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Ha'aretz
Le démenti :
assassinat d'une initiative de paix
Akiva Eldar
[Suite au démenti d'Olmert (et
de la Syrie qui a suivi) selon lequel les informations publiées
dans Ha'aretz sur un "non-document" israélo-syrien (1)
n'auraient aucun fondement]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/814325.html
Ha'aretz, 17 janvier 2007
Le premier ministre Ehoud Olmert aurait pu dire qu'il n'était pas
au courant du canal secret qui a permis les conversations avec la
Syrie, auxquelles Aron Liel et d'autres Israéliens ont participé.
Peut-être, après tous, les fonctionnaires avaient-ils oublié de
l'informer de ces rencontres avec le médiateur européen (2).
Cela arrive.
Il se pourrait aussi que les fonctionnaires du ministère des
affaires étrangères aient pensé qu'il n'était pas nécessaire
d'informer le cabinet du premier ministre des derniers développements
de ces conversations. Ils
savent que, de toute façon, Olmert ne peut pas parler aux Syriens
à cause du veto imposé par le président Bush, ou qu'il ne
souhaite pas se rapprocher du président syrien Assad à cause du
veto du ministre des affaires stratégiques, Avigdor Lieberman.
Mais le premier ministre ne s'est pas contenté de dire : "Je
n'étais pas au courant."
Hier matin, Olmert savait déjà que tout cela n'avait aucun sens.
Liel s'était parlé à lui-même, le représentant syrien avait rêvé
et le médiateur européen n'avait jamais existé. Il semble qu'Olmert
ait voulu assassiner
cette initiative de paix, et vite. Il fallait le faire avant que
ses partenaires travaillistes se réveillent du coma dans lequel
les a plongés leurs primaires. Et s'il se révélait qu'il y
avait malgré tout quelque chose là-dedans, peut-être que Tzipi
Livni aurait fait un peu de bruit et aurait parlé de négociations.
D'ailleurs, Meir Shitrit (ministre Kadima) a déjà dit qu'Israël
devait parler avec la Syrie, et qu'il appréciait assez le
document
publié hier par Ha'aretz.
Les visites du médiateur européen sont consignées, aussi bien
au cabinet du premier ministre qu'au ministère des affaires étrangères.
La seule chose qu'il reste à faire, c'est de décider de ce qui
est le plus grave : que des
fonctionnaires n'informent pas leurs supérieurs, ou que tout le
monde se moque de l'opinion.
Dans le meilleur des cas, il y a eu dysfonctionnement de la
communication entre professionnels. Dans le pire des cas, les
politiques ont tourné le dos à un document important, et renoncé
à une chance d'entamer des négociations officielles avec la
Syrie sur la base d'accords officieux clés, qui n'auraient pas pu
être obtenus sans l'aval de Damas au plus haut niveau.
Quand Jérusalem, au niveau officiel, fait de ces rencontres une
plaisanterie, la Syrie ne pourra pas traîner derrière (3). Y
a-t-il quelqu'un qui s'attend, quand Olmert affirme qu'il n'est
pas concerné par ce document, à ce qu'Assad l'adopte et annonce
qu'il a renoncé à son désir de tremper ses pieds dans le lac de
Tibériade?
Il est habituel de penser que les dirigeants politiques israéliens
tournent le dos à la Syrie pour ne pas fâcher les Américains,
depuis que Bush a placé Assad dans l'Axe du Mal. Alors, comment
espérer d'Olmert qu'il l'en sorte?
Mais le rôle clé joué par des citoyens américains Geoffrey
Aronson et Ibrahim Suleiman dans les huit rencontres suscitent des
doutes : Bush est-il la raison ou le prétexte du refus israélien
de négocier? Le renseignement américain était au courant des
visites des deux Américains, et si les décideurs de Washington
avaient voulu les faire échouer, ils auraient su comment faire.
La seule manière de vérifier s'il ne s'agit que de
"bavardage" ou bien d'une occasion manquée de faire la
paix, c'est de mettre le document à l'épreuve. Sortons-le du
placard et mettons-le sur la table des négociations.
(1) Voir l'article où
figure la carte de cette accord
(2) Yossi Beilin, lors d'une interview, a révélé le nom de ce médiateur.
Il s'agit de Nicholas Lang, directeur du département Moyen-Orient
au ministère suisse des affaires étrangères.
(3) C'est fait! Damas a démenti de son côté tout contact, et déclaré
que les informations publiées étaient totalement fausses. Trad. : Gérard
pour La Paix Maintenant
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