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Carnets du diplo

Nicolas Sarkozy, les musulmans, l'islam et le colonialisme (2)

Alain Gresh

A la suite d’un précédent envoi, je poursuis le florilège des déclarations de Nicolas Sarkozy (ou de ses conseillers) sur l’islam, le conflit du Proche-Orient, le terrorisme et le colonialisme. Il ne s’agit pas de limiter la campagne présidentielle à cet aspect, mais comme le blog est consacré à l’Orient, il me paraît normal de signaler ces textes.

Dans son entretien déjà évoqué à la revue Le Meilleur des mondes (n° 2, automne 2006), Nicolas Sarkozy explique : « Pour revenir à la Turquie, la liberté de circulation des personnes et des biens avec l’Anatolie centrale, c’est une grande difficulté. Parce que l’on a quand même un problème d’intégration des musulmans qui pose la question de l’islam en Europe. Dire que ce n’est pas un problème, c’est se masquer la réalité. Si vous faites rentrer cent millions de Turcs musulmans, qu’est-ce qu’il en sera ? Et enfin, dernier point : la Turquie c’est l’Asie Mineure et nous sommes en train de parler de l’Europe. » Et, poursuit-il, si on fait entrer la Turquie, on fera du problème kurde un problème européen. « Il vous restera à faire du Hamas et du Hezbollah des problèmes européens. »

En février 2006, l’American Jewish Committee a organisé un voyage d’une vingtaine de députés français en Israël, dirigés par M. François Fillon, proche conseiller de Sarkozy. A l’issue d’entretiens avec les participants, l’agence Guysen Israel News notait, le 5 février 2006, que ce qui avait frappé le plus Fillon, c’est qu’« Israël et la France – en tant que démocraties parlementaires – sont dans une même position face à l’islam ».

Entretien donné au Figaro Magazine, à Sylvie Pierre-Brossolette et Michel Schifres, le 1er septembre 2006

Q. - Le Hezbollah est-il un mouvement terroriste ?

« Oui. L’attitude qui consiste à envoyer des roquettes sur le nord d’Israël sans se demander sur qui vont tomber ces roquettes est une opération terroriste. Accepter d’être financé par l’Iran dont on sait ce que disent ses dirigeants revient à se situer dans le camp des terroristes. »

Q.- Vous vous revendiquez toujours comme l’ami d’Israël ?

« Oui. Le droit à la sécurité pour Israël est un droit sur lequel on ne peut pas transiger. Israël est une démocratie. Israël est né dans les conditions que l’on sait. C’est une responsabilité essentielle, pour tous les pays libres, d’assurer sa survie. Est-ce que pour autant je considère que le gouvernement israélien a eu en se défendant, je dis bien en se défendant, la réponse appropriée ? Je n’en suis pas sûr. J’ajoute que si je suis l’ami d’Israël, je suis aussi celui du Liban qui doit devenir un pays véritablement souverain. »

Voici des extraits du discours de politique étrangère prononcé par Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, le 12 septembre 2006, au cours de son voyage aux Etats-Unis. Le texte intégral est sur le site de l’Union pour la majorité présidentielle.

« Le régime iranien, par son soutien au Hezbollah, par les propos inacceptables de son président sur l’Holocauste et l’existence d’Israël s’est mis lui-même au ban des nations. La perspective d’un tel régime doté d’armes aussi destructrices que des missiles nucléaires est terrifiante. Elle ouvrirait la voie à une course aux armements meurtrière dans la région car d’autres pays pourraient souhaiter sauter le pas. Elle serait aussi une menace constante pour l’existence d’Israël. L’Histoire nous a montré les conséquences de la complaisance face à l’agression et au fondamentalisme. Nous devons faire preuve de la plus grande fermeté et d’unité pour régler cette question. La diplomatie doit être notre arme principale mais il faut laisser toutes les options ouvertes. » (...)

« Il est donc de notre devoir de tenter de mettre fin ensemble aux conflits qui mettent le feu aux poudres au Moyen Orient. Nous ne pouvons pas accepter de rester impuissants devant la montée des tensions et l’agressivité de certaines forces régionales. Or l’expérience des derniers mois montre que lorsque nous travaillons ensemble, Américains et Français, nous sommes efficaces. Ainsi en a-t-il été avec le vote de la résolution 1559 du conseil de sécurité de l’ONU sur le Liban, qu’ensemble, Américains et Français, nous avons inspirée. C’est cette unité et cette détermination qui nous ont permis de soutenir la réaction nationale des Libanais et de provoquer le départ des troupes syriennes. Aujourd’hui, je me réjouis du vote de la résolution 1701 et soutiens sans réserve la décision du président Chirac d’envoyer 2000 soldats au Liban pour servir au sein de la FINUL. On peut juger maladroite et disproportionnée l’intervention israélienne au Liban. La vérité est qu’il n’y a eu qu’un agresseur et c’est le Hezbollah. Israël avait le droit et le devoir de défendre ses citoyens. Le Hezbollah, quant à lui, a décidé de prendre en otage le peuple libanais dans une aventure insensée. »

Lundi 5 février 2007, sur le plateau de TF1, dans l’émission « J’ai une question à vous poser », Nicolas Sarkozy déclare : « Personne n’est obligé, je le répète, d’habiter en France. Mais quand on habite en France, on respecte ses règles, c’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles et on n’égorge pas le mouton dans son appartement et on respecte les règles républicaines. » Le public applaudit.

Deux jours plus tard, à Toulon, le même fait l’éloge de l’entreprise coloniale.

Discours du 7 février 2007, à Toulon. « Le rêve européen a besoin du rêve méditerranéen. Il s’est rétréci quand s’est brisé le rêve qui jeta jadis les chevaliers de toute l’Europe sur les routes de l’Orient, le rêve qui attira vers le sud tant d’empereurs du Saint Empire et tant de rois de France, le rêve qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation.

Cessons de noircir le passé. L’Occident longtemps pécha par arrogance et par ignorance. Beaucoup de crimes et d’injustices furent commis. Mais la plupart de ceux qui partirent vers le Sud n’étaient ni des monstres ni des exploiteurs. Beaucoup mirent leur énergie à construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Beaucoup s’épuisèrent à cultiver un bout de terre ingrat que nul avant n’eux n’avait cultivé. Beaucoup ne partirent que pour soigner, pour enseigner. On peut désapprouver la colonisation avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation auquel ils croyaient. Il faut respecter ces milliers d’hommes et de femmes qui toute leur vie se sont donné du mal pour gagner par eux-mêmes de quoi élever leurs enfants sans jamais exploiter personne et qui ont tout perdu parce qu’on les a chassés d’une terre où ils avaient acquis par leur travail le droit de vivre en paix, une terre qu’ils aimaient, parmi une population à laquelle les unissait un lien fraternel.

Je veux le dire à tous les adeptes de la repentance qui refont l’histoire et qui jugent les hommes d’hier sans se soucier des conditions dans lesquelles ils vivaient, ni de ce qu’ils éprouvaient.

Je veux leur dire : de quel droit les jugez-vous ? »

 


Source : Carnets du diplo
http://blog.mondediplo.net/...


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