« Tout désespoir en politique est une
sottise absolue » disait Charles
Maurras. Bashar El-Assad, homme cultivé
au demeurant, doit certainement être
entièrement d’accord avec cette
assertion s’il a la chance d’avoir déjà
lu Maurras. Début 2011, celui-ci a sans
doute dû regarder avec beaucoup
d’attention, comme tous les chefs
d’Etats de la région, les manifestations
pacifiques qui ont commencé à fleurir
dans le pays. Peu à peu, le mouvement de
contestation au gouvernement Assad prend
cependant une tournure militaire.
Courant 2012, la guerre est totale
en Syrie, l’afflux de mercenaires
étrangers apporte un appui considérable
à une opposition syrienne qui sera
rapidement débordée par ces encombrants
soutiens.Mi-2012,
l’offensive rebelle est portée au cœur
de Damas alors que plusieurs milliers de
combattants tentent de prendre d’assaut
la capitale, coordonnant leur action
militaire avec des actions terroristes
de grande ampleur, notamment l’attentat
du 18 juillet 2012 au siège de la
sécurité nationale, qui portera sans
aucun doute un grand coup psychologique
aux autorités syriennes. L’offensive
militaire s’est accompagnée d’une
offensive médiatique de grande ampleur à
travers la planète, annonçant à coup de
« spécialistes » et « analystes » la
chute imminente du régime syrien.
Pourtant, le régime trouvera les
ressources pour repousser cet assaut et
relativement rétablir l’ordre dans la
capitale.A la fin 2012, le
mainstream nous a de nouveau expliqué
que courant 2013, les autorités
syriennes devraient vraisemblablement
avoir perdu le contrôle d’une bonne
moitié du pays, sans doute l’Est et le
Nord, et concentrer stratégiquement
leurs positions sur la défense de Damas
et de la bande côtière et alaouite.
Pourtant, ce n’est pas du tout ce qui
s’est passé. A la sortie de l’hiver,
l’armée arabe syrienne est repartie à
l’offensive et les victoires clefs de
Qousseir et Homs ont permis à l’Etat de
réaffirmer son autorité sur le centre du
pays. En février 2013, les rebelles
relancent une offensive sur les
quartiers de l’Est et du Nord est de la
capitale, offensive qui échouera de
nouveau puisqu’après 18 mois de combat,
les forces gouvernementales ont réussi à
repousser le front dans les faubourgs de
la capitale. Enfin, la grande offensive
rebelle sur la cote
de cet été 2013 a elle été totalement
repoussée.Apres 18 mois de
combat, c’est désormais l’Armée Syrienne
qui est a l’offensive sur les zones
clefs des rebelles, notamment au Nord et
a l’Est du pays, sur l’axe Alep – Deir
Ez-Zor. Cette totale inversion de la
situation militaire justifie peut être
les récentes manipulations de grande
ampleur visant à déclencher des frappes
militaires turco-occidentale contre la
Syrie, comme expliquéici.Sur le front diplomatique, la
situation s’est semble-t-il également
considérablement modifiée depuis le
début du printemps islamiste syrien. Les
principaux sponsors de la rébellion font
face à des situations intérieures
modifiées et instables, que l’on pense à
l’Arabie Saoudite, à la Turquie ou au
gouvernement Morsi et au coup que vient
de recevoir la confrérie des frères
musulmans, très active dans le soutien à
l’opposition syrienne. Alors que le
destin semblait aller contre les
volontés impériales occidentales, les
puissances occidentales ont donc décidé
de passer à la vitesse supérieure et
contribuer à l’aggravement du conflit
syrien en « punissant » le pouvoir
syrien et affaiblir ses forces armées.
L’axe
Washington-Londres-Paris-Ankara-Riyad se
disait même prêt a intervenir à
n’importe quel prix et sans accord
préalable de l’ONU et donc hors du cadre
juridique international.
Peu nombreux (et sans doute également à
Damas) étaient ceux qui, au début du
mois de septembre, imaginaient que la
Syrie échapperait a une campagne de
bombardements sur le modèle des frappes
contre la Yougoslavie de 1999.Pourtant, ces frappes imminentes
au début du mois n’ont pas encore eu
lieu et il y a plusieurs raisons à cela.Lors du dernier sommet du G20, le
président français s’est, comme le
président américain, retrouvé isolé face
notamment a une UE qui faisant front
diplomatique avec la Russie, la Chine et
les pays émergents, refuse une action
militaire irréfléchie et illégale. Ces
pays prônant une solution politique au
conflit, tout comme le prône la Russie
depuis le début des troubles en Syrie.
En outre, et c’est sans doute le plus
important, les opinions publiques tant
americaines que françaises sont
extrêmement hostiles à toute
intervention militaire de leur pays
malgré prés de trois ans d’intense
propagande contre le gouvernement
syrien.Mais l’absence de
bombardements sur la Syrie en ce début
septembre tient sans doute aussi et
surtout du fait de Moscou. La Russie
vient de sortir (avec le talent dont
elle a le secret) une carte maitresse de
sa diplomatie en appelant la Syrie à
placer ses arsenaux chimiques sous
contrôle international. L’Etat syrien a
bien évidemment accepté la proposition
russe, confirmant le solide Tandem
Moscou-Damas pour la résolution de cette
crise et se disant même prêt à signer et
rejoindre la Convention sur
l'interdiction des armes chimiques. La
Syrie reste aujourd'hui l'un des rares
pays au monde à ne pas avoir adhéré
à ce traité, contrairement a ce que
prétendent certains ministres
français qui visiblement connaissent mal
leurs dossiers.
En 24 heures, la situation mondiale sur
la Syrie s’est totalement inversée.
Selon
Xavier Moreau, avec cette
proposition, les Russes ont trois
objectifs distincts. Le premier est de
reprendre l’initiative dans ce conflit,
en faisant une proposition que les
Etats-Unis seront obligés de considérer,
le deuxième est de remettre les Nations
Unies au cœur de la résolution du
conflit et le troisième est de permettre
aux Etats-Unis et à la France de ne pas
perdre la face, dans le cas où les deux
pays renoncent à leur frappe « punitive
».
Pendant que la Russie empêche une
guerre et tente de défendre le droit
international, l’Etat syrien peut lui
continuer de mener sa mission de
rétablissement de l’ordre
constitutionnel et de lutte contre le
terrorisme sur son territoire. Une
mission qui apparaît de moins en mois
illégitime aux yeux du monde alors que
se multiplient les témoignages dénonçant
une situation trop longtemps occultée
par le mainstream sur le terrain. A ce
titre, les témoignages récents du
journaliste récemment libéré Domenico
Quirico ou de
l’enseignant Pierre
Piccinin sont
riches en informations issues du terrain
et confirment bien que l’opposition
démocratique syrienne n’existe sans
doute désormais plus que sur les
plateaux de France 24, mais que sur le
terrain, ce sont les groupes terroristes
et mafieux qui font la loi dans les
quelques zones qui ne sont pas sous
contrôle de l’armée syrienne.Enfin, ces témoignages confirment
ce que la diplomatie française semble
(volontairement ?) ne pas vouloir
entendre : ce n’est pas l’Etat syrien
qui a utilisé les armes
chimiques le
21 août dernier.
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