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Elections américaines
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Les Arabes votent Obama
Ahmed Loutfi -
Chaimaa Abdel-Hami
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Photo Al-Ahram
Mercredi 29 octobre 2008
Elections
Américaines. Le jour J
approche avec toutes sortes de spéculations sur l’intérêt que
représente l’un ou l’autre des concurrents pour le monde arabe.
L’espoir reste cependant placé dans une victoire du candidat
démocrate.
On est sur la dernière ligne
droite. Barack Obama et John McCain se lancent avec cet objectif
d’habiter la Maison Blanche. Les présidentielles américaines ont
toujours été les plus suivies et les plus sensationnelles.
Faut-il oublier que l’Amérique est le pays du sensationnel dont
les péripéties ressemblent bien aux productions hollywoodiennes
? Un aspect important, somme toute, et surtout à l’heure des
chaînes satellites et au moment où le monde est un village
planétaire. Mais évidemment, l’essentiel est le suivant ; les
Etats-Unis ce sont la superpuissance qui se présente comme une «
impératrice mundi ». Peut-on donc ignorer les élections ? Sans
doute pas et surtout dans la région du Moyen-Orient. Celle-ci
est en ébullition et l’Amérique y est impliquée, voire elle
serait à l’origine de nombreux de ses troubles. Guerres en Iraq
et en Afghanistan, nucléaire iranien, économie exsangue ... Le
président américain George W. Bush laisse à son successeur un
héritage compliqué.
Que ce soit le Républicain John
McCain ou le Démocrate Barack Obama, il prendra les rênes d’une
superpuissance affaiblie, confrontée à de sérieux doutes quant à
ses forces, et dont l’influence est remise en cause à travers le
monde, y compris par ses plus proches alliés.
Le leadership moral et la
compétence des Etats-Unis à prendre les bonnes décisions
continueront à être des sujets d’interrogations, à l’intérieur
des frontières américaines comme à l’étranger. Et dans notre
monde arabe, faut-il s’attendre à des changements avec la
présidence de l’un des deux ?
Il est généralement admis soit du
côté des analystes politiques que celui de l’opinion qu’il vaut
mieux Obama que McCain. Une question de langage au départ,
McCain parle avec violence et parfois mépris du monde arabe, des
Palestiniens et de l’Iran (lire page 5) et ne propose aucune
solution réaliste concernant l’Iraq et la Palestine. Ses
déclarations à cet égard sont plus que révélatrices. A propos du
Hamas, le sénateur McCain qui s’est rendu fréquemment en Israël,
s’est déclaré opposé à des discussions avec ce mouvement. Si
cela n’est pas exceptionnel en Amérique, c’est la manière dont
la chose est formulée qui suscite la colère des Arabes. «
Quelqu’un va devoir me donner une réponse à la question de
savoir comment on peut négocier avec une organisation qui s’est
fixée comme objectif de vous (Israël) éliminer (...). Si le
Hamas et le Hezbollah libanais devaient réussir ici, ils
l’emporteraient partout ailleurs. Non seulement au Moyen-Orient
mais partout. (...) Ils aspirent à détruire tout ce en quoi
croient et tout ce que défendent les Etat-Unis, Israël et
l’Occident ».
De plus, McCain est bien un
Républicain qui se situe dans l’itinéraire de Bush, ce qui fait
que du côté du monde arabe, on ne peut guère avoir confiance en
lui. Bush qui était le premier président américain à avoir
appelé de ses vœux à la création d’un Etat palestinien, n’y est
pas parvenu avant la fin de son mandat, suite à des
tergiversations israéliennes dont il a été complice, du moins au
sujet desquelles il n’a pas réagi énergiquement. L’héritage de
Bush, c’est aussi la guerre contre le terrorisme, lancée après
les attentats du 11 septembre, dont l’un des symboles, la prison
ultra-controversée de Guantanamo, échoue au futur président.
Tout ceci soulève les appréhensions au cas d’un succès de McCain.
Selon Gamal Abdel-Gawad, chercheur au Centre d’Etudes Politiques
et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, « le programme de McCain est
vague. Pour l’Iraq, il discute de l’affaire dans le contexte du
danger que représente un retrait américain rapide et son impact
négatif sur les deux parties américaine et iraqienne. Là, il y a
une différence importante avec Obama qui a débattu de cette
question et de celle palestinienne de manière plus claire et les
a considérées comme une priorité dans son programme. De toute
façon, un changement va avoir lieu, mais sa proportion se
déterminera selon le vainqueur ».
D’autres spécialistes égyptiens
vont dans le sens où il y aurait un changement plus réel en cas
de victoire d’Obama. Pour Abdel-Azim Hamad, politologue, « les
promesses d’Obama sont plus claires et vont dans trois
directions. Il a promis de retirer les forces américaines de
l’Iraq, d’appeler à un dialogue avec l’Iran et le plus
important, c’est qu’il a fermement assuré que le règlement de la
cause palestinienne réalisera un intérêt national américain et
constituera une garantie pour la sécurité d’Israël ».
D’autres spécialistes, y compris
américains, estiment que de toute façon, il ne faut pas se fier
aux promesses électorales.
Le principal objectif d’un
candidat est de gagner, il est vrai, mais il lui est difficile
d’aller jusqu’à mentir ou de faire juste de la propagande,
puisqu’il devra rendre compte du contenu du programme qu’il
présente, relève Abdel-Gawad.
Il y a évidemment des intérêts
politiques américains permanents mais qui ont de nombreuses
dimensions. « Les intérêts diffèrent d’un pays à l’autre. Il y
aura certainement un changement, mais on ne pourra le
généraliser à toutes les régions et à tous les Etats, quel que
soit le vainqueur », estime Ahmad Sabet, professeur de sciences
po à l’Université du Caire. Pour lui, l’influence sera très
claire en ce qui concerne l’Iraq s’agissant tant d’un retrait
total que d’un retrait partiel. « L’accent sera mis sur la
présence américaine qui s’est soldée par de grosses pertes ».
Autre facteur qui reste lié à la région moyen-orientale bien
qu’il s’agisse d’un territoire éloigné, l’Afghanistan. Faut-il
oublier que l’invasion américaine de l’Afghanistan a été la
première étape d’une guerre dite contre le terrorisme et qui a
culminé dans la campagne contre l’Iraq ? Pour Sabet, «
l’Afghanistan témoignera de la nature du changement. Les forces
américaines feront partie de celles de l’Otan et leur rôle se
réduira aux opérations de survol et d’intelligence, sans
s’impliquer dans les opérations militaires ».
Il reste évidemment que pour les
Arabes, la question principale est celle de la Palestine. Un
nœud focal dont le règlement passe obligatoirement par
Washington qui n’arrive guère à se libérer d’une influence
israélienne. De plus, jusqu’à présent, Israël est une tête de
pont de l’Amérique dans cette région. « Pour chaque candidat,
cette question n’est guère tentante. La complexité de la donne
comporte les négociations en panne, les différends internes
entre le Fatah et le Hamas, et la situation économique
lamentable des Palestiniens, en plus de la faiblesse du rôle
arabe », ajoute Sabet. Ainsi, il est peu probable qu’un McCain
ou un Obama apporte du nouveau sur ce plan. Le Moyen-Orient
constitue un vrai casse-tête et une préoccupation stratégique
avec des enjeux de toutes sortes. Blanc bonnet, bonnet blanc
donc ? Sans doute pas pour une grande partie de la classe
politique égyptienne, Obama vaut bien mieux que McCain.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 29
octobre
2008 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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