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Yediot Aharonot
Vaincre
les extrémistes
Amos Oz 
Amos Oz
Annapolis
approche, dont personne n¹attend réellement une percée
significative. Ce qui compte, c¹est l¹après Annapolis. Tout le
monde sait plus ou moins à quoi ressemblera un accord définitif.
Mais, écrit Amos Oz, « le patient est prêt, mais les médecins
auront-ils assez de courage ? » (NdT)
Yediot Aharonot, 21 novembre 2007
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3473926,00.html
Lorsqu¹on aborde les questions qui sont au cœur du conflit israélo-palestinien,
la distance qui sépare les deux parties est encore grande. C¹est
la raison pour laquelle la conférence d¹Annapolis ne sera pas
beaucoup plus qu¹un événement festif, au mieux accompagné d¹une
déclaration d¹espoir en l¹avenir. Dans une large mesure, les
deux côtés sont pris en otages par leurs extrémistes
respectifs, et ces éléments radicaux ne laisseront pas les négociations
aboutir à des concessions réelles.
Pourtant, malgré ce qui précède, il faut tout d¹abord garder
en mémoire que jamais, depuis les cent années que durent cette
furie et ces souffrances, les positions entre les négociateurs n¹ont
été aussi proches.
Les deux parties acceptent la solution de deux Etats, et toutes
deux reconnaissent que la frontière sera proche de celle de 1967.
Les deux parties reconnaissent aussi leur devoir de régler, par
la négociation, les
questions de Jérusalem, des colons, des réfugiés, des frontières
et de l¹eau. Elles savent aussi, même si elle ne l¹ont pas dit,
qu¹au bout du compte, un accord de paix ressemblera furieusement
au modèle des paramètres Clinton, de Taba et de Genève. Et
elles savent encore toutes deux qu¹en cas d¹échec des négociations,
arrivera le tour des extrémistes.
Car, des deux côtés, les extrémistes n¹attendent qu¹une chose
: que les négociations échouent. Ils prient pour qu¹on en
arrive à une impasse. Le temps ne joue ni en faveur des Israéliens,
ni en faveur des Palestiniens. Il
joue surtout en faveur des extrémistes.
La tâche principale revient au gouvernement israélien et à l¹opinion
publique israélienne, car Israël occupe les territoires
palestiniens et non le contraire. Et, si Olmert choisit, ou est
forcé de choisir, d¹offrir à ses partenaires de droite dans sa
coalition le droit de stopper tout le processus, le résultat
pourrait être l¹arrivée au pouvoir de Netanyahou, dans un délai
très court.
De plus et en retour, les extrémistes vaincront eux aussi les modérés
du côté palestinien, et au lieu de Mahmoud Abbas, nous serons
confrontés à un front belliqueux aux ordres de l¹Iran.
Le patient est presque prêt pour l¹opération
La stature d¹homme d¹Etat d¹Olmert se mesurera, non pas
seulement à l¹aune de sa capacité à manœuvrer entre ses
partenaires de la coalition, Avigdor Lieberman et Eli Yishai, mais
bien plus à la détermination qu¹il mettra à mener un
changement historique.
La droite israélienne prétend que Mahmoud Abbas est trop
affaibli, et que par conséquent, faire la paix avec lui ne vaut
pas la peine. La même droite affirmait il n¹y a pas si longtemps
qu¹Arafat était trop dangereux, et que par conséquent, il ne
fallait pas faire la paix avec lui non plus. Mais en réalité, il
y a un lien direct entre le déclin ou la montée du statut d¹Abbas
et ce que la voie modérée qu¹il a choisie sera capable d¹obtenir
en
négociant avec Israël. Abbas ne sera faible que tant que nous ne
lui donnerons aucun résultat substantiel qu¹il puisse
revendiquer.
Qu¹arrivera-t-il si les négociations actuelles échouent ? Cela
peut être le constat de décès de la solution de deux Etats, et
nous devrions alors choisir entre deux désastres historiques : un
seul Etat (avec une quasi majorité arabe) entre la Méditerranée
et le Jourdain, ou un régime israélien d¹apartheid qui
continuera d¹opprimer les Palestiniens par la force, alors que
les Palestiniens continueront à résister violemment.
Nous devons aller à Annapolis, et avancer à la suite d¹Annapolis,
en sachant que les deux peuples savent déjà plus ou moins à
quoi ressemblera un accord définitif : une Palestine dans les
frontières de 1967, à côté d¹Israël, avec des modifications
mineures de frontières sur un principe de réciprocité, sans
retour des réfugiés palestiniens en Israël, et avec deux
capitales à Jérusalem.
Tout le monde sait cela, même les opposants des deux côtés. Le
patient, à la fois israélien et palestinien, est prêt pour l¹opération.
Les médecins auront-ils assez de courage ?
Trad. : Gérard
pour

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