Reportage
Le printemps arabe
: une révolution contestée
Un collabo prix Nobel et des aveux de
dissidents (6e partie)
Ali El
Hadj Tahar
Samedi 11 mai 2013
En
Égypte, les bénéficiaires de Canvas
et/ou des ONG et/ou institutions
américaines, proches de la CIA et des
TechCamps, sont les groupes Kifaya,
Wasla (lien) et l'Académie du
changement, ainsi que le Mouvement du 6
avril. Kifaya est formé par des
islamistes qui cachent leur appartenance
aux Frères musulmans : Saad Bahaar
(ingénieur en informatique), Hisham
Morsy (physicien, il serait le
petit-fils d'AI-Qaradaoui, ce qui montre
que la secte est aussi familiale), Wael
Adel (ingénieur) et son cousin Ahmed
(chimiste) sont des opposants islamistes
qui se rencontrent sur internet en 2005.
Ils quittent tous l'Égypte et se
retrouvent à Londres. Inspirés par le
groupe Otpor, ils activent efficacement.
En 2005,
Wael Adel a donné une formation
clandestine de trois jours en matière de
«désobéissance civile» à une assistance
composée d’au moins trente membres du
groupe Kifaya. Plus tard, ils créent une
organisation appelée l’Académie du
changement, qui s’installera à Doha, au
Qatar, avec des activités visant tous
les pays arabes, pas uniquement l’Égypte
: ils avaient des aides qataries pour
éditer leurs livres, manuels et
brochures et héberger leur site web.
Ahmed Maher, un activiste de Kifaya, a
formé le Mouvement du 6 avril : les
adhérents furent répartis en groupes de
100 personnes et Saad Bahaar a entraîné
huit de ces groupes dans différentes
régions du pays. Des experts israéliens
ont donné des cours de «désobéissance
civile» à Doha à un groupe de
cyberdissidents arabes. Puis, afin que
le lien ne soit pas fait avec le Qatar,
l’Académie du changement ferme son
bureau à Doha en juin 2012 pour revenir
à son bureau de Vienne, en Autriche. En
avril 2010, un magasine hebdomadaire
Waslaest créé en Égypte afin de mettre
en relation des bloggeurs arabes et des
politiciens : il est publié par le
réseau arabe pour l’information sur les
droits de l’homme et financé par l’Open
Society Institute de George Soros. Le
numéro 1 de Wasla est consacré à Mohamed
El Baradeï, qui est d’abord soutenu par
les Frères musulmans pour sa candidature
à la présidentielle avant d’être lâché.
El Baradeï fait partie du Groupe
international de crise (International
Crisis Group) de George Soros qui parie
sur plusieurs chevaux de l’opposition
arabe. Rappelons que le Mouvement
égyptien du 6 avril a été créé durant le
printemps 2008, en soutien aux ouvriers
d’une ville industrielle (El-Mahalla El-Kubra)
qui planifiaient une grève le 6 avril de
cette année-là. La grève fut un succès,
et le président Moubarak dut se résigner
à des hausses de salaires. Après la
grève, les deux organisateurs du
mouvement, Ahmed Maher et Israa Fattah,
seront emprisonnés. Puis l’ambassade des
Etats-Unis entrera en jeu : elle enverra
Mohamed Adel, du Mouvement du 6 avril,
aux Etats-Unis en décembre 2008 où il
rencontrera des parlementaires et des
officiels étatsuniens qui prendront acte
de son «plan», un plan dont nous
parlerons plus loin. Avant de prendre la
tête du Mouvement du 6 avril, il était
membre des Frères musulmans qu’il aurait
quitté en 2008. En 2009, il se rendra en
Serbie avec d’autres activistes
égyptiens et algériens pour un stage de
formation de deux semaines où il y
rencontrera des cadres d’ONG
étatsuniennes. Les groupes Wasla et
Kifaya et le Mouvement du 6 avril
soutenu par des manifestants
majoritairement composés de Frères
musulmans sont en vérité responsables du
lancement de la contestation égyptienne
de janvier 2011 au niveau des jeunes et
actions de rue.
La CIA, une agence de voyages gratos
L’un des leaders de ces
collaborateurs est Wael Ghoneym (5e
partie), qui vivait à Doha, au Qatar, en
tant que responsable marketing de Google
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du
Nord (région MENA) et qui a été chargé
«d’aider» les réseaux sociaux du
Printemps arabe. Il rentre au Caire le
23 janvier pour faire sa «révolution»
contre le «régime» de Moubarak. Il sera
arrêté deux jours plus tard, le 27
janvier. Libéré quelques jours plus
tard, il fait une interview «émouvante»
sur la chaîne Dream 2 et devient un
«héros» de la place Tahrir. Le magazine
Time de New York l’a élu premier dans le
Top 100 des personnes les plus
influentes du monde en 2011 ! Wael
Ghoneym a étudié à l’Université
américaine du Caire, une bonne école...
Les révélations d’Ahmed Salah sont plus
fracassantes : ce cofondateur du
Mouvement des jeunes du Mouvement du 6
avril a avoué avoir été l’un des
premiers activistes égyptiens à nouer
des relations avec les Etats-Unis pour
«préparer le terrain» à un renversement
du régime de Hosni Moubarak. Ahmed Salah
a révélé qu’il est le mystérieux
«dissident» – évoqué dans un câble de
WikiLeaks – qui avait exposé aux
Etats-Unis dès 2008, un «plan secret»,
avalisé selon lui par une «alliance de
l’opposition» et visant à établir un
gouvernement «démocratique» en Egypte.
Il précise qu’en décembre 2008, il a
profité d’un rassemblement de mouvements
de jeunes à New York pour établir le
contact avec des responsables du
département d’Etat et du Congrès, grâce
aux relations du sociologue
égypto-américain Saad Eddine Ibrahim, un
islamiste exilé aux Etats-Unis après
avoir passé quelques années dans les
prisons égyptiennes. «Il a fallu un gros
travail explicatif pour faire comprendre
à mes interlocuteurs ce qui se passait
en Égypte», raconte Ahmed Salah, encore
convaincu qu’il a été un conseiller de
la Maison-Blanche et non pas un
collaborateur. «Je leur ai demandé de ne
pas soutenir Moubarak, de ne plus fermer
les yeux sur les violations des droits
de l’homme, d’arrêter de vendre du
matériel répressif, de nous laisser la
possibilité de nous organiser pour
renverser le régime sans l’aide de
personne. »Cet engagement, relaté dans
le télégramme diplomatique, lui vaudra
le soutien discret de l’ambassade des
Etats-Unis au Caire lorsque la clique de
cyberdissidents sera renforcée au fur et
à mesure des années. Au sujet du plan,
il dira : «Il existait, mais je ne peux
en dire plus. On n’a pas eu besoin de ça
pour faire tomber Moubarak. »
Actuellement, Ahmed Salah n’est pas
content du détournement de la
«révolution», alors il a décidé de
revenir aux USA pour convaincre
Washington, le Congrès, le Département
d’Etat, et sonner l’alarme, faire
comprendre que «rien n’est terminé»,
comme la Maison- Blanche était sous ses
ordres, et pas le contraire. Les
fondateurs de Kifaya (5e partie) sont
Amin Eskandar, représentant les
Nassériens ; le Dr Sayed Abdel Sattar et
Magdy Hussein, représentant les Frères
musulmans ; Ahmed Bahaa Shabaan,
représentant les communistes : Aboul Ela
Mady, Mohamed El Saeed Idrees,
représentant les nationalistes arabes.
Aujourd’hui, il y a même des communistes
qui pensent qu’on peut faire une
«révolution» avec les islamistes... Le
Mouvement égyptien pour le changement
comprend des grosses pointures, dont
George Isaac, Abdel Halim Kandil, Magdy
Hussein, Karima Hefny, Abdel Galil
Mustafa, Abdel Wahab El Messiry... En
outre, Wael Nawara, le secrétaire
général du parti El Ghad, a admis avoir
été financé par, entre autres, la NED,
l’IRI et la NDI, alors que le mouvement
Kifaya a été subventionné par Freedom
House. Les cyber-dissidents tunisiens
Riadh et Sofiane Guerfali, Malek
Khadhraoui et Sami Ben Gharbia ont fait
la «Révolution du jasmin» depuis leur
«exil» en France pour les deux premiers
et aux Pays-Bas pour le dernier qui
occupe le poste de directeur de
plaidoyer à Global Voices et figure
parmi les fondateurs de Nawaat, un blog
collectif tunisien, financé par Open
Society de George Soros qui finance
aussi Wasla pour les Égyptiens. Les gros
moyens sont mis à disposition par le
milliardaire juif américain. Global
Voices est un site indirectement financé
par la CIA. En décembre 2011, Sami Ben
Gharbia a été choisi par Foreign
Policypour figurer dans la liste des
cent meilleurs penseurs globaux de
l’année ! Après avoir été critiqué pour
ses aveux, Slim Amamou a dit : «Au lieu
de remercier la CIA de nous avoir
débarrassés de Ben Ali, nous nous sommes
mis à détester les Américains et la
CIA.» ! D’autres cyberdissidents
tunisiens ont lancé la «Révolution du
jasmin», dont Slim Amamou, Lina Ben
Mhenni, Haythim El-Makki, Yassine El-Ayari,
Emna Ben Jemaa, Aziz Amami. Des voyages
gratuits au Maroc, au Liban, en Serbie,
au Qatar, aux Etats-Unis et ailleurs,
des TechCamps tous frais payés, des
per-diem et de petites subventions au
passage pour apprendre comment faire une
«Révolution 2.0», c’est très valorisant
pour l’ego de jeunes écervelés qui
prennent l’Oncle Sam pour un bon
Samaritain qui veut du bien à leur pays
et la CIA pour une agence de voyages
gratuits. Pour eux, figurer dans le
magazine américain Foreign Policy—fondée
par Samuel Huntington, le sioniste et
gourou des néoconservateurs américains —
est aussi anodin que de prendre une
photo à côté de Madonna.
Cyber-collabos et imam à barbe rousse
La Yéménite Tawakkul Karman a, quant
à elle, eu le prix Nobel de la paix !
Rien que ça pour une journaliste qui n’a
pas écrit plus de cent articles et qui
se retrouve dans la liste de l’honorable
institution suédoise ! Ainsi donc, grâce
au Printemps arabe, à travers sa
représentante, le parti yéménite des
Frères musulmans obtient le prix Nobel
de la paix 2011 ! Tawakkul Karman a créé
Femmes journalistes sans chaînes en
2005, une association financée par la
NED ! primée à 32 ans, cette journaliste
débutante diplômée en gestion a dénoncé
l’interdiction du ministère de
l’Information yéménite de créer un
journal et d’une radio du parti Islah,
le parti islamiste dont l’un des
fondateurs est Abdul Majeed Al-Zindani,
l’imam à la barbe rousse qui active sur
une chaîne privée algérienne ! Le
24/02/2004, le département du Trésor
américain l’a classé comme un
«terroriste international», en citant sa
longue collaboration avec Ben Laden.
Certains étudiants de l’université Iman
de Sanaa, fondée par Al-Zindani, ont été
soupçonnés de participation dans les
assassinats de trois missionnaires
américains et de membres du parti
socialiste yéménite, dont Jarallah Omar.
Le nom d’Al-Zindani figure aussi sur la
liste 1267 de l’ONU sur les personnes
appartenant ou associés à Al-Qaïda.
Cela, la fondation Nobel ne pouvait pas
l’ignorer, ni ignorer qu’il est aussi le
fondateur de la puissante société
charitable de bienfaisance sociale, une
organisation de financement des groupes
terroristes, au même titre que de
nombreuses autres «sociétés caritatives»
d’Arabie Saoudite et des pays du Golfe.
C’est le combat wahhabite que le Nobel
consacre donc, donnant une autre preuve
de la dimension planétaire du complot
étasunien de promotion du terrorisme
international. En mai 2009, deux
ateliers de formations d’agents ont été
organisés au Caire, l’un par le
gouvernement américain et l’autre par
l’Open Society Institute de George Soros.
Tous comme Ben Ali, Moubarek a
sous-estimé cette manifestation à
caractère politique : en tolérant une
activité en contradiction avec les
missions d’une ambassade, il a payé le
prix. Une semaine durant, des activistes
tunisiens et égyptiens se sont côtoyés
et ont échangé des conseils sur les
méthodes de contournement de la censure.
Un autre TechCamp (atelier) a été
organisé à Beyrouth en décembre 2009,
réunissant des cyber-collabos de
différentes nationalités, dont Slim
Amamou (Tunisie), Weddady (Mauritanie),
Ali Abdulemam (Bahreïn) et Hisham
Almiraat (Maroc). D’ailleurs, le
programme du Département d’Etat relatif
aux déstabilisations des régimes et
pompeusement appelé «Initiative société
civile 2.0» a été lancé en 2009 à
Marrakech ! Des collabos et des traîtres
arabes ont été réunis dans des
programmes de la CIA coûtant des
milliards de dollars pour passer du
temps et s’amuser ? A partir de janvier
2011, le logo de Canvas est brandi par
les étudiants égyptiens du Mouvement du
6 avril qui manifestaient dans les rues
du Caire. Dès le début des
manifestations égyptiennes, Alec Ross
(4e partie), le fonctionnaire du
Département d’Etat, a utilisé son compte
Twitter pour écrire : «Les citoyens
doivent avoir le droit de critiquer un
gouvernement sans peur de représailles.»
A ce signal, les cyber-activistes arabes
abonnés au compte Twitter de Ross et
formés à sa propagande et son discours
ont aussitôt compris que Washington a
lancé leur «révolution». Quant aux
professionnels de la politique du
pouvoir ou de l’opposition, ils n’ont
pas manqué de comprendre que la
Maison-Blanche est derrière le coup. La
diplomatie digitale s’installe. L’ordre
est donné à la horde.
A.E.T.
(A suivre)
Partie
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Article publié sur
Le Soir d'Algérie
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