Opinion
Guerre en Syrie :
victoire de la realpolitik et
défaite du mainstream médiatique ?
Alexandre
Latsa
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Alexandre Latsa
Mercredi 22 mai
2013 Source:
RIA Novosti Сe 22 mai 2013,
l’armée Syrienne semble en passe de
remporter une bataille locale
importante, en reprenant le contrôle
d’un des principaux bastions de
l’opposition, la ville de Qousseir.
Cette victoire militaire, qui devrait
être confirmée dans les jours qui
viennent, arriverait alors que l’Etat
Syrien a repris le contrôle de plusieurs
dizaines de localités ces dernières
semaines.
Cette chute de Qousseir, qui résiste
au régime depuis plus d’un an, serait
stratégique pour l’Etat Syrien et lui
permettrait de couper la principale
route d'approvisionnement des rebelles
dans le centre de la Syrie. L’armée
Syrienne devrait ensuite
vraisemblablement concentrer ses forces
sur Homs, ville que près de 80.000
chrétiens ont fui depuis le début de la
guerre et ainsi plausiblement reprendre
le contrôle du centre du pays.
On peut imaginer qu'ensuite, le
régime décide d’en finir avec Alep et
lance un assaut décisif pour reprendre
cette ville partiellement aux mains des
rebelles, réduisant ainsi à néant toute
possibilité pour ces derniers d’en faire
un bastion du nord, pourquoi pas même la
pré-capitale d’une région indépendante
du nord. Le régime Syrien avait du reste
lui-même qualifié la bataille d’Alep,
qui a commencé en juillet 2012, de
mère des batailles.
Ce faisant, le régime resterait sur
la tactique qui est la sienne depuis le
début du conflit, c'est à dire garder le
contrôle des villes et refouler les
rebelles dans les campagnes, les
empêchant ainsi d’exercer tout contrôle
politique.
Il semble donc bien que le
gouvernement syrien reprend lentement
l'avantage, une situation que la presse
occidentale n’arrive même plus
à maquiller, après avoir proclamé et
martelé pendant deux ans et demi, depuis
le début de la guerre civile, que la
défaite d’Assad était évidente, certaine
et toujours très
proche. Cette situation remet de
nouveau sur la table le projet de
négociations internationales sur la
question Syrienne.
Toutefois, c'est une équation
totalement nouvelle qui apparait pour
ces éventuelles négociations
internationales. L'image médiatique de
l'opposition en Syrie s'est beaucoup
dégradée, sans doute au grand dam de ses
sponsors. On parle moins d'opposition
démocratique, on décrit maintenant des
groupes Djihadistes sans coordination,
et les multiples vidéos de tortures et
massacres commis par certains de ces
groupes armés ont semble t-il
considérablement porté atteinte à la
détermination de nombre de pays
occidentaux d’armer ces mêmes groupes.
Peu à peu, une scission semble s’être
en effet créée au sein des partisans du
départ d’Assad, qui forment une étrange
coalition entre des états occidentaux
(Amérique, Israël et nations
européennes) et des pays
islamo-sunnites, Qatar en tête. Pour les
premiers, l’absence d’une opposition
politique modérée (laïque titrait même
le
New York Times) avec la rébellion
qui n'arrive pas à contrôler le terrain,
et ce malgré deux ans et demie de
guerre, pose un réel problème de
tactique diplomatique. Pour les seconds
visiblement, la montée en puissance du
Front Al-Nosra ne semble pas être un
problème et l’organisation, qui a
affirmé son
rattachement a Al-Qaïda, vient
d’ailleurs de faire des émules puisque
l’opposition Syrienne comprend désormais
également une brigade
Oussama-Ben-Laden.
Sur le terrain il est sans doute
encore très prématuré de parler d’une
potentielle victoire d’Assad, militaire
ou politique, ou de dire que la Syrie ne
se dirige pas vers une partition de
fait. Mais sans intervention militaire
étrangère, on imagine mal comment
l’armée Syrienne, qui a désormais elle
aussi le soutien de milliers de
combattants étrangers (notamment du
Hezbollah) ainsi que directement de
l’Iran pourrait perdre cette guerre.
Il y a même une hypothèse selon
laquelle la guerre pourrait continuer,
même en cas de départ ou d'élimination
physique d’Assad,
ce reportage d’un journaliste
anglais tente de l’expliquer. Cette
situation militaire redonne du poids à
la position diplomatique russe qui
depuis le début de la crise prône une
solution politique. La plupart des états
qui travaillent sur le dossier Syrien
sont sans doute convaincus qu’une
défaire militaire totale d’Assad semble
de moins en moins probable, malgré les
certitudes récentes du MAE Français
Laurent Fabius qui n’en finit plus de
ridiculiser la diplomatie française
durant ce conflit.
Il reste l'idée d'une intervention
militaire sur le scénario Libyen, mais
visiblement ce n’est plus a l’ordre du
jour et cette fois la diplomatie Russe
ne la
laisserait pas se mettre en place.
La solution diplomatique et politique
semble prendre forme puisque des sources
diplomatique affirment que Damas a
désigné des représentants chargés de
négocier avec l'opposition en vue d’une
conférence sous égide Russo-américaine
devant faire suite à celle qui s'est
tenue le 30 juin 2012 à Genève.
Finalement, le conflit syrien qui
était présenté comme une lutte de
démocrates contre une dictature a
complètement changé de visage. Ce délire
absolu du mainstream médiatique
français, qui a lui par contre
totalement perdu cette guerre, ne tient
plus aujourd’hui et on voit désormais
bien qu'il s'agit d'une guerre
stratégique contre l’Etat Syrien,
soutenue de l’extérieur, pour que l’axe
Chiite (Liban-Syrie-Iran-Sud de l'Irak)
perde son influence régionale.
La guerre en Syrie pourrait donc
faire apparaitre des réalités
inattendues: Marquer le point d’arrêt
définitif du printemps islamiste que la
région connaît? Faire échouer la
politique anti-chiite développée par les
Occidentaux en collaboration avec leurs
alliés sunnites? Confirmer le statut de
la Russie comme protectrice des
chrétiens d’Orient et des minorités en
Syrie, en lieu et place de l’Europe?
Alexandre Latsa est un journaliste
français qui vit en Russie et anime le
site DISSONANCE, destiné à donner un
"autre regard sur la Russie".
© 2013
RIA Novosti
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