Opinion
Politique et
érotisme ?
Alexandre Latsa
© Alexandre Latsa
Mercredi 27 juillet 2011
"Un autre regard sur la Russie" par
Alexandre Latsa Alors
que la Russie se prépare à des élections
législatives en décembre prochain, puis
à une élection présidentielle en mars
2012, la question qui hante les
commentateurs et observateurs politiques
est toujours sans réponse : Qui sera
candidat à la présidentielle, Dimitri
Medvedev ou Vladimir Poutine? Le
suspense est plus fort que jamais. Ci et
là des personnalités russes ont parfois
déjà exprimé leur préférence pour l’un
ou l’autre des candidats, sans que
toutefois n’émerge de ligne de fracture
vraiment visible dans l’opinion, hormis
pour quelques analystes soit zélés, soit
extra-lucides. Pour autant, certains
commentateurs ont déjà appelé à ce que
les deux hommes forts du régime
s’affrontent, ce qui serait la
preuve d’une réelle pluralité de la
scène politique russe. Lors d’une
interview donnée récemment au journal
français
le courrier de Russie, Maxime
Mishenko, député de Russie Unie,
rappelait lui l’importance des élections
législatives qui: « définissent les
présidentielles et c’est une des
spécificités russes. Si le parti au
pouvoir remportait ces élections, alors
les élections présidentielles vont être
très calmes (...) Bien sûr, les deux
leaders Medvedev et Poutine vont se
mettre d’accord au préalable sur la
personne qui va poser sa candidature:
ils ont une force politique commune
qu’ils doivent mettre au service des ces
élections ». Officiellement donc, et
cela avait été confirmé par le président
Medvedev, Russie Unie devrait présenter
un candidat pour le prochain mandat de
président qui , c’est une première,
durera 6 ans (2012 - 2018) contre 4
auparavant. Les deux hommes forts du
régime n’ont en effet pas exclu
leur participation à l’élection
présidentielle et ils ont jusqu’à
présent toujours affirmé que la décision
serait prise conjointement, et ce dans
le but de proposer un seul candidat de
Russie Unie à la présidence.
Quoi qu’il en soit, malgré les
affirmations pessimistes de nombre de
commentateurs sur l’effritement du
soutien populaire à Russie unie et au
tandem Medvedev - Poutine, en cet été
2012 les dirigeants russes actuels ont
raison de croire en leur victoire
commune aux prochaines élections
législatives de cette fin d’année. Le
centre de sondages Wciom a en effet
récemment interrogé 1600 personnes
dans près de 138 communes afin d’évaluer
les intentions de vote. Qu’en ressort
t-il ? Que le parti Russie Unie devrait
recueillir 58% des voix (contre 64% aux
législatives de 2007), le parti
Communiste (KPRF) est crédité de 14 ,7%
(contre 11,7% aux législatives de 2007)
et le parti nationaliste
libéral-démocrate (LDPR) de 9,8% (contre
8,14% aux législatives de 2007). Le
parti de centre gauche Russie Juste est
lui crédité de 7,3% (contre 7,74% aux
législatives de 2007) et enfin
l’opposition libérale est-elle créditée
de 2,8% (contre 1,59% aux législatives
de 2007). A noter un nouveau venu dans
la politique russe, le parti Cause Juste
de l’oligarque
Michael Prokhorov, que l’on peut
qualifier de national-libéral, et
crédité cependant de seulement 4,1% des
voix, alors que ce parti récent a été
considéré comme un potentiel futur
contrepoids à Russie Unie.
Ces deux échéances électorales sont
très importantes car elles devraient
permettre de choisir les leaders qui
dirigeront la Russie jusqu'à quasiment
2020. Si Vladimir Poutine, âgé de 59 ans
en 2012 n’était pas candidat, il semble
peu probable qu’il puisse revenir à ce
poste après 2018, alors qu’il est
évident que la carrière de Dimitri
Medvedev, seulement âgé de 47 ans en
2012, est par contre loin d’être
terminée quoi qu’il arrive. Celui-ci
avait du reste récemment affirmé qu’il
se voyait bien un jour
diriger un parti politique. Etait-ce
une boutade, suite à l’affirmation de la
direction du parti dominant (Russie
unie) qui a dit
préférer une candidature de Vladimir
Poutine en 2012? Ou alors un énième
message destiné à brouiller les cartes ?
Dimitri Medvedev est cependant pour
l’instant le seul des deux candidats à
avoir déclaré qu’il fallait
s’attendre à ce qu’il se représente
en 2012. En 2007, Vladimir Poutine alors
président avait attendu le mois de
décembre pour désigner son successeur et
candidat à la présidentielle de mars
2008, Dimitri Medvedev. Par conséquent
tout est encore possible, mais le choix
de Russie Unie est visiblement de garder
la décision secrète le plus longtemps
possible, pour des raisons tactiques
évidentes. Cette méthode empêche pour le
moment les autres partis politiques de
développer des arguments contre Russie
Unie. Le premier ministre Vladimir
Poutine, jouissant d’une côte de
popularité intacte dans le pays, aurait
sans doute toutes les chances d’être
élu, quel que soit son adversaire. Il
semble donc que la clef du résultat de
l’élection de 2012 dépende en très
grande partie de lui, ce qui n’est pas
une surprise pour
les lecteurs de Ria Novosti.
L’humour s’est introduit dans la
campagne électorale en cours. Vladimir
Poutine bénéficie d’un nouveau
soutien de poids, puisque récemment une
ligue de jeunes filles s’est constituée
pour encourager l’homme fort de la
Russie. Dans un
clip déjà visionné 1,5 millions de
fois, une russe du nom de Diana explique
qu’elle est prête à tout déchirer pour
Poutine, y compris ses vêtements. Ces
derniers jours des actions de ces jeunes
filles ont eu lieu à Moscou, pour
le plus grand plaisir des moscovites.
Place Pouskinskaia tout d’abord,
quelques dizaines de militantes
se sont rassemblées, mais également
dans le
sud ouest de la ville et elles ont
organisé des nettoyages gratuits de
voitures pour monter leur soutien au
premier ministre mais également à
l’industrie automobile russe.
Contrairement aux
affirmations de certains, qui ont vu
dans ces actions un témoignage du
culte de la personnalité qui se créé
autour de Poutine, ou encore comparé ces
jeunes filles a la variante russe des
amazones de Kadhafi, le premier ministre
n’est pas le seul concerné par ces
témoignages affectueux des jeunes
russes. Au début du mois des activistes
féminines avaient déjà organisé une
action "embrasse le président Medvedev"
et s’étaient rassemblées sur la place
rouge pour
embrasser une effigie du président
Medvedev. Cette action avait lieu
pendant la journée du baiser en Russie.
Ces manifestations politico-érotiques
de groupes féminins ne sont pas du reste
propres à la Russie. En Ukraine le
mouvement nationaliste et
traditionaliste
Femen organise souvent des
actions coup de poing de
protestation en petite tenue (voir
ici ou
la). Les militantes de Femen ont du
reste publiquement affirmé leur soutien
aux activistes féminines moscovites en
organisant une manifestation de soutien
en Ukraine, seins à l’air. Elles ont
aussi décidé de fonder un parti
politique féminin en 2012. Et si ces
jeunes femmes Slaves préparaient une
révolution dans la manière de faire de
la politique?
Article publié sur RIA Novosti
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