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Ha'aretz
Les vertus de l'ambiguïté
constructive
Akiva Eldar
Les fuites
sur les négociations israélo-palestiniennes en cours ont provoqué
un certain malaise à Ramallah. Preuve, pour Akiva Eldar, que
doigté et « ambiguïté constructive », où chacun peut trouver
son compte dans telle ou telle formulation, sont des vertus nécessaires
si l¹on veut réussir dans cet exercice diplomatique pour le
moins difficile.
Ha'aretz, 24 août 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/896897.html L'article
en une de Ha'aretz hier (1) n'a pas été apprécié au quartier général
de l'Autorité palestinienne de Ramallah. Notre article affirmait
que le président Mahmoud Abbas n'avait formellement rejeté la
proposition
israélienne de créer un Etat palestinien dans des frontières
provisoires. Au cabinet du président, on a pensé qu¹il était
si important de démentir l'information qu'un démenti a été
publié par Abbas lui-même, en renfort de
celui de Saeb Erekat, le négociateur en chef de l'OLP dans les
pourparlers avec Israël.
La tempête qui a entouré l'information publiée par Ha'aretz a
ressemblé à celle qu'avait provoquée l'information selon
laquelle la direction de l'Autorité palestinienne empêchait
activement la réouverture du passage frontalier de Rafah, entre
Gaza et l'Egypte. Dans les deux cas, les dirigeants du Fatah ont
craint que le Hamas ne profite de ces informations pour mener une
guerre psychologique contre le Fatah. Car aussi longtemps qu'aucun
check point n'est démantelé, malgré les nombreuses promesses
faites à Abbas par Ehoud Olmert, toute coopération avec Israël
est assimilée dans les territoires à une collaboration avec
l'ennemi.
La lutte actuelle entre les Fatah et le Hamas oblige Israël à
faire preuve d'un doigté particulier dans les négociations sur
un accord de principes en train d'être mis au point pour le
sommet régional prévu en novembre prochain. Et le Hamas ne
manque aucune occasion.
Une formulation malheureuse, qui pourrait être considérée comme
une concession sur un "principe sacré", pourrait
condamner le sommet avant même qu'il ait lieu.
Par exemple, certains dans les territoires considèrent l¹expression
« Etat dans des frontières provisoires » comme une preuve de la
naïveté de leurs dirigeants, dans le meilleur des cas. Avec les
années, les Palestiniens ont appris que, pour les Israéliens,
rien n¹est plus définitif que le provisoire. Ils n¹ont qu¹à
un jeter un coup d¹¦il depuis leur fenêtre pour voir les
dizaines de colonies sauvages devenues colonies définitives.
D¹un autre côté, Olmert sait que l¹opinion publique israélienne
s¹inquiète du fait qu¹un accord définitif avec les
Palestiniens ne se révèle très rapidement comme provisoire,
comme cela a été le cas concernant les accords censés mettre
fin aux violences. Et si l¹opinion israélienne a oublié les
attentats suicides, on peut compter sur Benjamin Netanyahou pour
les lui rappeler.
Afin de trouver une formule qui ferait le pont entre le provisoire
et le définitif, Olmert et le vice-premier ministre Haïm Ramon
ont adopté la méthode de « l¹ambiguïté constructive », qui
permet à chacune des parties d¹avoir sa propre interprétation.
Dans le cas des frontières provisoires, la formule de compromis
est censée stipuler des frontières provisoires dans une première
phase, mais sans qu¹un Etat soit déclaré avant qu¹intervienne
un accord sur des frontières définitives. Olmert pourrait alors
déclarer qu¹il a appliqué avec succès son « plan de
convergence » derrière la clôture de sécurité et tenu sa
promesse de séparation entre Israéliens et Palestiniens. De son
côté, Abbas pourrait faire porter à son crédit le fait de s¹être
débarrassé des soldats et des colons sur au moins 92% de la
Cisjordanie.
Pour réussir, pareil accord nécessite deux choses essentielles :
des garanties internationales et un calendrier, qui stipuleraient
que si les relations de part et d¹autre de la clôture sont
pacifiques, Israël accordera aux Palestiniens une compensation
territoriale équitable, en termes de qualité et de quantité,
dans un délai défini mutuellement agréé. Le terme « équitable
» permettrait à Olmert de retour chez lui de dire qu¹il ne s¹est
pas engagé à se retirer de tous les territoires, et à Abbas de
promettre que dans le cadre du règlement définitif, les
Palestiniens recevront un territoire équivalent à 100% de la
Cisjordanie.
(1) Cf. http://www.lapaixmaintenant.org/article1673
Trad. : Gérard
pour
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