peine de s’effondrer, les stratèges américains orientèrent donc
leurs réflexions sur la manière de contenir l’ascension de la
Chine.
Sans doute comprirent-ils
alors toute l’actualité du raisonnement de Mackinder. Les
Anglo-Saxons avaient détruit le projet eurasiatique des
Allemands, puis celui des Russes ; il leur fallait abattre celui
des Chinois. Une nouvelle fois la Mer voulait faire pièce à la
Terre.
La guerre humanitaire et la
guerre contre le terrorisme seraient les nouveaux prétextes
servant à masquer les buts réels de la nouvelle grande guerre
eurasiatique : la Chine comme cible, la
Russie comme condition pour emporter la
bataille.
La Chine comme
cible parce que seule la Chine est une
puissance capable de dépasser l’Amérique dans le rang de la
puissance matérielle à un horizon de vingt ans. La Russie comme
condition parce que de son orientation
stratégique découlera largement l’organisation du monde de
demain : unipolaire ou multipolaire.
Face à la Chine, les
Américains entreprirent de déployer une nouvelle stratégie
globale articulée sur plusieurs volets [1] :
- L’extension d’un bloc
transatlantique élargi jusqu’aux frontières de la Russie et à
l’ouest de la Chine.
- Le contrôle de la dépendance énergétique de la Chine.
- L’encerclement de la Chine par la recherche ou le renforcement
d’alliances avec des adversaires séculaires de l’Empire du
Milieu (les Indiens, les Vietnamiens,les Coréens, les Japonais,
les Taïwanais...).
- L’affaiblissement de l’équilibre entre les grandes puissances
nucléaires par le développement du bouclier anti-missiles.
- L’instrumentalisation des séparatismes (en Serbie, en Russie,
en Chine, et jusqu’aux confins de l’Indonésie) et le remaniement
de la carte des frontières (au Moyen-Orient arabe).
Washington a cru, dès 1990,
pouvoir faire basculer la Russie de son côté, pour former un
vaste bloc transatlantique de Washington à Moscou avec au milieu
la périphérie européenne atlantisée depuis l’effondrement
européen de 1945. Ce fut la phrase de George Bush père, lequel
en 1989 appelait à la formation d’une alliance « de Vladivostok
à Vancouver » ; en somme le monde blanc organisé sous la tutelle
de l’Amérique, une nation paradoxalement appelée, par le contenu
même de son idéologie, à ne plus être majoritairement blanche à
l’horizon 2050.
L’extension du bloc
transatlantique est la première dimension du grand jeu
eurasiatique. Les Américains ont non seulement conservé l’OTAN
après la disparition du Pacte de Varsovie mais ils lui ont
redonné de la vigueur : premièrement l’OTAN est passé du droit
international classique (intervention uniquement en cas
d’agression d’un Etat membre de l’Alliance) au droit
d’ingérence. La guerre contre la Serbie, en 1999, a marqué cette
transition et ce découplage entre l’OTAN et le droit
international. Deuxièmement, l’OTAN a intégré les pays d’Europe
centrale et d’Europe orientale. Les espaces baltique et
yougoslave (Croatie, Bosnie, Kosovo) ont été intégrés à la
sphère d’influence de l’OTAN. Pour étendre encore l’OTAN et
resserrer l’étau autour de la Russie, les Américains ont fomenté
les révolutions colorées (Géorgie en 2003, Ukraine en 2004,
Kirghizstan en 2005), ces retournements politiques non violents,
financés et soutenus par des fondations et des ONG américaines,
lesquelles visaient à installer des gouvernements anti-russes.
Une fois au pouvoir, le président ukrainien pro-occidental
demanda naturellement le départ de la flotte russe des ports de
Crimée et l’entrée de son pays dans l’OTAN. Quant au président
géorgien il devait, dès 2003, militer pour l’adhésion de son
pays dans l’OTAN et l’éviction des forces de paix russes dédiées
depuis 1992 à la protection des populations abkhazes et
sud-ossètes.
À la veille du 11 septembre
2001, grâce à l’OTAN, l’Amérique avait déjà étendu fortement son
emprise sur l’Europe. Elle avait renforcé l’islam bosniaque et
albanais et fait reculer la Russie de l’espace yougoslave.
Durant les dix premières
années post-Guerre froide, la Russie n’avait donc cessé de subir
les avancées américaines. Des oligarques souvent étrangers à
l’intérêt national russe s’étaient partagés ses richesses
pétrolières et des conseillers libéraux proaméricains
entouraient le président Eltsine. La Russie était empêtrée dans
le conflit tchétchène, remué largement par les Américains comme
d’ailleurs l’ensemble des abcès islamistes. Le monde semblait
s’enfoncer lentement mais sûrement dans l’ordre mondial
américain, dans l’unipolarité.
En 2000, un événement
considérable, peut-être le plus important depuis la fin de la
Guerre froide (plus important encore que le 11 septembre 2001)
se produisit pourtant : l’accession au pouvoir de Vladimir
Poutine. L’un de ces retournements de l’histoire qui ont pour
conséquences de ramener celle-ci à ses fondamentaux, à ses
constantes.
Poutine avait un programme
très clair : redresser la Russie à partir du levier énergétique.
Il fallait reprendre le contrôle des richesses du sous-sol des
mains d’oligarques peu soucieux de l’intérêt de l’Empire. Il
fallait construire de puissants opérateurs pétrolier (Rosneft)
et gazier (Gazprom) russes liés à l’Etat et à sa vision
stratégique. Mais Poutine ne dévoilait pas encore ses intentions
quant au bras de fer américano-chinois. Il laissait planer le
doute. Certains, dont je fais d’ailleurs partie puisque
j’analysais à l’époque la convergence russo-américaine comme
passagère et opportune (le discours américain de la guerre
contre le terrorisme interdisait en effet momentanément la
critique américaine à propos de l’action russe en Tchétchénie),
avaient compris dès le début que Poutine reconstruirait la
politique indépendante de la Russie ; d’autres pensaient au
contraire qu’il serait occidentaliste. Il lui fallait en finir
avec la Tchétchénie et reprendre le pétrole. La tâche était
lourde. Un symptôme évident pourtant montrait que Poutine allait
reprendre les fondamentaux de la grande politique russe : le
changement favorable à l’Iran et la reprise des ventes d’armes à
destination de ce pays ainsi que la relance de la coopération en
matière de nucléaire civil.
Pourquoi alors l’accession
de Poutine était-elle un événement si considérable ? Sans
apparaître à l’époque de manière éclatante, cette arrivée
signifiait que l’unipolarité américaine, sans la poursuite de
l’intégration de la Russie à l’espace transatlantique, était
désormais vouée à l’échec, et avec elle, par conséquent, la
grande stratégie visant à briser la Chine et à prévenir
l’émergence d’un monde multipolaire.
Au-delà encore, nombre
d’Européens ne perçurent pas immédiatement que Poutine portait
l’espoir d’une réponse aux défis de la compétition économique
mondiale fondée sur l’identité et la civilisation. Sans doute
les Américains, eux, le comprirent-ils mieux que les Européens
de l’Ouest. George Bush n’en fit-il pas l’aveu lorsqu’il avoua
un jour qu’il avait vu en Poutine un homme habité profondément
par l’intérêt de son pays ?
Le 11 septembre 2001 offrit
pourtant l’occasion aux Américains d’accélérer leur programme d’unipolarité.
Au nom de la lutte contre un mal qu’ils avaient eux-mêmes
fabriqués, ils purent obtenir une solidarité sans failles des
Européens (donc plus d’atlantisme et moins « d’Europe
puissance »), un rapprochement conjoncturel avec Moscou (pour
écraser le séparatisme tchétchéno-islamiste), un recul de la
Chine d’Asie centrale face à l’entente russo-américaine dans les
républiques musulmanes ex-soviétiques, un pied en Afghanistan, à
l’ouest de la Chine donc et au sud de la Russie, et un retour
marqué en Asie du Sud-est.
Mais l’euphorie américaine
en Asie centrale ne dura que quatre ans. La peur d’une
révolution colorée en Ouzbékistan poussa le pouvoir ouzbek, un
moment tenté de devenir la grande puissance d’Asie centrale en
faisant contrepoids au grand frère russe, à évincer les
Américains et à se rapprocher de Moscou. Washington perdit
alors, à partir de 2005, de nombreuses positions en Asie
centrale, tandis qu’en Afghanistan, malgré les contingents de
supplétifs qu’elle ponctionne à des Etats européens incapables
de prendre le destin de leur civilisation en main, elle continue
de perdre du terrain face à l’alliance talibano-pakistanaise,
soutenue discrètement en sous-main par les Chinois qui veulent
voir l’Amérique refoulée d’Asie centrale.
Les Chinois, de nouveau,
peuvent espérer prendre des parts du pétrole kazakh et du gaz
turkmène et construire ainsi des routes d’acheminement vers leur
Turkestan (le Xinjiang). Pékin tourne ses espoirs énergétiques
vers la Russie qui équilibrera à l’avenir ses fournitures
d’énergie vers l’Europe par l’Asie (non seulement la Chine mais
aussi le Japon, la Corée du Sud, l’Inde...).
Le jeu de Poutine apparaît
désormais au grand jour. Il pouvait s’accorder avec Washington
pour combattre le terrorisme qui frappait aussi durement la
Russie. Il n’avait pas pour autant l’intention d’abdiquer quant
aux prétentions légitimes de la Russie : refuser l’absorption de
l’Ukraine (car l’Ukraine pour la Russie c’est une nation sœur,
l’ouverture sur l’Europe, l’accès à la Méditerranée par la mer
Noire grâce au port de Sébastopol en Crimée) et de la Géorgie
dans l’OTAN. Et si l’indépendance du Kosovo a pu être soutenue
par les Américains et des pays de l’Union européenne, au nom de
quoi les Russes n’auraient-ils pas le droit de soutenir celles
de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, d’autant que les peuples
concernés eux-mêmes voulaient se séparer de la Géorgie ?
Mackinder avait donc raison.
Dans le grand jeu eurasiatique, la Russie reste la pièce clé.
C’est la politique de Poutine, bien plus que la Chine (pourtant
cible première de Washington car possible première puissance
mondiale) qui a barré la route à Washington. C’est cette
politique qui lève l’axe énergétique Moscou (et Asie
centrale)-Téhéran-Caracas, lequel pèse à lui seul ¼ des réserves
prouvées de pétrole et près de la moitié de celles de gaz (la
source d’énergie montante). Cet axe est le contrepoids au
pétrole et au gaz arabes conquis par l’Amérique. Washington
voulait étouffer la Chine en contrôlant l’énergie. Mais si
l’Amérique est en Arabie Saoudite et en Irak (1ère et 3e
réserves prouvées de pétrole), elle ne contrôle ni la Russie, ni
l’Iran, ni le Venezuela, ni le Kazakhstan et ces pays bien au
contraire se rapprochent. Ensemble, ils sont décidés à briser la
suprématie du pétrodollar, socle de la centralité du dollar dans
le système économique mondial (lequel socle permet à l’Amérique
de faire supporter aux Européens un déficit budgétaire colossal
et de renflouer ses banques d’affaires ruinées).
Nul doute que Washington va
tenter de briser cette politique russe en continuant à exercer
des pressions sur la périphérie russe. Les Américains vont
tenter de développer des routes terrestres de l’énergie
(oléoducs et gazoducs) alternatives à la toile russe qui est en
train de s’étendre sur tout le continent eurasiatique, irriguant
l’Europe de l’Ouest comme l’Asie. Mais que peut faire Washington
contre le cœur énergétique et stratégique de l’Eurasie ? La
Russie est une puissance nucléaire.
Les Européens raisonnables
et qui ne sont pas trop aveuglés par la désinformation des
médias américains, savent qu’ils ont plus besoin de la Russie
qu’elle n’a besoin d’eux. Toute l’Asie en croissance appelle le
pétrole et le gaz russe et iranien.
Dans ces conditions et alors
que la multipolarité se met en place, les Européens feraient
bien de se réveiller. La crise économique profonde dans laquelle
ils semblent devoir s’enfoncer durablement conduira-t-elle à ce
réveil ? C’est la conséquence positive qu’il faudrait espérer
des difficultés pénibles que les peuples d’Europe vont endurer
dans les décennies à venir.
Aymeric Chauprade
Professeur de géopolitique à l’Ecole de Guerre entre 1999 et
2009 et professeur à l’Université de Neuchâtel.
Source :
http://www.strategicsinternational.com/24_07.pdf
[1]
CHAUPRADE, Aymeric, « Géopolitique, constantes et changements
dans l’histoire », Ellipses, 3e édition,
2007
|