|
Ha'aretz
Cisjordanie : un rapport de la
Banque mondiale très sévère pour la politique d'Israël
Avi Issacharoff
[La
Banque mondiale, qui prône la "bonne gouvernance" chez
les autres, mais est empêtrée dans l'affaire Wolfowitz (son président,
accusé de népotisme), continue néanmoins à travailler. Pour
les lecteurs de notre newsletter, rien de nouveau dans ce rapport,
mais au moins, les choses sont dites clairement, par la Banque
mondiale]
Ha'aretz, 9 mai 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/857265.html
Selon un rapport de la Banque mondiale, Israël, en limitant la
liberté de circulation et l'accès à certaines parties de la
Cisjordanie, empêche toute chance pour l'économie palestinienne
de sortir de la crise. Ce rapport, particulièrement critique,
affirme également que les restrictions imposées aux Palestiniens
leur interdisent l'accès à environ 50% de la Cisjordanie.
"Actuellement, la liberté de circulation des Palestiniens en
Cisjordanie est l'exception et non la règle, contrairement aux
engagements pris dans le cadre d'un certain nombre d'accords entre
le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne", établit
le rapport.
David Craig, directeur de la Banque mondiale pour la Cisjordanie
et la bande de Gaza, dit que la politique de restrictions d'Israël
en Cisjordanie "y augmente les coûts de l'activité économique,
et crée un niveau élevé
d'incertitude et d'inefficacité qui rend la conduite normale des
affaires excessivement difficile et coince la croissance et
l'investissement, nécessaires à la reprise de l'économie."
Les auteurs de ce rapport expliquent que la politique des
bouclages en Cisjordanie s'effectue par une série de
mesures et de décrets, ainsi que par la création d'obstacles
physiques, qui contribuent à l'éclatement de ce
territoire en cantons, de plus en plus petits et déconnectés les
uns des autres.
Le rapport note que le nombre d'obstacles physiques (check points,
barrages routiers, portails) continue à augmenter. Si l'on en
croit les chiffres fournis par l'Office des Nations unies pour les
Affaires humanitaires dans les territoires occupés (OCHA), le
nombre de ces obstacles se montait en mars dernier à 546, soit
44% de plus que lors de la signature de l'accord sur la
circulation et l'accessibilité, en novembre 2005.
"Si les obstacles physiques sont les manifestations visibles
du bouclage, les moyens utilisés pour limiter la circulation des
Palestiniens sont en fait bien plus complexes, et se fondent sur
une série de pratiques
administratives et de politiques d'autorisations qui limitent la
liberté des Palestiniens de retourner à leur domicile, trouver
du travail, investir et sortir des limites administratives de
leurs communes", établit ce rapport.
Les restrictions administratives empêchent les Palestiniens de pénétrer
dans d'importantes parties de la Cisjordanie, dont "toutes
les zones situées à l'intérieur des limites municipales des
colonies, la 'zone tampon', la vallée du Jourdain , Jérusalem
Est, les routes 'réservées' et autres zones 'fermées'."
"L'effet combiné de ces obstacles physiques et
administratifs est la division de la Cisjordanie en trois segments
(nord, centre et sud), plus dix autres segments ou enclaves, les
Palestiniens devant passer par des check points pour aller et
venir de l'un à l'autre", affirme le rapport. "En
pratique, l'effet de cette économie mise en pièces est que,
chaque jour, tout déplacement vers l'école, le lieu de travail,
les magasins, les centres
médicaux et les terres agricoles est soumis à l'incertitude et
à l'arbitraire."
Le rapport de la Banque mondiale estime que les Palestiniens sont
empêchés d'accéder à 41 segments de routes (longueur totale :
environ 700 km) en Cisjordanie. Ces routes sont réservées à
l'usage des colons et des fonctionnaires internationaux. Un
conducteur palestinien peut demander une autorisation spéciale
pour lui et son véhicule afin d'utiliser ces segments de routes,
mais les check points ad hoc temporaires contribuent à créer
"une incertitude importante, des coûts et des risques supplémentaires
pour le transport de marchandises, et ils exercent un rôle
dissuasif pour l'activité économique palestinienne."
Pour la Banque mondiale, il n'y aura pas de reprise économique en
Cisjordanie tant que d'importantes portions de son territoire
resteront inaccessibles. La rapport conclut : "Ce n'est
qu'après un réexamen de fond de toute la politique des bouclages
que le secteur privé palestinien pourra redémarrer et nourrir
une croissance durable."
Trad. : Gérard
pour
|