Opinion
Conférence de
presse d'Obama vue par des experts:
c'est enfantin
Andreï Fedyachine
Photo: La
Voix de la Russie - © Photo : AFP
Samedi 10 août 2013
Le président Obama a enfin
dissipé le brouillard qui avait
enveloppé les relations
russo-américaines en rapport avec «
l’affaire Snowden ». Le vendredi 9
août, le président a donné une
conférence de presse extraordinaire
pour dire aux journalistes que
l’Amérique prenait une pause dans
les relations avec la Russie pour
repenser les problèmes et « rajuster
» les relations bilatérales qui
doivent continuer de toute façon. Et
enfin, il n’y aura de pas de
boycottage des JO d’hiver 2014 à
Sotchi.
Obama a profité de la
conférence de presse pour
expliquer sa décision de ne pas
aller au sommet de Moscou. Il a
avoué que les divergences entre
les Etats-Unis et la Russie se
maintiendraient à l’avenir
également mais que ce n’était
pas une raison pour refuser le
dialogue avec elle. Depuis la
chute de l’URSS, a dit le
président américain, les
relations avec la Russie ont
connu des périodes de tension et
de coopération dans certains
domaines et de rivalité dans
d’autres. Mais des progrès ont
également été réalisés dans le
domaine du nouveau traité START
et la Russie aide les États-Unis
dans leur mission en Afghanistan.
« Je pense que le
dernier épisode (« affaire
Snowden ») n’est qu’une des
divergences qui se manifestent
depuis quelques mois dans la
question syrienne et celle des
droits de l’homme. Il serait
correct de prendre une pause
pour essayer de comprendre où va
la Russie, quels sont nos
intérêts et « réajuster» nos
relations en conséquence afin
que nous puissions faire ce qui
sert nos intérêts et, j’espère,
ceux de la Russie. Il faut
cependant avouer que certaines
divergences se maintiendront
forcément mais c’est normal ».
Obama a dit qu’il ne voyait
aucun intérêt à boycotter les JO
d’hiver à Sotchi, ce que
demandent les congressistes de
droite mais surtout le « lobby »
des minorités sexuelles
mécontenté par la loi sur
l’interdiction de la propagande
gay adoptée en Russie.
« Je sais qu’on nous
demande de nous définir par
rapport aux JO de Sotchi. Je
veux faire clairement comprendre
à tout le monde qu’il ne faut
par les boycotter. Les sportifs
américains s’entraînent
intensément en prévision de cet
événement et font tout leur
possible pour y obtenir du
succès. S’il n’y a pas de
sportifs gay ou lesbiennes dans
l’équipe russe, cela la rend
sans doute plus faible ».
C’était la première
conférence de presse donnée par
Obama depuis trois mois. Il
s’agit d’une pause assez longue
d’après les standards américains
surtout compte tenu du fait que
c’était une période saturée
d’événements retentissants comme
l’évasion d’Edward Snowden, ce
révélateur du réseau
d’espionnage global monté par la
NSA. La Maison Blanche avait
très bien préparé ce point de
presse parce que Obama
consultait une liste avant de
donner la parole à tel ou tel
journaliste. Mieux encore,
certains d’entre eux lisaient
leurs questions, signe qu’elles
avaient été harmonisées
d’avance.
Le refus d’Obama d’aller à
Moscou a l’air « enfantin » et
nuit aux relations
américano-russes, a dit à
La Voix de la Russie
l’analyste du Centre de
recherche de Washington Global
Research Center Martin Sieff :
« Il y avait des
transfuges des deux côtés même
aux temps de la « guerre froide
» mais alors aucun leader
soviétique ou président
américain ne l’a jamais
instrumenté pour annuler ne
serait qu’un seul des sommets
bilatéraux. Le président Obama
n’aurait pas dû le faire. Je
vois personnellement derrière
cet incident l’influence de la
conseillère présidentielle Suzan
Rice. C’est une démarche peu
raisonnable et je ne pense pas
qu’elle ait pu être suggérée par
le secrétaire d’État John Kerry
».
L’appareil de propagande de
la Maison Blanche s’applique
actuellement à faire croire que
ce sont les États-Unis qui
cherchent à faire prendre à la
Russie la voie du progrès mais
elle bascule tout le temps dans
la rhétorique de la « guerre
froide ». Obama avait même dit
qu’il essayait constamment
d’aider le président Poutine à
« tourner le regard vers
l’avenir et non pas vers le
passé » mais qu’il n’y
réussissait pas souvent. Le cas
échéant, Obama n’a pas du tout
fait preuve d’originalité parce
que la Maison Blanche avait
toujours eu l’habitude de
classer dans la catégorie des «
mauvaises actions » tout ce qui
ne répondait pas aux intérêts
américains.
Le refrain sur « la guerre
froide » sonne particulièrement
étrange parce que c’est
précisément la NSA qui avait
lancé la cyber surveillance
globale à l’échelle dont
personne ne pouvait rêver aux
temps de la « guerre froide ».
D’ailleurs, c’est ce système qui
avait été dénoncé par l’ex-agent
de la CIA et de la NSA Edward
Snowden qui a reçu l’asile
temporaire en Russie.
Obama a annoncé par la même
occasion certaines réformes
concernant la NSA et destinées à
la rendre plus transparente et
respectueuse des lois. Le
président a souligné une fois de
plus que cette institution la
plus secrète des États-Unis
n’espionnait pas les citoyens
américains mais se souciait de
leur sécurité. Cette image
idyllique avait été fortement
compromise par le Guardian
londonien qui a publié le jour
de la conférence de presse une
nouvelle série des révélations
faisant partie du « dossier de
Snowden ». Ces documents
montrent que la NSA utilise les
failles de l’environnement
législatif qui lui permettent
d’écouter les conversations
téléphoniques et d’intercepter
facilement le courrier
électronique de tout citoyen
américain.
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2005—2013 La Voix de la Russie
Publié le 10 août 2013
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