Reportage
Le printemps arabe
: une révolution contestée
Les manifestations contagieuses de
l'Amérique (1ère partie)
Ali El
Hadj Tahar
Lundi 6 mai 2013
Les manifestations du «Printemps arabe»
ont commencé en décembre 2010 en Tunisie
avant de s’étendre à d’autres pays
musulmans : Maroc, Algérie, Libye,
Mauritanie, Egypte, Soudan, Djibouti,
Jordanie, Oman, Yémen, Arabie Saoudite,
Liban, Syrie, Palestine, Bahreïn, Irak,
Somalie et Koweït.
En ajoutant
Chypre du nord et l’Iran, 22 pays au
total ont été touchés à des degrés
divers par ces manifestations qui
suscitent d’emblée les doutes des
spécialistes du renseignement, dont Eric
Denécé qui fait immédiatement le lien
avec de nombreux déplacements
d’officiers arabes vers des pays
occidentaux, déplacements qui avaient
attiré son attention entre 2010 et début
2011. Certaines de ces «révolutions»
aboutiront à la destitution des chefs
des Etats concernés, mais d’autres non,
sans tourner – en Libye et au Yémen – à
des guerres totales, tandis que celle
visant Bachar El-Assad vireront
carrément à une guerre internationale
sur territoire syrien et impliquant des
mercenaires de 40 pays financés et
soutenus par au moins une dizaine
d’autres, notamment ceux où le
«printemps» a réussi. A Bahreïn, elles
tournent à des affrontements
interconfessionnels entre chiites et
sunnites. En 2013, le phénomène touchera
l’Irak, un pays déjà meurtri par le
terrorisme et une colonisation
américaine de 9 années, avec des
velléités de sécession et des
affrontements ethniques qui risquent de
dégénérer comme en 2009. Le premier
round de l’agenda atlantique permis de
sonner la Russie et la Chine, en les
écartant du Soudan qui fut alors divisé
en deux Etats ethnique et confessionnel,
conformément au plan du Nouvel ordre
mondial (NOM) et du Grand Moyen-Orient
(GMO). Puis vint le second round, appelé
«printemps arabe», un plan sophistiqué
avec un agenda étatsunien sur le sol
nord-africain puis arabe et qui a
commencé par l’histoire d’une
immolation, un peu mystérieuse mais qui
n’en demeure pas moins banale car elle
n’était pas la première en terre arabe,
une terre où toute la population se
serait flambée si elle vivait la misère
de l’Ethiopie ou de l’Inde. Un Islam
wahhabite décadent fait d’un immolé un
martyr pour cautionner une «révolution»
ourdie à Washington. N’était le
wahhabisme, nul n’aurait fait du suicidé
Bouazizi un martyr mais aurait condamné
son acte, non sans y compatir. Le
«printemps arabe» s’inscrit dans la
stratégie du Grand Moyen-Orient révélée
par George W. Bush en 2003, donc dans un
programme et un agenda connus, publiés,
commentés par des journalistes et des
spécialistes de la planète entière. Mais
les Arabes croient que, comme eux, les
Occidentaux parlent pour rien. Or, un
programme de la Maison-Blanche est
pareil à un programme de la Nasa : s’il
est inscrit, il est obligatoirement
concrétisé après avoir été étudié dans
le détail, budgétisé et programmé pour
une date précise. La destitution de
«l’ami» Benali et de «l’ami» Moubarak
était fondamentale dans le plan
américain : sans elle, la stratégie du
GMO aurait été impossible. Plus loin,
nous donnerons plus de détails sur les
objectifs du «printemps arabe» et sur
leur inscription dans ce GMO.
Les «révolutions de couleur» de
Washington
Le «Printemps arabe» a un lien tout
à fait direct avec les évènements qui se
sont produits en Europe centrale à
partir de 2001, notamment en Serbie, en
Bosnie, en Ukraine, en Géorgie au
Kirghizistan et en Biélorussie... Mis au
pas, les médias occidentaux disaient que
les manifestations eurasiatiques de
l’époque étaient des «révolutions
pacifiques» de populations aspirant
adhérer à un système occidental synonyme
de liberté et de démocratie et mettre un
terme définitif à leur passé soviétique.
Or, ces mêmes médias ne tarderont pas à
découvrir la vérité sur ces
«révolutions» désormais appelées
colorées qui n’avaient rien de spontané,
mais qui étaient des coups d’Etat
camouflés sous des manifestations
«pacifiques» sponsorisées, payées et
orientées par la Maison-Blanche et
faisant partie d’objectifs géopolitiques
destinés à asseoir sa maîtrise et son
contrôle sur le continent eurasiatique,
notamment en cernant la Russie et la
Chine via des gouvernements vassaux
prêts même à abriter des missiles de
l’OTAN pointés sur Moscou, Pékin et
Téhéran. D’autres révélations montreront
qu’elles n’auraient jamais réussi sans
l’emploi de tireurs d’élites chargés de
faire des victimes pour aggraver la
situation. La stratégie de la
Maison-Blanche était articulée autour
d’une affirmation de Zbigniew Brezinski
en 1997 : «Il est impératif qu’aucune
puissance eurasienne concurrente capable
de dominer l’Eurasie ne puisse émerger
et ainsi contester l’Amérique.» La
première «révolution de couleur» a eu
lieu en Serbie en 2001, et c’est le
mouvement Otpor (Résistance) soutenu par
la CIA qui a joué un rôle majeur dans la
chute de Milosevic. Après cette
réussite, la Maison- Blanche fera d’Otpor
une école de formation d’insurgés en
Eurasie pour déstabiliser les
gouvernements proches de la Russie et
installer des vassaux. Les meneurs du
mouvement Otpor créeront le centre
international Canvas (Center for Applied
Non Violent Action and Strategies, ou
Centre pour les stratégies appliquées de
l’action nonviolente) qui formera à la
chaîne d’autres traîtres pour
déstabiliser d’autres pays, toujours
sous contrôle étatsunien. Les «experts»
de Canvas seront dans la «révolution des
roses» en Géorgie, durant la «révolution
orange» en Ukraine, dans la «révolution
de la tulipe» au Kirghizistan, ensuite
dans la «révolution des jeans» en
Biélorussie… Lors des «révolutions
colorées», les manifestants brandissent
toujours des slogans et des banderoles
et portent généralement un t-shirt ou un
foulard de couleur mais leur sigle est
toujours le même quel que soit le pays :
un poing fermé emprunté à l’ancienne
Russie communiste est préalablement
utilisé par Otpor avant de servir
ultérieurement de base à ceux des autres
«révolutions», y compris celles du
«Printemps arabe», en Tunisie, en Egypte
et en Lybie. Après la réussite des
«révolutions colorées » contre des chefs
d’Etats pro-russes, la formule gagnante
de la Maison-Blanche sous George Bush
sera développée par Hillary Clinton,
avec Obama : elle deviendra la parraine
de milliers de félons, de collaborateurs
et de traitres appartenant à près de 80
pays, car Canvas a fait des petits à
travers le monde entier avant de mettre
le monde arabe dans son viseur à
l’arrivée d’Hillary Clinton Plusieurs
preuves ont montré que les «révolutions
colorées» concoctées du temps de Bush et
Rumsfeld sont en fait des complots
inscrits dans le cadre d’une vaste
planification étatsunienne directement
par le biais du département d’Etat et de
la CIA et par le truchement d’ONG et
d’organismes tels la United States
Agency for International Development
(USAID), la National Endowment for
Democraty (NED), l’International
Republican Institute (IRI) ou le
National Democratic Institute For
International Affairs (NDIA) et de
nombreuses ONG et think tanks mais aussi
d’organismes et d’entreprises privés
notamment dans le domaine des médias et
d’Internet, sponsors, financiers et
soutiens de la politique de la
Maison-Blanche. Tim Marshall,
journaliste à Sky Tv, a révélé en 2003
qui tirait les ficelles dans l’ombre en
Yougoslavie et évoqua «un agent du M16
de Pristina», «un homme de la CIA qui a
aidé à préparer le coup d’Etat»,
montrant ainsi «que le renversement du
président yougoslave n’a pu avoir lieu
que grâce à des stratégies politiques
conçues à Londres et Washington», selon
le réseau Voltaire. A l’époque, ou
plutôt un peu avant, le sieur Bernard
Henry Levy – que l’on verra en Libye –
était aussi présent en Bosnie, et il
soutenait le président bosniaque,
l’islamiste Alija Izetbegoviç, celui qui
a rencontré plusieurs fois Ben Laden qui
lui a envoyé des mercenaires islamistes
du monde entier (entre 1000 et 2000
entre 1993 et 1995) pour entretenir un
conflit qui va diviser la Yougoslavie.
Les armes venaient des pays du Golfe
Persique et de Turquie dans des cargos
américains, l’Amérique ayant une vieille
histoire d’amour avec les islamistes,
qui lui permettent de réaliser ses coups
foireux, de diviser des pays en
mini-Etats ethniques.
Bouazizi le sans-diplôme et son
homonyme
A partir de 2008, le mouvement
Canvas formera des fournées de
«révolutionnaires» pour ébranler le
monde arabe. Fin prêts en 2011, ils
exécuteront un plan patiemment préparé
qui n’incluait pas uniquement de jeunes
écervelés se prenant pour des Gandhi et
des Che Guevara, mais des traîtres de
très haut rang, des ministres et des
généraux, en plus des états-majors
étatsuniens supervisant une ribambelle
d’organisations gouvernementales
américaines et d’ONG dites indépendantes
mais qui sont en fait des bras séculiers
de la CIA. Les meneurs, qui ont allumé
les manifestations du «Printemps arabe»
ont donc été formés par le mouvement
Canvas, puis par les organismes du
département d’Etat américain ainsi que
par la fondation Open Society Institute
(OSI) du milliardaire George Soros,
comme on le verra dans le détail. Donc,
au début de l’année 2011, des mouvements
de contestation ont éclaté dans de
nombreux pays arabes : ces
manifestations sont vite accompagnées
d’actes violents, d’émeutes et
d’attentats imputés aux régimes ciblés.
Les manifestations et les rebellions
sont vite présentées par le mainstream
médiatique comme étant des soulèvements
spontanés de populations qui souhaitent
s’émanciper de leaders tyranniques,
despotiques, corrompus,
vieillissants.... En dépit des
innombrables révélations des acteurs
eux-mêmes de ces manifestations, ces
événements sont encore considérés comme
de véritables «révolutions», ce qui
laisse à penser que le monde arabe n’a
ni logique ni mémoire et que la
manipulation des esprits a des effets
indélébiles dans la mesure où la vérité
ne réussit pas à démonter le mensonge.
Pourtant, la majorité des Tunisiens, des
Égyptiens et des Libyens savent que le
«Printemps arabe» a été financé et
programmé par la Maison-Blanche, selon
les aveux mêmes de plusieurs acteurs de
ces mêmes manifestations, mais la
contre-vérité reste plus têtue que la
réalité la plus évidente. L’argument
mastoc de ceux qui soutiennent mordicus
que le «Printemps arabe» est authentique
et que ce n’est pas le Qatar, la CIA ou
quelques agents malveillants qui ont
poussé Bouazizi à s'asperger d'essence.
Or, peuton prouver qu’il ne l’a pas été
? Les récentes révélations sur l’affaire
Bouazizi laissent pantois : une tenue
ignifuge sur la photo du supposé
suicidé, l’utilisation de la photo de
son homonyme qui est également de Sidi
Bou Saïd, le mensonge avéré sur la
prétendue gifle qu’il aurait reçue de la
policière et que la rumeur a créée pour
enflammer la rue, le fait qu’il n’a
aucun diplôme et n’a jamais fait des
études universitaires, contrairement à
ce qui a été ressassé, les révélations
du frère de la policière, un
syndicaliste anti-Benali… Des centaines
de terroristes ont été manipulés pour se
transformer en bombes humaines par des
islamistes qui sont loin d’avoir les
pouvoirs de manipulation des officiers
de renseignement qui peuvent inciter une
personne à attenter à sa vie en lui
promettant de le sauver, ou même de
scénariser une fausse immolation avec
une tenue ignifugée puis d’éliminer la
fausse victime... Qui peut prouver que
Benali a rendu visite au vrai Bouazizi
et que la tromperie du peuple et du
président tunisiens n’aient pas commencé
par un simulacre ? En Algérie, il y
aurait eu près d’une vingtaine
d’immolations par le feu entre janvier
et février 2011. Ce qui est incroyable,
c’est que le mode des immolations semble
être passé : en mars-avril 2013, il y a
eu un mouvement de contestation de
jeunes chômeurs de Ouargla et dans Sud
algérien, mais, comme par hasard, il n’y
a pas eu d’immolation. Il n’y a pas de
doute que l’association des chômeurs du
Sud n’a pas été instrumentalisée et que
ses revendications légitimes n’étaient
pas inscrites dans un agenda étranger.
Faut-il détruire que l’immolation est un
signe de manipulation de l’étranger ? En
tout cas, c’est troublant.
A. E. T.
(A suivre)
Article publié sur
Le Soir d'Algérie
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