La Voix de la Russie
L'offensive
américaine sur les banlieues françaises
(2)
Alexandre Latsa
Photo: EPA
Mardi 6 novembre
2012
« La France ne le sait pas, mais
nous sommes en guerre avec
l’Amérique. Oui, une guerre
permanente, une guerre vitale, une
guerre économique (...) sans mort
apparemment et pourtant une guerre à
mort ». Ces mots surprenants
sont ceux du défunt président
français François Mitterrand.
Les ingérences
américaines prennent parfois d’autres
formes : BBC News a
révélé que les États-Unis avaient
très largement financé un manga japonais
(Manga to promote US-Japan military
alliance) destiné au jeune public
japonais afin de le convaincre de
l'intérêt de l'alliance militaire entre
les États-Unis et le Japon (et notamment
le maintien de la base américaine
d'Okinawa, de plus en plus contestée par
la population).
A titre de comparaison,
une « action culturelle » destinée à la
France : En décembre 2010 est apparu aux
Etats-Unis un nouveau super héros de
bande dessinée appelé Nightrunner. Le
personnage s’inspire de
Billi Asseiah, un sunnite algérien
de 22 ans immigré en France et installé
à Clichy-sous-Bois. Incarnant les
valeurs de justice, d'honneur et de
droiture, il secourt la veuve et
l'orphelin selon l'expression consacrée.
Il défend aussi et surtout les intérêts
de sa communauté (les musulmans)
injustement attaquée. Un élément
d'autant plus inquiétant que le premier
épisode de la BD se déroule durant les
émeutes de banlieues de 2005 en France.
Accompagné par un ami, Bilal, alors âgé
de 16 ans, est injustement pris à partie
par la police, passé à tabac alors qu'il
n'a rien fait de mal. Ensuite, son ami
est abattu après avoir incendié un
commissariat. Bilal devient alors
Nightrunner pour rétablir l'ordre juste
et démocratique. Figurant dans
Annual Batman Detective Comics n" 12,
nul doute que ce Batman d'un nouveau
genre n'apparaisse prochainement dans
les kiosques français, en particulier
dans les banlieues.
En outre et toujours
selon Wikileaks, dans un texte envoyé en
janvier 2010 par l’ambassadeur
Rivkin, on peut lire cette phrase plus
que surprenante: « Nous continuerons et
renforcerons notre travail avec les
musées français et les enseignants pour
réformer le programme d’histoire
enseigné dans les écoles françaises,
pour qu’il prenne en compte le rôle et
les perspectives des minorités dans
l’histoire de France ». De façon
surprenante une loi est alors votée en
France en septembre 2010. Cette loi
réduit ou supprime la partie des manuels
d’histoire consacrée à certains
personnages historiques français ou à
certains évènements de l’histoire de
France, dans les programmes de certaines
classes, au profit des cultures
étrangères. Ainsi Clovis, Charles
Martel, Hugues Capet, Louis IX, dit
Saint Louis, François Ier, Louis XIII
ont disparu des instructions officielles
des classes de sixième et de cinquième
des lycées.
Le programme des classes
de sixième des lycées passe par exemple
sans transition de la fin de l'Empire
romain au IIIe siècle à l'empire de
Charlemagne, soit une impasse de six
siècles. Les « invasions barbares » des
IVe et Ve siècles, pourtant
fondamentales dans l'histoire de
l'Europe, ne sont même plus évoquées.
Louis XIV n’apparait plus sous le nom de
« Roi Soleil ». La partie qui lui est
consacrés s’intitule « Émergence du roi
absolu ». L’étude de la Révolution et de
l’Empire est abrégée afin de mieux
étudier les civilisations
extra-européennes à certaines périodes.
Il y a au choix des
enseignants: « la Chine des Hans à son
apogée », c'est-à-dire sous le règne de
l'empereur Wu (140-87 avant J.-C.), ou «
l'Inde classique aux IVe et Ve siècles
». Au sein de la partie « Regards sur
des mondes lointains» on trouve l'empire
du Ghana (VIIIe-XIIe siècles), l'empire
du Mali (XIIIe-XIVe siècles), l'empire
Songhaï (XIIe-XVIe siècles) ou le
Monomotapa (XVe-XVIe siècles). On y
trouve aussi l'étude de la naissance et
du développement des traites négrières
en 3 heures, alors que la totalité de
l’histoire de la Révolution de 1789 et
de l’Empire ne se fait qu’en 8 heures.
Enfin de grandes parties de l’histoire
de France sont aussi désormais
optionnelles et au choix du professeur.
Ces décisions de
modification des programmes scolaires
ont été prises en France au nom de «
l’ouverture aux autres civilisations de
notre monde ».
Quelles conclusions
faut-il tirer de cette activité
diplomatique américaine dirigée vers les
minorités françaises visibles et
simultanément de ces changements de
contenu des manuels scolaires français ?
Tout d’abord les
américains sont dans une démarche
impérialiste de promotion de leur modèle
de société. Cette logique impérialiste
vise à établir un modèle de société
unique et une vision commune de
l’histoire, en Europe et en Amérique,
une Amérique dans laquelle les bébés de
souche européenne ne sont déjà plus
majoritaires, une Amérique dans
laquelle les minorités deviendront
majorité a l’horizon 2050.
Ensuite on peut douter
que ce modèle de société soit applicable
a la France et aux nations européennes,
dont l’homogénéité ethnique et
culturelle ancienne n’a été que
récemment bousculée par une immigration
post coloniale et majoritairement d’une
autre religion, ce qui n’est pas le cas
aux Etats-Unis ou les minorités sont
très majoritairement chrétiennes.
Enfin, ces stratégies de
réseaux et d’influence présentent un
réel danger pour la France.
L’intégration réussie des nombreuses
vagues d’immigration que la France à
connu dans le passé s’est toujours
réalisée sans aucune revendication
ethno-religieuse mais par un processus
complexe d’assimilation généralement
volontaire, bien différent du modèle
communautaire américain, modèle qui
pourtant semble se développer dans
plusieurs pays européens qui connaissent
une forte immigration. De toute
évidence, les difficultés que la France
rencontre actuellement avec ses
minorités sont liées au développement
rapide de la communautarisation, qu’elle
soit identitaire, sociale et
ethnico-religieuse. Sur le territoire,
des sous cultures transversales se sont
développées, qui sont indépendantes
voire hostiles à l’identité française.
Pour la France, pays
chrétien et européen dont l’avenir est
en Europe, cette activité d’ingérence
est extrêmement négative. En accroissant
les sentiments communautaristes et
revendicatifs de minorités ethniques et
religieuses à l’égard de l’état
français, les américains prennent le
risque de créer des tensions qui
pourraient aboutir à un point de non
retour. En outre, cette agression en
règle contre le modèle assimilationniste
choisi par la France pourrait avoir des
conséquences explosives, lorsque l’on
sait que les revendications
ethno-religieuses s’ajoutent à des
revendications régionalistes déjà sous
jacentes.
La première partie
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