Opinion
Faut-il renoncer à
la démocratie ?
Alexandre
Latsa
Photo: La
Voix de la Russie - AFP
Lundi 1er avril
2013 Je crois que certains lecteurs,
en voyant ce titre, vont cliquer sur
le lien tout en se demandant si
Alexandre Latsa est brusquement
devenu fou, ou en pensant que la
suite va enfin dévoiler le fond de
sa pensée. Mais non, pas
d'inquiétude, l'idée n'est pas de
moi.
« Faut-il supprimer
la démocratie » est une citation du
« sage et démocrate » Jacques
Attali. Celui-ci a en effet le 18
mars dernier signé un article
absolument
incroyable où il pose la
question de l’opportunité de songer
à appuyer, aider et compléter les
structures et institutions
démocratiques afin de pérenniser
leur efficacité.
Jacques Attali prend
l’exemple de l’élection verticale et
à vie du pape, puis de l'élection de
la nouvelle présidence chinoise pour
10 ans, en remarquant que les deux
fonctionnent selon le principe du
parti unique, en portant au pouvoir
quelqu'un du sérail sans consulter
le peuple. Ensuite, il constate les
échecs du système démocratique
italien incapable de permettre
l’émergence d’un gouvernement stable
après les élections législatives du
mois dernier. L’Italie serait
d’après lui l’exemple type de
l’échec du fonctionnement des
systèmes démocratiques, le politique
étant contraint de sacrifier
l’avenir à long terme du pays (en
aggravant la situation économique)
pour assurer sa réélection.
Serait-il tombé sous
le charme des partis uniques parce
que la démocratie montre ses
limites?
Pas du tout, il
propose une troisième voie.
Construire (en parallèle des
institutions démocratiques) de
nouvelles assemblées consultatives,
composées de gens choisis, qui
nommeraient des responsables à des
niveaux plus élevés, ces derniers
constitueraient une assemblée
consultative nationale, en charge de
conseiller les pouvoirs
démocratiques. Ces assemblées
seraient toujours selon lui
destinées à équilibrer des pouvoirs
politiques qui seraient mieux en
mesure d’exécuter leur mission: la
gestion de la « cité ».
Il ajoute qu'il y a
urgence à ce que des gens (des «
sages » n’en doutons pas NDLR)
prennent le relai des politiques
élus car les risques seraient réels
puisque « les multiples
fondamentalismes sont présents et
ils rodent autour du lit de la
démocratie ». Il conclut: « Si on
veut sauver l’essentiel de la
démocratie, c’est à de telles
audaces qu’il faut commencer à
réfléchir ».
Il faut peut-être
lire entre les lignes et traduire:
Nous (l’oligarchie) allons devoir un
peu plus confisquer la démocratie et
permettre à des gens mieux « choisis
» de diriger nos pays.
Utopie? Usine à gaz
avec de nouvelles assemblées
commissions et comités divers
salariés par les états démocratiques
? Il faut prendre très au sérieux
les « audaces » proposées par
Jacques Attali, parce qu'il existe
déjà des comités qui pensent et
décident à la place des élus du
monde occidental.
Le 29 mars 2013, le
président de Goldman Sachs a
confirmé que le problème
principal de l’UE était non pas
Chypre (ou un pays comme la Grèce
dans lequel le peuple est simplement
en train de mourir NRDL) mais
l’Italie d’aujourd’hui avec le
facteur Grillo. Le troublant
italien, sorte de Coluche politique,
empêcherait en effet l’honnête
establishment financier
international d’achever sa prise de
contrôle des états en faillite. Un
processus qui comme on peut le voir
ici est pourtant bien entamé et
démontre, s’il le fallait, que c'est
un comité d'anciens employés de la
banque Goldman Sachs qui a pris les
commandes des centres de décision du
monde de la finance en Europe.
Est-ce la meilleure des solutions
pour l’Europe? Le pauvre Beppe
Grillo avait même eu droit au début
de ce mois à un
billet corrosif à son égard sur
le blog de notre « sage » dans
lequel il était montré du doigt
comme un danger pour l’avenir de
l’Europe.
Etonnante similarité
de point de vue, non?
Il y a pourtant, en
dehors de la troisième voie proposée
par Jacques Attali, une autre
solution que la confiscation des
élections par des « sages », au cœur
de social démocraties dont les
élites appartiennent à des
corporations financières étrangères,
et dont les politiciens sacrifient
leurs peuples et leurs pays au nom
de futiles réélections.
Dans des pays comme
par exemple la Chine de Jintao et
Jinping, la Russie de Poutine, la
Turquie d’Erdogan ou le Venezuela de
Chavez, des élites « d’un autre
genre » jouissent majoritairement du
soutien de leurs peuples pour
accomplir la mission qui est la
leur: faire de leurs pays des états
puissants et souverains, capables de
résister tant aux déstabilisations
financières que militaires tout en
poursuivant et assurant leur
développement économique.
La solution en
Europe n’est sans doute pas la
confiscation d’une démocratie déjà
en phase terminale, mais sans doute
plutôt de procéder démocratiquement
à un changement radical d’élites,
afin de
sortir d’un système
d’exploitation qui ne fonctionne
manifestement plus et de pouvoir
enfin rendre aux peuples d’Europe ce
qui leur a été confisqué : le
pouvoir de décider de leur propre
destin.
Faut-il renoncer à la démocratie ?
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