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Réticences
arabes
Abir Taleb
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Iran.
Le président Bush ne semble pas avoir réussi à
convaincre Riyad et les autres monarchies du Golfe de rallier le
projet américain d’isoler la République islamique, celles-ci
craignant une nouvelle escalade militaire dans la région.
Photo Al-Ahram
Mercredi 16 janvier 2008
Le président américain
George W. Bush a achevé mardi sa première visite en Arabie
saoudite, principal allié des Etats-Unis dans le Golfe,
apparemment sans convaincre son hôte le roi Abdallah de rallier
l’allié saoudien à ses efforts pour contenir l’Iran. Pour
parvenir à ses fins, M. Bush est arrivé lundi porteur d’une
bonne nouvelle : son gouvernement a informé le Congrès américain
de son intention de vendre pour quelque 120 millions de dollars
d’armement à Riyad. Cette vente s’inscrit dans une opération,
annoncée en juillet, d’un montant total de 20 milliards de
dollars en faveur de l’Arabie saoudite et de plusieurs Etats du
Golfe. En l’occurrence, ce sont 900 bombes JDAM (Joint Direct
Attack Munition), des engins de haute technologie à guidage
satellitaire, qui seraient livrées à l’Arabie saoudite. Un
responsable américain n’a pas nié que l’annonce avait été
prévue pour coïncider avec l’arrivée de M. Bush à Riyad.
Ce projet a alarmé
le gouvernement israélien et de nombreux parlementaires américains,
qui craignent que les armes ne soient utilisées contre Israël ou
réduisent son avance technologique sur les autres Etats arabes de
la région. Le gouvernement américain s’est employé à apaiser
les uns et les autres avec l’annonce, l’an dernier, d’un
pacte d’assistance militaire avec Israël à hauteur de 30
milliards de dollars sur 10 ans, une augmentation considérable de
l’aide consentie jusqu’alors à l’Etat hébreu.
Il a surtout fait
valoir que cette vente était nécessaire pour contrer ce que M.
Bush appelle la « menace » iranienne. Le président américain aimerait
que l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe coopèrent à son
entreprise d’isolement de la République islamique, sa bête
noire. Mais rien ne permettait de dire que M. Bush a réussi à
convaincre le roi Abdallah, ou les autres monarchies du Golfe
qu’il a visitées, d’aider à isoler la République islamique.
« L’Arabie saoudite est un voisin de l’Iran dans le Golfe,
qui est un petit lac, et nous souhaitons que l’harmonie et la
paix prévalent entre les pays de la région », avait déclaré
le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal,
après qu’un incident militaire entre les marines américaine et
iranienne dans le détroit stratégique d’Ormuz eut rappelé les
dangers d’une escalade dans les eaux pétrolifères du Golfe.
Faire face au «
danger » iranien « avant qu’il ne soit trop tard ». Tel était
le but affiché de la tournée du président Bush dans les pays du
Golfe. En effet, si l’Arabie saoudite sunnite, comme les autres
Etats arabes (Koweït, Bahreïn, Emirats arabes unis) que M. Bush
a visités cette semaine, considère avec anxiété la montée en
puissance de l’Iran chiite, elle s’inquiète peut-être plus
encore d’une nouvelle guerre américaine, après celle en Iraq,
qui a déjà servi les intérêts iraniens. Les pays arabes semblent
concéder l’existence d’un péril iranien, mais répugnent à
s’aliéner la République islamique et à paraître prendre le
parti israélien.
Du côté iranien,
l’heure est à la plus grande précaution. Le chef de la
diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a estimé dimanche que
le président américain George W. Bush tentait « en vain de
nuire aux relations » de Téhéran avec ses voisins, estimant que
la tournée du président américain était « un échec ». Pour
M. Mottaki, la République islamique et les monarchies pétrolières
du Golfe, liées par des mécanismes de « coopération et de négociation
politique », étaient « parvenues à une phase de coopération
en matière de sécurité ». Sur le même ton, le porte-parole de
la diplomatie iranienne a minimisé la portée des attaques du président
américain sur une « menace iranienne », en les mettant sur le
compte d’un « désespoir » face à l’échec de sa politique
« au cours des derniers mois de sa présidence », a dit Mohammad
Ali Hosseini. Selon ce dernier, les déclarations de M. Bush sont
une manœuvre de « diversion » du président américain pour
masquer le fait qu’il a échoué, selon lui, « à obtenir le consentement
des pays musulmans et arabes sur sa politique unilatérale de
soutien au régime sioniste».
Délai de quatre
semaines
La tournée de Bush
dans le Golfe intervient alors que le dossier nucléaire est loin
d’être résolu, malgré la visite en Iran du directeur général
de l’Agence Internationle de l’Energie Atomique (AIEA),
Mohamed Al-Baradei. L’AIEA a annoncé dimanche qu’elle s’était
mise d’accord avec l’Iran sur un délai de quatre semaines
pour régler tous les problèmes en suspens sur son programme nucléaire.
Or, il est difficile de croire que quatre semaines seront
suffisantes pour régler un litige vieux de plusieurs années. Les
Occidentaux se montrent sceptiques, et les positions restent pour
l’heure inconciliables. En effet, les Etats-Unis ont réagi le
jour même à cette annonce, estimant que l’accord ne
constituait qu’« un pas » et que la République islamique
devait toujours suspendre ses activités atomiques les plus
sensibles. Des diplomates occidentaux, sceptiques eux aussi, ont
insisté, comme Washington, sur la nécessité d’une suspension
de l’enrichissement d’uranium par l’Iran, dont il n’est
pas fait mention dans le communiqué de l’AIEA.
Au cours
d’entretiens à Téhéran vendredi et samedi, le directeur général
de l’AIEA, Mohamed Al-Baradei, le guide suprême iranien,
l’ayatollah Ali Khamenei, et le président Mahmoud Ahmadinejad
se sont mis d’accord sur le « document de travail » destiné
à clarifier toutes les questions en suspens dans les semaines à
venir.
En Iran, le vice-président
de l’Organisation Iranienne de l’Energie Atomique (OIEA), Mohammad
Saïdi, a confirmé l’accord avec l’AIEA, expliquant que son
pays « répondra dans un délai de quatre semaines aux questions
qui restent pour que l’AIEA puisse faire un rapport transparent
à propos du programme nucléaire iranien ». « La République islamique
d’Iran n’a rien à cacher, c’est pourquoi elle n’a aucune
crainte pour répondre aux questions qui restent ».
Le « document de
travail » est le fruit d’un accord passé entre M. Baradei et Téhéran
l’an dernier pour clarifier toutes les questions en suspens
concernant le programme nucléaire iranien.
L’AIEA y exige
des explications, notamment sur les expériences passées avec le
plutonium et le polonium 210, l’utilisation de centrifugeuses de
type P1 et P2 pour produire de l’uranium enrichi, la gestion de
la mine d’uranium de Ghachine, située dans le sud de l’Iran,
des traces de contamination d’uranium hautement enrichi découvertes
à l’Université technique de Téhéran, et surtout sur des études
supposées liées à un programme nucléaire militaire. A
l’origine, le document de travail envisageait que toutes les questions
soient clarifiées d’ici à la fin 2007, mais ce délai n’a été
respecté par aucune des parties. Reste à savoir si les quatre
mois supplémentaires seront suffisants.
Droits de reproduction et de
diffusion réservés. © AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 16 janvier 2008 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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