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Ha'aretz
Sarkozy
au Premier ministre israélien : « Les réfugiés palestiniens ne
retourneront jamais en Israël »
Aluf Benn
in
Ha’aretz, 23 octobre 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/915681.html
Paris – « Les réfugiés palestiniens seront parqués
dans un Etat palestinien, et non en Israël », a dit le président
Nicolas Sarkozy au Premier ministre Ehud Olmert, hier, lundi.
« Chaque partie doit avoir son propre état-nation »,
a-t-il dit, d’après des officiels israéliens présents lors de
la rencontre des deux dirigeants. Après quoi, il a expliqué :
« Cela n’est pas raisonnable, de la part des Palestiniens,
de demander à la fois un Etat indépendant et le retour des réfugiés
dans l’Etat d’Israël, lequel a déjà aujourd’hui un
million d’Arabes (dont il ne sait que faire) !... ».
Sarkozy, qui a reçu Olmert au Palais de l’Elysée, a exprimé
son soutien absolu à Israël, dont il a qualifié
l’implantation de véritable « miracle » et
[oubliant même, une fois n’est pas coutume, la ‘shoah’…]
d’ « événement le plus important du vingtième siècle »…
On dit que je suis un fan d’Israël parce que mon pépé était
juif ; mais il ne s’agit pas d’une question personnelle ! »,
a-t-il poursuivi, d’après ces sources israéliennes. « Israël
introduit de la diversité et de la démocratie au Moyen-Orient.
C’est un miracle, qu’à partir des vestiges du peuple juif…
dispersé, un Etat tel celui-ci ait surgi ! »
« La sécurité d’Israël est une ligne rouge absolue ;
elle n’est pas négociable ! » a-t-il ajouté.
« C’est là une condition inviolable [saluons ce nouveau
concept du droit international ! ndt], sur lequel nous ne
ferons jamais de concession ! ».
Olmert et Sarkozy ont tenu initialement une réunion
restreinte, avec seulement un conseiller. Ces entretiens ont été
centrés sur le programme nucléaire iranien. A l’issue de cette
réunion restreinte, Olmert a déclaré à la presse que « sur
la question iranienne, jamais je n’aurais pu imaginer entendre
des déclarations qui pussent m’agréer davantage ».
Il a précisé que Sarkozy et lui-même n’avaient pas envisagé
d’attaque militaire contre l’Iran [Quelqu’un a-t-il prévenu
les Iraniens ? ndt].
« Il y a un large éventail de mesures, entre ces deux
extrémités que sont la capitulation et l’action armée »,
a-t-il dit, ajoutant qu’il pense qu’il existe une possibilité
de sanctions intensifiées contre l’Iran via le Conseil de Sécurité
de l’Onu et l’Union européenne. Sarkozy est favorable à des
sanctions renforcées, et les deux dirigeants ont discuté de la
manière de persuader l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne de
leur emboîter le pas.
Olmert pense que les sanctions actuelles, qui visent l’économie
et le système bancaire de l’Iran, ont d’ores et déjà eu un
certain effet. « Nous devons empêcher les businessmen
iraniens de faire des affaires, jusqu’à ce que la classe qui
contrôle l’économie iranienne fasse quelque chose contre le régime »,
a-t-il indiqué au cours d’une conversation avec des
journalistes français, après sa rencontre avec Sarkozy.
Après leurs bavardages au sujet de l’Iran, les deux
dirigeants se sont revus dans le cadre d’un forum plus large,
avec plus de conseillers présents. Ces échanges se sont focalisés
principalement sur la question palestinienne, et tout spécialement
sur la conférence qui doit être tenue prochainement à Annapolis
(aux Etats-Unis).
Sarkozy a exhorté Olmert, qui a tenu le président français
au courant de ses papotages avec le président Mahmoud Abbas, à
faire des gesticulations supplémentaires à destination de la
galerie palestinienne. « La libération de ces prisonniers
fut un coup magistral », a-t-il dit, faisant allusion à
l’élargissement, par Israël, de deux fournées de prisonniers
palestiniens au cours des deux mois écoulés. Ces deux fournées
furent saluées et qualifiées par Sarközy de gestes de bonne
volonté destinés à [renforcer] Abbas.
La France, a poursuivi Sarkozy, veut être impliquée dans la
marche en avant d’un accord israélo-« palestinien ».
Il assistera à la conférence d’Annapolis, et il sera aussi
l’amphitryon d’un raout de pays financeurs de l’Autorité
palestinienne, à Paris, le 17 décembre.
Après la rencontre, le porte-parole de Sarkozy a dit que
« dès lors que la sécurité d’Israël sera assurée, à
la minute près, il sera possible de faire étalage de créativité
en directions de [ces naïf]s Palestiniens ».
Dans ses commentaires pour les journaleux français, Olmert a
également insisté sur le fait que son gouvernement de coalition
n’encourait pas le risque de tourner en eau de boudin sur la
question de la conférence d’Annapolis.
Deux ministres plus à droite que les autres [si, si, c’est
possible… ndt], Avigdor Lieberman du parti Yisroel Beiteinu et
Eli Yishai du parti Shas, ont menacé de retirer leur parti
respectif du gouvernement, au cas où la conférence, prévue à
la fin novembre, ou au mois de décembre, s’attaquerait à des
questions relevant d’un statut définitif, comme les frontières,
Jérusalem ou encore les réfugiés.
« Je ne vois là aucune difficulté politique éventuelle »,
a dit Olmert aux journalistes. « Je retire, de mes
rencontres avec les partenaires de la coalition gouvernementale,
le sentiment que cette coalition est cohérente et stable. »
Durant la matinée, Olmert se rendra à Londres, en vue d’une
réunion avec le Premier ministre britannique Gordon Brown –
leur première rencontre depuis que Brown a pris ses fonctions.
Ces conversations seront centrées sur l’Iran et sur la question
palestinienne. Par ailleurs, Olmert va demander à Brown d’œuvrer
afin de modifier la loi britannique, qui risque, en l’état
actuel, d’exposer des officiers des Forces Israéliennes de Défonce
de se voir mis en examen en Grande-Bretagne pour crimes de guerre
avérés (oups : allégués).
Mardi
après-midi, avant de faire retour vers Israël (ha-ha-ha…),
Olmert rencontrera le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan,
qui se trouve également à Londres. La Turquie a, elle aussi,
fait part de son désir de contribuer à des négociations israélo-palestiniennes ;
par ailleurs, elle recherche l’aide d’Israël afin de bloquer
un projet de résolution de la Maison des Représentants (des
Etats-Unis), qualifiant de ‘génocide’ un massacre d’Arméniens,
en 1915.
Traduit
de l’anglais par Marcel Charbonnier
Aluf
Benn,
correspondant de Ha’aretz
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