Hollywood et la politique américaine
A propos de
"Django Unchained" de Quentin Tarentino
Aline de
Diéguez
Mardi 26 février
2013 Je ne voudrais pas
trop doucher l'enthousiasme des
cinéphiles, mais il me semble important
de rappeler quelques vérités. Comme
disait Malraux, "le cinéma est
(aussi) une industrie". J'ajouterai
que le cinéma est non seulement une
industrie et un commerce, mais qu'il
surtout une arme politique plus efficace
que le missile le plus meurtrier. Avant de tourner
le premier plan de son film, M. Tarantino s'est donc assuré de son
financement par la Weinstein Company
(TWC), fondée par MM. Robert et Harvey
Weinstein. Une rapide recherche sur le
capital de cette société vous fait
rencontrer Colony Capital, Tutor-Saliba
Corporation , Morgan Stanley , Qatar
Investment Authority et notre grand ami
le Sheikh Hamad bin Jassim bin Jaber Al
Thani. Du beau monde, n'est-ce pas, pour
lequel la valeur d'un film se mesure à
la recette qu'il produit. (Petite
parenthèse hors sujet, mais amusante: la
vente des gladiateurs footballistiques
parisiens par Colony Capital à Qatar
Investment Authority est donc une petite
opération entre amis.)
Celui qui paie
commande, c'est la loi du commerce.
Ainsi, lorsque le fonds Rothschild
finance le film d'Oliver Stone sur
Kennedy (JFK), il serait puéril de
s'étonner que les causes de son
assassinat tournent uniquement autour de
la guerre du Vietnam et qu'il n'est pas
fait la moindre allusion au combat de
Kennedy contre les privilèges des
banquiers de la FED, et notamment contre
les Rothschild.
L'importance
d'Hollywood dans la politique
d'expansion de l'empire américain n'est
plus à démontrer. Lorsque John Kerry, le
nouveau responsable de la politique
étrangère proclame que l'Amérique doit "propager
la démocratie et les valeurs américaines
dans le monde entier" et donc qu'il
convient "d' associer le reste du
monde au choix que nous avons fait",
on voit immédiatement qu'il pense au
véhicule le plus approprié à cet
objectif, le cinéma.
L'image est le
support du messianisme américain. C'est
pourquoi, aujourd'hui, Hollywood
s'acharne aussi durement contre
"l'exception culturelle" française.
La puissance
financière, l'expansion politique et la
conquête des cerveaux cheminent de
conserve. C'est ainsi qu'au lendemain de
la fin de la guerre, le gouvernement
français de l'époque a vendu l'âme de la
France contre un plat de lentilles: MM.
Léon Blum et Jean Monnet ont signé les
accords connus sous le nom de Blum-Byrnes
par lesquels l'industrie
cinématographique hollywoodienne
envahissait les écrans français en
échange de l'effacement d'une partie de
la dette de notre pays et d'un prêt à un
taux qualifié de très avantageux.
Résultat: trois semaines par mois de
diffusion de films américains, une
semaine restant pour les films français.
M. Truman à
l'époque et M. Kerry aujourd'hui savent
que le cinéma est l'arme par excellence
du "soft power" et que la force
de l'empire est tapie dans la diffusion
de l'American way of life. Et
surtout, ils savent qu'il convient
d'imposer à l'univers tout entier le
regard de l'Amérique, donc sa
manière de penser.
Pour ce faire,
Hollywood est beaucoup plus efficace que
le Pentagone.C'est ainsi que les soldats
Ryan et les listes de Schindler
réécrivent l'histoire et qu'à sa
manière, M. Tarantino figure parmi la
cohorte des valeureux petits soldats de
l'empire.
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